Vous êtes vous déjà fait Sony les cloches?
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Vous êtes vous déjà fait Sony les cloches?
Voici le message que j'ai reçu par email hier soir après avoir posté ma dernière vidéo sur Face de Bouc: "Sony Music Entertainment - SME a porté réclamation concernant votre vidéo car il se peut qu’elle comprenne de la musique, du contenu audio, ou du contenu vidéo lui appartenant"
Quel message désagréable à recevoir un weekend de Pâques, après m'être amusé à mettre en musique ce moment capturé en images d'une soirée avec ma douce moitié au restaurant, moment que j'ai voulu partager avec mes quelques amis sur Facebook.
Mais ce disant, merci Facebook de me l'avoir envoyé, car, dans le fond, pourquoi ne pas creuser la question et, le cas échéant, pondre un petit article caustique pour explorer les interrogations qu'un tel message suscite. Car en effet, qu'est devenu l'industrie musicale, pour en arriver à venir troubler la quiétude du quidam qui, pensant bien faire en partageant un petit moment de bonheur, musique et images à l'appui, se retrouve contrarié par une injonction déplaisante venant le titiller désagréablement aux encoignures?
Je me rappelle de mon premier Walkman, un Sony, une marque à priori à connotation sympathique, puisque que je l'associais à cette époque bénie de la découverte de l'écoute indépendante des idoles de mon adolescence. Un nom familier puisqu'il figurait sur bon nombre des quelques milliers de CDs que j'ai dû acheter et que j'ai écouté pendant des années, durant toute cette ère transitoire entre le vinyl et le streaming. Une belle petite fortune que j'ai dépensée pour mon plaisir et qui, au passage, contribua à enrichir ladite marque. Aujourd'hui, cette sympathique collection ne vaut plus un clopet et n'enrichit sans doute plus personne, même pas notre femme de ménage qui ne la dépoussière guère plus d'une fois par an.
Quand je paie par prélèvement mensuel mon abonnement familial sur Spotify, je ne sais même plus qui est derrière la musique que j'écoute. Je reconnais à peine les artistes, devenus souvent de la musique de fond fabriquée par ordinateur et sais encore moins qui les produit.
Alors qui est Sony aujourd'hui ? Un vestige du passé que j'ai soutenu à coup de dizaine de milliers d'Euros d'achat de CDs (eh oui, un CD, ça coûtait CHF 30 à l'époque) qui ne valent que dalle désormais, un fantôme que je continue sans doute à financer par le biais de mon abonnement Spotify? Mais qui trouve que ce n'est pas assez et qui vient donc essayer de me racketter pour avoir eu le malheur d'exhumer une chanson illustrement inconnue de son catalogue pour accompagner quelques images de ma vie privée que je souhaitais partager avec quelques dizaines d'amis?
Ou alors est-ce un nouvel acteur de cette ère de censure qui souhaite s'immiscer dans ma vie privée pour me dire ce que j'ai le droit de faire un samedi soir, quelle musique j'ai le droit d'écouter et de partager avec mes amis? Qui bientôt viendra interrompre un dîner que je donnerais chez moi, avec un message sur mes hauts parleurs me demandant qui sont mes invités pour s'assurer que la bande son que je diffuse en musique de fond ne fait pas l'objet de droits d'auteurs interdits d'utilisation publique?
A moins que Sony ne soit devenu une de ces multiples sangsues qui collectent des informations sur mon mode de vie, mes habitudes, afin de pouvoir remplir les bases de données du monde du Big Data, les monétiser, les exploiter à des fins de contrôle ou de surveillance.
Et le tout en me pompant mon temps, mon énergie et ma bonne humeur, puisque le message reçu hier soir me somme de fournir des explications dans les 7 jours, en laissant planer la menace de je ne sais quelle "mesure".
Et donc la question se pose de savoir où va notre monde quand les multinationales du divertissement, censées agrémenter nos existences, viennent nous chercher des poux pour avoir voulu injecter quelques "grammes de finesse dans ce monde de brutes". Attention, je cherche les ennuis, je vais encore me ramasser un procès par Lindt pour avoir paraphrasé sa fameuse pub....
Enfin, ce triste constat n'empêche manifestement pas Sony et Face de Bouc d'investir le peu de revenus qui leur reste (les pauvres, on les plaint vraiment d'en être arrivés là) dans des algorithmes pour détecter séance tenante les perpétrateurs de viles infractions aux droits d'auteurs comme votre serviteur, histoire de voir s'il n'y aurait pas matière à leur soutirer quelques sous. Ou du moins les empêcher de se divertir en paix, au cas où leur enquête les amènerait à conclure que je ne filmais pas mes aventures culinaires dans une optique bassement mercantile.
Et si ces cloportes parasitaires qui nous infestent dans tous les registres de nos vies privées parvenaient, dans un sursaut improbable d'humanité, à investir un peu d'argent dans une formulation plus sympathique de leur message à l'intention des malheureuses variables d'ajustement que nous sommes devenus à leurs yeux? Tiens voilà une idée de business, pour m'abaisser à leur niveau : vous ne voudriez pas m'engager comme consultant pour vous aider à mieux communiquer, afin que nous ne vous détestions pas autant pour ce que vous semblez être devenus?
Bernard Ducosson 7 months ago
Comme quoi les droits d'odeurs, ça peut se ressentir mauvais !