Hommage à Bob Andy
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Hommage à Bob Andy
Le chanteur de reggae Bob Andy, qui a fait partie du groupe the Paragons et du duo Bob and Marcia, est décédé hier. Pour lui rendre hommage, j'ai déterré deux textes que je ne lui avait pas directement consacrés, mais où il apparaît...
John Holt commence à chanter au sein des Paragons, avec Bob Andy (le même que dans Bob Et Marcia, qu'on a déjà eu l'occasion de croiser au fil de ces quelques articles), un trio vocal dont les tiroirs de l'histoire du reggae débordent : Chantells, Gaylads, Maytals, Wailers. Leur tube le plus célèbre : The Tide Is Hide, repris notamment par Blondie dans les années 80 à New-York, sur la scène du fameux CBGB, qui a vu passer les Ramones ou Television. Les Paragons forment un groupe archi-classique, né en pleine période rocksteady et explorant le reggae roots encore tout neuf.
John Holt entame ensuite une carrière solo. Là encore, on reste dans rien que de très classique. À noter toutefois ses trois best of aux titres foudroyants : 1000 Volts Of Holt, 2000 Volts Of Holt et 5000 Volts Of Holt.
Et puis se produit une transfiguration totale. Jusque là, Holt avait tout du garçon présentable : cheveux courts, petits costumes, chansons douces. En 1983, il sort l'album Police In Helicopter chez Greensleeves, avec Henry « Junjo » Lawes à la production.
La chanson qui donne son titre à l'album est juste une énorme tuerie. Elle parle de la chasse à l'herbe organisée par la police en Jamaïque, notamment par le survol systématique en hélicoptère des zones probables de culture dans le but de tout brûler. Il faut dire que le business noir de la ganja, ou collie weed, représente une part honteusement conséquente du PIB jamaïcain, dont les autorités se passeraient volontiers, surtout parce que la totalité des richesses créées leur échappe complètement.
Les propos que tient Holt sont sans concessions, en gros : « On vient pas vous emmerdez quand vous cultivez des bananes, du maïs ou du piment, alors laissez-nous planter nous choux ». Ou encore : « Si vous continuez à brûler nos récoltes on va foutre le feu à tout le pays ». C'est sans équivoque : Rasta se rebiffe contre Babylone.
Sur la pochette de l'album, une mise en scène ahurissante : John Holt au premier plan, barbu, couvert de bijoux (bagouses, bracelet, colliers), portant sur son épaule un gros sac qu'on imagine rempli de beuh, en cavale, poursuivi par un hélicoptère de la police. Au dos, le même John Holt avec la quincaillerie de Mister T, portant le même costume rayé noir et blanc, les mêmes dreads, la même barbe, pointant l'objectif de l'index tout en tirant sur un gros spliff, un air de défi dans le regard et la posture.
Le temps poli et sucré des Paragons est loin derrière. Quant au titre de cette chronique, il a été inspiré par la deuxième chanson de l'album, beaucoup moins engagée, celle-ci : Private Doctor. « Viens me voir pour une consultation privée, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit... » Doc Gynéco n'est pas bien loin. Suit une chanson encore plus légère, c'est le cas de le dire : Beach Party.
« One million girls in bikini on the beach ». Soit un million de filles en bikini sur la plage...
Bref, le lover s'est quelques peu encanaillé au fil des années, et ça lui a plutôt bien réussi. Police In Helicopter est un album génial.
Luce 2 years ago
J'adore ! Je découvre plein de truc ! Mais heu... la comparaison avec Doc Gynéco ? T'es sur ;-)