Les sociétés liquides seraient-elles en voie de liquidation ?
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Les sociétés liquides seraient-elles en voie de liquidation ?
Le concept de société liquide fut introduit dans les années 1990 par le sociologue Zygmunt Bauman. Parmi ses nombreuse publications, retenons ici « Modernité liquide . » Comme tout concept théorique il fut précédé par des réalités socio économiques et géopolitiques une vingtaine d’années avant. J’estime que jusqu’à la pandémie de la COVID , l’économie des pays développés fonctionnait en mode liquide. La gestion des flux s’avérait moins chère que la gestion des stocks et la production était externalisées dans les zones à bas couts de main d’oeuvre. La tendance était à la flexibilité cognitive et comportementale ainsi qu’aux organisations agiles. Internet et les réseaux sociaux contribuent de manière significative à la société liquide en facilitant la fluidité des informations et des interactions sociales.
Déjà, avant la pandémie, ce mode de fonctionnement produisait des effets indésirables pour nombre de citoyens. Le concept de carrière laissait la place à trajectoire professionnelle. Chaque collaborateur étant invité à être l’entrepreneur de lui même. Pour de nombreux salariés, peu diplômés et peu qualifiés, le mode liquide était rude. C’est dans cette période aussi que se développa l’auto entreprenariat, plus liquide contractuellement que le salariat.
Et « patatras » la pandémie, les conflits géopolitiques dont la guerre en Ukraine, la montée du souverainisme et les défis environnementaux confrontent les modes de gouvernance et d’organisations liquides.
Par exemple, l’approvisionnement en produits stratégiques n’est plus assurée : médicaments, composants électroniques, aliments, métaux et terres rares, armes et munitions. Les flux commerciaux sont de plus en plus contestés comme en atteste les mouvements sociaux des agriculteurs en Europe. Les transports de marchandises sont considérés par nombre de citoyens dangereux pour la biosphère, il veulent acheter du local pas trop cher. Des partis politiques préconisent la fin d’accords internationaux, un retour aux états nations et un arrêt total des flux migratoires. Des populations apeurées par les nouvelles moeurs engendrées par la société liquide implorent un retour « au bon vieux temps » en matière d’éducation, de civilité et d’ordre. De nombreux employeurs se plaignent de la volatilité de leurs collaborateurs induite justement par les appels à la flexibilité et l’agilité.
Le titre de mon article n’est pas un effet réthorique, c’est une vraie question que je pose en ne sachant pas si nous allons continuer dans la voie de la liquidité ou re-solidifier nos sociétés. Je suis friand de vos avis sur cette question.
Jackie H 9 months ago
Je n'ai pas la réponse et je ne détiens pas la vérité, mais je constate que si les élites ne font que se réjouir, par exemple, de la mondialisation, les populations de gens ordinaires par contre ont très nettement l'impression d'en être les grandes *perdantes*, et ce sont elles qui implorent le retour d'un ordre ancien où il leur semble qu'elles trouvaient plus facilement leur place... La *véritable* mondialisation se fera *avec* les populations comme *parties prenantes* ou ne se fera pas, mais elles n'ont pas l'intention de la laisser se faire sur leur dos...
Jean Louis Muller 8 months ago
Merci pour votre commentaire. je pensais que le Covid et la crise énergétique freineraient la forte tendance à privilégier les flux sur les stocks. Ce n’est pas le cas.
En réaction, la tendance au souverainisme s’accroît aussi. J’ai l’impression que les prochaines élections européennes et nationales vont être marquées par ce clivage liquide solide.
Jackie H 8 months ago
Je pense qu'ici il s'agit moins de penser en termes de *stocks* qu'en termes de production *locale* - non pas de "flux vs stocks" mais plutôt de "flux *courts* vs flux *longs*". Il est moins question d'augmenter les quantités de stocks stratégiques que de *relocaliser* la production. La culture du chanvre en France (et toute sa chaîne de valeur) en est un bon exemple. C'est la *délocalisation* de la *production* qui a été remise en question par le covid (celle des masques notamment).