Free Africa 1983
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Free Africa 1983
Traîner la cour de récré
Hugh Mundell est un jeune prodige, protégé d'Augustus Pablo, dont la vie comme la carrière sont passées en un éclair : huit ans entre ses premiers enregistrements à treize ans et sa mort à vingt et un ans, en 1983. Il était très proche de Lacksley Castell, qui a connu un parcours similaire (déjà croisé ici).
La grande sœur d'Hugh Mundell, Joanna, allait à l'école avec Wayne Wade et Winston McAnuff, qu'on peut maintenant entendre accompagné de Fixie, l'accordéoniste de Java. Par ailleurs, on doit à McAnuff la chanson Ugly Days, une de mes toutes toutes préférées (j'en reparle bientôt). Les trois garçons sont vite devenus amis par l'intermédiaire de Joanna, et ils se sont stimulés les uns les autres pour écrire des chansons. Le premier à enregistrer fut Wayne Wade, avec le producteur Yabby You. Puis Winston McAnuff a présenté sa chanson Malcom X à Joe Gibbs, mais comme celui-ci n'aimait pas sa voix (…?), il l'a faite enregistrer à Earl Sixteen et Dennis Brown, deux de ses artistes maison.
Traîner les studios
C'est en traînant le studio de Joe Gibbs que Hugh Mundell va faire la rencontre décisive du producteur Augustus Pablo. Avant lui, les musiciens et les producteurs étaient plutôt gênés par ce gamin de douze ans toujours à rôder dans leurs pattes au lieu d'être à l'école. Pablo va le laisser auditionner et il sera d'emblée impressionné tant par la voix que par la prestance et les textes. Dès la semaine suivante, Hugh Mundell enregistre My Mind (un bijou, ici), Let's All Unite (pareil, ici) et le fameux Africa Must Be Free (encore pareil, ici). L'album Africa Must Be Free (by 1983) sort en 1977, il contient des chansons enregistrées entre 1975 et 1977. Mundell n'a que quinze ans. Sur la pochette, on voit ce gamin accroupi au centre d'un dessin de la silhouette de l'Afrique, les cheveux en bataille, l'air malicieux, et on a tout de suite envie de l'aimer, avant même de l'avoir entendu chanter.
Quand on interrogeait Pablo à propos de l'extrême jeunesse du prodigieux Hugh Mundell, il répondait négligemment que le talent était là par la volonté de Jah, et que de ce fait, l'âge importait peu.
À la même époque, Hugh Mundell enregistre plusieurs chansons que l'on retrouve compilées par le label Mackasound, spécialisé dans l'édition ou la réédition de chansons oubliées, sous le titre The Blessed Youth. Tu m’étonnes : le titre est on ne peut mieux choisi quand on connaît la fin tragique de l'histoire.
Sort ensuite l'album Arise, empreint lui aussi de rastafarisme :
« Nature provides everything for me »
Arise and shine
And I give Jah the glory ».
En 1982, il enregistre Mundell avec Henry « Junjo » Lawes. Consécration. Le titre le plus connu est sans doute Jacqueline. (ici)
Peu avant sa mort, il produit son premier artiste, Junior Reid, qui a enregistré plusieurs albums solo par la suite avant de rejoindre le supergroupe de reggae Black Uhuru.
Traîner les mauvais quartiers
La fin de l'histoire est sordide : Hugh Mundell se prend une balle en pleine tête alors qu'il est au volant de sa voiture, en compagnie de son poulain Junior Reid. Il paraît qu'il était venu demander des comptes à celui qu'il accusait de lui avoir volé un frigo. Sans commentaire.
On retiendra surtout l'image d'un adolescent génial, doté d'une voix enfantine, parfois presque féminine, sa collaboration avec les plus grands, et la fugacité de son parcours. Dernier détail : il est mort en 1983. L'année même où, selon les paroles de sa chanson, l'Afrique devait être libre.