Chapitre 26 : Une arrivée surprise
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Chapitre 26 : Une arrivée surprise
Il était exactement 8 h 30, et je me tenais devant le miroir, perdue dans mes pensées, à la fois vagabondes et éparpillées, oscillant entre des souvenirs lointains et des réflexions plus anodines.
Brandon, dans la salle de bain, laissait l’eau de la douche couler sur lui, ignorant encore que mes parents, toujours dans l’ignorance de sa présence, étaient sortis faire les courses au supermarché du coin. Valentin, quant à lui, s’enfermait dans sa chambre, plongé dans ses jeux vidéo comme à son habitude.
Mes pensées revenaient sans cesse à la nuit dernière. Une nuit étrange, marquée par des sensations si contrastées qu’elles en devenaient difficiles à cerner. La peur avait d’abord jailli, brutale, me submergeant, avant que la douleur ne s’immisce, sourde et lancinante. Puis, l’excitation avait pris le dessus, celle de retrouver l’intimité de l’homme que j’aimais, avec l’espoir de renouveler ce lien si particulier. Pourtant, quelque chose en moi résistait. Non, je ne regrettais pas cette nuit, mais je ne pouvais nier cette étrange impression qui m’avait envahie durant l’acte. Mon corps m’avait semblé étranger, comme détaché de mon esprit, et cette sensation, profondément perturbante, m’avait laissée un goût amer.
Pourquoi éprouvais-je cela ? Pourquoi cette distance soudaine avec mon propre corps, comme si, d’une manière incompréhensible, il n’était pas prêt, alors que mon esprit l’était ? C’était une sensation nouvelle, inconnue, presque déroutante, et je n'aimais pas cette dissonance entre ce que je ressentais et ce que j'avais vécu.
Le bruit du jet d’eau qui s’arrêtait me ramena à la réalité. Brandon avait terminé sa douche, et je savais qu’il ne tarderait pas à revenir. Je commençais à me préparer, suivant mon rituel quotidien, appliquant ma crème hydratante et me maquillant légèrement, cherchant sans doute à retrouver une certaine maîtrise sur mon apparence, là où mon esprit semblait encore vaciller.
La porte s’ouvrit doucement, et Brandon apparut, simplement vêtu d’une serviette nouée autour de ses hanches. Ses cheveux, encore mouillés, retombaient en mèches désordonnées sur son front, lui donnant une allure désinvolte et séduisante. Un sourire passa brièvement sur mes lèvres.
— Où sont tes affaires ? Lui demandai-je, rompant le silence.
— Dans ma voiture, garée un peu plus bas, répondit-il avec cette tranquillité habituelle.
— Comment tu vas faire pour t’habiller, alors ?
— Je remettrai mes vêtements d’hier, ils ne sont pas vraiment sales.
Je levai les yeux au ciel en secouant la tête.
— Si tu veux, je peux te prêter quelques habits de mon frère. Vous faites à peu près la même taille.
— Non, ça ira. Ne t’inquiète pas, je descendrai chercher ma valise tout à l’heure.
— Comme tu veux.
Je repris mon maquillage tandis que Brandon s’habillait en silence. Mais cette tranquillité fut soudain rompue par une voix venant de l’autre côté de la porte.
— Vic ! Grouille-toi ! Pourquoi tu prends autant de temps aujourd’hui, c’est abusé !
— J’ai bien le droit de me faire belle, non ? Répondis-je en soupirant.
— Tu ne vois personne aujourd’hui, alors à quoi ça sert ?!
— Laisse tomber, Val. Je te rejoins en bas.
Valentin marmonna un "Mouais…" à moitié convaincu, puis ajouta brusquement :
— Au fait, je me demande comment tu as fait pour monter les escaliers hier soir, parce que tes béquilles, je les ai retrouvées devant la porte.
Et merde. Je les avais complètement oubliées. Je lançai un regard furtif vers Brandon.
— Je les ai simplement oubliées, hier soir, répliquai-je d’un ton léger.
— Et tu les as montés comment, alors ?
— J’ai… Trouvé une technique, tout simplement. J’ai pris appui sur une jambe, puis sur l’autre, tout en me tenant à la rambarde. Ce n’est pas sorcier, Val.
— Mouais, bizarre quand même…
— La rééducation, ça se connaît, non ?
— Si tu le dis. Je t’attends en bas.
J’entendis les pas précipités de Valentin dévaler les escaliers, et je soupirai de soulagement. Je l’avais échappé belle avec ces questions.
Brandon, qui avait suivi l’échange en silence, leva un sourcil.
— Pourquoi tu ne lui as pas dit la vérité ?
Je haussai les épaules.
— J’avais envie de leur faire une surprise.
— Une surprise ? Je ne suis pas sûr que ma présence est réellement une bonne surprise, dit-il en souriant.
— Comment ça ? Ils t’adorent. Tu le sais bien.
— Peut-être, mais ton père… Lui, c’est une autre histoire.
Je le regardai, amusée.
— Il est juste protecteur, c’est tout.
— Ouais, mais il me fixe toujours comme s’il attendait que je commette la moindre erreur pour me tomber dessus. Je te jure, je ne suis pas tranquille quand il est là.
— Ne me dis pas que tu as peur de lui ? Le taquinai-je.
— Ce n’est pas ça ! Je suis juste… Sur mes gardes, c’est tout.
— Tu te fais du souci pour rien. Mon père t’aime bien, crois-moi.
Brandon haussa les épaules, manifestement peu convaincu, mais préféra ne pas insister. D’un geste tendre, il m’attira à lui et m’embrassa doucement dans le cou.
— Et si on restait ici toute la journée ? On pourrait se reposer, lire, se masser, s’aimer, et recommencer encore et encore… Ça ne te tente pas ?
Je ris doucement.
— C’est tentant, mais mes parents ne l’entendraient pas de cette oreille.
— Dommage, fit-il avec une moue boudeuse.
Il se détourna, mais je le vis sourire, visiblement amusé. Après tout, c’était ce que j’aimais chez lui. Malgré ses craintes et ses doutes, il avait ce don de détendre l’atmosphère, de rendre les situations légères, même lorsque la tension menaçait de s’installer.
Soudain, il se figea.
— Attends, j’ai cru entendre du bruit en bas… Tes parents ne sont toujours pas rentrés, si ?
Je tendis l’oreille à mon tour et perçus des voix venant de la cuisine. Étonnée, je me tournai vers Brandon.
— Ils sont déjà de retour ? Mais ils ne rentrent jamais avant midi normalement…
— Peut-être qu’ils en avaient assez de faire les courses aujourd’hui.
Je secouai la tête, perplexe. Depuis mon enfance, ils avaient toujours pris leur temps au marché, une routine bien ancrée, immuable. C’était étrange, et cela m’inquiétait un peu.
Brandon me portait depuis déjà un bon moment. Nous descendions les escaliers après qu’il ait franchi la porte de ma chambre. Les voix de mes parents résonnaient jusque dans la salle à manger, témoignant de leur habituelle discussion animée. À travers le couloir, j'aperçus mes béquilles, négligemment posées contre le mur, près de la porte d’entrée.
— Brandon, tu peux me déposer là-bas, s’il te plaît, dis-je en désignant les béquilles du doigt.
Sans dire un mot, il me porta jusqu’à l’endroit indiqué et me déposa délicatement. Je récupérai mes béquilles et m’apprêtais à me diriger vers la cuisine quand une voix familière interrompit notre avancée.
— Qu’est-ce que tu fais là, Brandon ? Demanda Valentin, mon frère aîné, avec un air mi-intrigué, mi-moqueur.
Brandon lui répondit avec son sourire en coin habituel :
— Hey, salut ! Je suis venu voir ta sœur, comme tu peux le constater.
— Ah, je comprends mieux pourquoi ses béquilles étaient abandonnées près de la porte d’entrée. Petite cachotière, répliqua-t-il en me regardant malicieusement.
Je levai les yeux au ciel en haussant les épaules :
— Je ne sais pas de quoi tu parles, Valentin. Je les ai vraiment oubliées là.
— Ouais, ouais... Mais j’imagine que c’est Brandon qui t’a portée jusque dans ta chambre, pas vrai ? Continua-t-il, d'un ton faussement accusateur.
— Et alors ? Qu’est-ce que ça change, même si c’est vrai ? Rétorquai-je avec un petit sourire provocateur.
— Rien du tout. Je constate juste, c’est tout, dit-il en s’éloignant vers la cuisine, l’air de rien.
— Il est vraiment bizarre, ton frère. Dit Brandon en me regardant, tout en secouant légèrement la tête.
— J’allais dire "comme d’habitude", répondis-je en riant.
Cette remarque provoqua chez moi un éclat de rire spontané. Valentin avait toujours été un peu étrange, mais c’était devenu un trait de famille que je trouvais presque attendrissant. Ensemble, Brandon et moi suivîmes mon frère dans la cuisine.
À peine avions-nous franchi le seuil que le brouhaha familier de la conversation de mes parents s’interrompit. Leur attention se détourna de leur discussion pour se poser sur nous, tandis que Valentin, nonchalamment assis à la table, sirotait son Coca-Cola.
— Brandon ? Mais quelle surprise de te voir ici ! S’exclama ma mère, visiblement ravie.
— Merci, Rose ! Le plaisir est partagé. Ça fait toujours du bien de vous voir.
Je levai les sourcils en entendant sa réponse. Ce n’était pas exactement ce qu’il m’avait confié en privé quelques minutes plus tôt, mais ses paroles, si polies, me firent tout de même sourire. Ah, vous devez vous demander pourquoi Brandon appelle mes parents par leurs prénoms. Eh bien, c’est simple : mes parents trouvent qu’être appelés "Monsieur" et "Madame" les vieillit, alors ils ont insisté pour qu’il les appelle par leurs prénoms. Allez comprendre leur logique...
— Et je suis également ravi de vous voir, Aiden, poursuivit Brandon en se tournant vers mon père.
— Moi de même… Moi de même, marmonna vaguement mon père, concentré sur quelque chose que lui seul pouvait juger important.
— Tu vois ? Je te l’avais dit, il ne peut pas me supporter, me lança Brandon d’un regard amusé.
— Mais non, tu verras, ça va bien se passer. Dis-je d’un sourire rassurant
— Alors, vous êtes arrivés quand ? On n’a pas entendu la sonnette. Dit ma mère.
— Je suis arrivé hier soir. J’ai croisé votre fille dehors, et j’ai voulu lui faire une petite surprise, répondit Brandon.
— Oh, que c’est romantique ! S’exclama ma mère, les yeux brillants. Hier soir, en plus, c’était la pleine lune. Vous avez dû passer un joli moment dehors.
— Oui, effectivement, c’était une belle soirée, fit Brandon, un peu déconcerté par l’enthousiasme de ma mère.
— Mais au fait, pourquoi êtes-vous revenus si tôt des courses ? Vous n’êtes jamais aussi rapides, c’est étrange, demandai-je à mes parents, pour changer de sujet.
— Ouais, j’allais poser la même question. C’est bien la première fois que je vous vois rentrer aussi vite. Qu’est-ce qui se passe ? Une raison particulière ? Dit Valentin, toujours prompt à faire remarquer l’étrangeté des choses.
— Effectivement, nous avons reçu un coup de fil ce matin. Un membre de la famille va venir nous rendre visite cet après-midi. Dit mon père.
Mon frère et moi échangeâmes un regard perplexe. Cela faisait des années que nous n’avions pas vu notre famille à cause d’une vieille querelle, survenue alors que nous étions encore enfants. Qui pouvait bien arriver, et surtout, qu’est-ce qui rendait nos parents si joyeux à cette idée ?
— Mais c’est qui ? Demandai-je, histoire d’en savoir un peu plus sur le sujet.
— C’est une surprise, vous verrez bien. Dit mon père qui se contenta de sourire plus largement encore.
— Et toi, maman, tu sais de qui il s’agit ? Demandai-je avec espoir.
— Ne cherchez pas à me tirer les vers du nez, je ne dirai rien. Vous le découvrirez en temps voulu. Dit ma mère d’un ton malicieux tout en échangeant un regard complice avec mon père. Et pas la peine d’essayer de nous faire chanter, je vous connais trop bien pour ça ! Ajouta-t-elle en souriant.
Je soupirai, amusée par cette conversation sans issue. Brandon, à côté de moi, éclata de rire
— Qu’est-ce qui te fait rire ? Demandai-je, faussement vexée.
— Oh, c’est juste ta tête ! Tu devrais te voir, c’est hilarant !
— Arrête de te moquer de moi, sinon… Dis-je en le fusillant du regard, mais je ne pus m’empêcher de sourire.
— Victoire, surveille ton langage, intervint ma mère, toujours attentive à nos paroles.
— Désolée, maman.
Nous éclatâmes de rire une nouvelle fois, et malgré mon irritation feinte, je me sentais bien. C’était comme si, l’espace d’un instant, tout était redevenu simple et insouciant, comme lorsque j’étais enfant. Je chérissais ces moments où la vie me semblait paisible et dénuée de complications.
Le reste de la matinée passa dans la bonne humeur. Nous jouâmes à un jeu de société que ma mère avait récemment acheté. Puis, l’heure du déjeuner arriva. Ma mère avait préparé une tarte au fromage accompagnée d’une salade composée, le tout servi avec des jus de fruits fraîchement pressés.
Nous nous régalions dans notre petit jardin, à l’abri d’un soleil de plomb. L’air était chaud, presque étouffant, mais l’ombre des arbres et la brise légère rendaient ce moment agréable. Nous savourions ces instants, à bronzer sur les transats, à siroter des cocktails maisons, à nous badigeonner de crème solaire. C’était un véritable moment de bonheur, un aperçu de la belle vie.
Le temps passa si vite que je ne réalisai même pas qu'il était déjà 14 h 36 lorsque la sonnette retentit. Mon père se leva, tout sourire, annonçant que la fameuse surprise était enfin arrivée.
— Déjà ? Le temps passe trop vite. Dis-je, tout en jetant un coup d’œil à ma montre.
— Ça doit être la surprise ! Dit mon père avec enthousiasme, avant de disparaître dans le couloir pour ouvrir la porte.
Des éclats de voix, des rires, et même des pleurs montèrent bientôt de l’entrée. Je ne reconnaissais pas ces voix, mais il était évident qu’elles appartenaient à des personnes d’un certain âge.
— Je suis si heureuse de vous revoir. Cela fait tellement longtemps ! Dit ma mère tout en se levant à son tour pour les rejoindre, les larmes aux yeux,
— Douze ans, exactement, répondit une vieille dame d’une voix tremblante d’émotion.
— Victoire ! Valentin ! Venez dire bonjour ! Lança mon père depuis l’entrée.
Valentin et moi, nous regardâmes, encore un peu perplexe, puis nous nous levâmes de nos transats pour rejoindre nos parents. J’attrapai la main de Brandon, et ensemble, nous entrâmes dans la maison.
Lorsque je pénétrai dans le salon, je fus soudain envahie par une vague de souvenirs. Malgré les années qui avaient passé, je les reconnus instantanément.
— Grand-mère ! Grand-père ! M’écriai-je en courant dans leurs bras.
Cela faisait tellement longtemps que je ne les avais pas vus. Je sentais les larmes monter, mais c’étaient des larmes de bonheur. Ils m’avaient tant manqué. Mes grands-parents paternels, autrefois si présents dans ma vie, étaient revenus après de longues années d’absence.
— Ma puce ! Comme tu as grandi ! S'exclama ma grand-mère en m’enlaçant avec une affection débordante. Son visage était illuminé par un sourire sincère, mais ses yeux laissaient transparaître une émotion bien plus profonde, une tendresse que seule l'absence pouvait renforcer. Mais dis-moi, quel âge as-tu maintenant ? Je ne m’y retrouve plus ! Dit ma grand-mère en me scrutant de la tête aux pieds avec cette intensité qui, depuis toujours, me faisait me sentir aimée et choyée.
— Vingt-deux… Bientôt vingt-trois, grand-mère.
— Mon Dieu ! Le temps file à une allure !
Elle porta une main tremblante à sa bouche, visiblement surprise, comme si elle ne réalisait qu’à cet instant les années qui s’étaient écoulées.
À côté d’elle, mon grand-père, qui était resté silencieux jusqu’ici, se pencha légèrement en avant, son regard rempli de douceur et d’émotion. Il étira un sourire presque imperceptible, mais ses yeux parlaient pour lui.
— Laisse-moi te voir de plus près, ma chérie… Murmura-t-il, sa voix un peu rauque, mais empreinte de cette chaleur familière que j’avais tant regrettée.
Il me regarda longuement, comme pour imprimer chaque détail de mon visage dans sa mémoire, comme s’il cherchait à retrouver, à travers la jeune femme que j’étais devenue, l’enfant qu’il avait tant aimé. Mon grand-père et moi avions toujours eu un lien particulier, une complicité unique, qui avait été brutalement interrompue par ce drame que notre famille avait traversé il y a plusieurs années. Depuis ce jour tragique, je ne l’avais plus revu. Aujourd’hui, pourtant, il était là, face à moi, et malgré le temps et la distance, cette affection profonde et indéfectible semblait intacte.
De l’autre côté de la pièce, je vis mon frère Valentin, resté à l’écart près de l’embrasure de la porte. Il semblait hésiter, incertain de la manière dont il devait aborder ces retrouvailles. Nos grands-parents avaient toujours été présents dans ma vie, mais Valentin, lui, n’avait jamais partagé cette relation aussi proche avec eux.
— Val ! Viens dire bonjour à grand-mère et grand-père ! L’interpellai-je avec douceur, l’encourageant à rejoindre le reste de la famille.
Lentement, presque timidement, mon frère s’avança vers nos grands-parents. Ses gestes étaient un peu maladroits, comme s’il ne savait pas exactement comment se comporter dans cette situation. Lorsqu'il les atteignit enfin, il les prit dans ses bras, hésitant, mais sincère dans son étreinte. Valentin n’avait que dix ans la dernière fois qu'il les avait vus. Si pour moi, chaque souvenir de nos vacances chez eux restait gravé dans ma mémoire, lui n’en conservait que des images floues, presque effacées par le temps. Il n’avait jamais eu l'occasion, ni peut-être même l'envie, de passer du temps avec eux pendant les étés. Pourquoi ? Cela demeurait un mystère que je n’avais jamais réussi à percer. Peut-être une crainte instinctive, ou quelque chose d'autre, enfoui plus profondément.
Le voir ainsi, les bras enroulés autour de nos grands-parents, éveilla une émotion intense chez nos parents. Leurs yeux brillaient d’une lueur nostalgique et émue. Ils semblaient eux-mêmes revivre un moment qu'ils avaient longtemps espéré sans oser y croire. Une réunion de famille comme ils n’en avaient plus connu depuis longtemps.
Brisant le silence avec une pointe de nervosité, je pris une grande inspiration avant de dire :
— Grand-mère, grand-père… Je voudrais vous présenter quelqu’un. Voici Brandon, mon petit ami.
Brandon, jusqu’ici en retrait par respect, s’avança doucement vers nous. Son visage trahissait un léger malaise, mais il arborait son sourire habituel, ce sourire qui me rassurait toujours.
— Enchanté de faire votre connaissance, madame, monsieur, dit-il d’une voix calme, mais polie.
— Oh, nous sommes ravis de te rencontrer, Brandon ! Répondit ma grand-mère avec un éclat de joie dans la voix, avant de jeter un coup d'œil complice à mon grand-père.
— Écoute-moi bien, jeune homme. Si jamais tu fais du mal à ma petite-fille, tu auras affaire à moi. Dit mon grand-père, après avoir observé Brandon un moment.
Brandon, surpris par ce ton qu’il ne savait pas s'il devait prendre au sérieux, resta figé un instant.
— Euh… Bien sûr, monsieur. Je ne vous décevrai pas, je vous le promets ! Bégaya-t-il, visiblement mal à l’aise.
— Arrête, grand-père ! Tu vas finir par lui faire peur ! Ne t’inquiète pas, Brandon, il plaisante, c’est son sens de l’humour. Ne pus-je m’empêcher d’intervenir, amusée par la situation.
À ces mots, un immense éclat de rire éclata soudain chez mon grand-père. Un rire si fort et si contagieux que personne ne pouvait y résister. Toute l’assemblée finit par éclater de rire avec lui, même Brandon, bien qu’un peu perdu, se laissa emporter par l’ambiance joviale.
— Ah ! Il n’est pas filou, ton bonhomme ! S'exclama mon grand-père, une lueur amusée dans les yeux.
— Il ne te connaît pas encore, c’est tout, répondis-je en souriant à Brandon, mes yeux pétillants de malice. Je posai une main rassurante sur son épaule, cherchant à dissiper sa gêne.
Brandon, lui, ne comprenait toujours pas vraiment ce qui se passait autour de lui. Ses joues avaient pris une teinte rosée, ce qui n’échappa à personne et accentua encore plus notre fou rire.
Le moment, bien que simple, débordait de chaleur et d'affection. Je sentis au fond de moi que cette semaine passée en famille, entourée de ceux que j’aime, promettait d’être pleine de joie et de rires.