Le tournoi meurtrier 4/5
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Le tournoi meurtrier 4/5
Chapitre 4
Arrivés devant le pont-levis, Jacques donna quelques ordres au personnel et Amaury fut conduit dans la salle d’eau afin de nettoyer sa blessure. Une servante frotta le sang qui avait taché sa manche, lava la plaie avec une infusion de thym refroidie et lui confectionna un bandage serré. Elle avait presque terminé quand Blanche apparut dans l’encadrement de la porte. Aussitôt, elle porta la main à sa bouche lorsqu’elle vit Amaury, avec une expression de stupeur mêlée de crainte.
— Mon Dieu, êtes-vous blessé ?
— Ce n’est rien. Un accident stupide. Sans doute un autre chasseur, que sais-je…
— C’est cette flèche-là, questionna Blanche en désignant le trait dépassant de la besace d’Amaury.
Elle la prit dans ses mains et l’examina.
— Cette flèche n’est pas de chez nous. Elle n’a aucune marque. C’est très curieux. Tous les chasseurs marquent leurs flèches afin de ne pas les confondre avec celles d’autres chasseurs.
Blanche ressortit, intriguée, après avoir rendu la flèche à Amaury. Jacques, pendant ce temps, avait donné des instructions aux cuisines afin de préparer le cochon sauvage pour le dîner. Amaury s’était un peu rétabli et était descendu au salon pour s’affaler dans un fauteuil. Jacques revint des cuisines avec un air de colère.
— Mais où est Blanche ? Elle a encore disparu. Bon ! Un cordial, peut-être ?
Environ une demi-heure plus tard, Blanche de Septeuil pénétra dans le grand salon. Elle semblait provenir du dehors car elle frottait ses mains comme pour les réchauffer.
— Bon sang, mais où étais-tu depuis tout ce temps, harcela Jacques. Tu devrais t’occuper des cuisinières et nous servir, mon invité et moi.
— J’étais allé dehors prendre l’air du soir. J’avais un peu de migraine, mentit-elle.
— Pfff ! Je vous demande un peu, Amaury. Les femmes ont toujours des migraines quand on a besoin d’elles. Même les jeunes filles de dix-sept ans.
Amaury préféra ne pas répondre. Il pensait que Blanche se préparait une vie bien malheureuse avec ce tyran.
Le dîner se passa, comme la veille, dans une atmosphère glaciale. Comme Amaury avait quelques difficultés avec son bras gauche, Blanche avait tenté de l’aider sous le regard courroucé de son futur époux, jusqu’à ce que celui-ci intervienne violemment, prétextant qu’Amaury était un homme et pouvait tout à fait se débrouiller tout seul.
Après un digestif, Amaury monta dans sa chambre, soutenu par Geneviève, la servante qui lui avait bandé son bras. Celle-ci vérifia que les chairs s’étaient refermées et que le sang n’avait pas coulé, puis lui souhaita une bonne nuit et sortit. Quelques minutes plus tard, quelqu’un gratta à la porte. Amaury invita à entrer. C’était Blanche. Son visage exprimait la terreur. Elle referma la porte derrière elle avec délicatesse puis rejoignit Amaury précipitamment.
— Monsieur, il faut que je vous dise…
— Qu’y a-t-il, Blanche, coupa Amaury (c’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom). Vous semblez si inquiète.
— Je suis allée à la resserre où sont entreposées les armes de chasse. J’ai vérifié toutes les flèches. Presque toutes sont marquées du sceau des Cauzac mais, cachées derrière un fût d’huile, j’en ai trouvé deux non marquées. Elles sont exactement du même bois que celle qui vous a blessé. Je suis certaine qu’il ne s’agit pas d’un accident. Prenez garde, Amaury. Jacques est violent et ne supporte pas qu’un homme me regarde.
— Blanche, moi aussi je dois vous avouer quelque chose, répondit Amaury en se levant douloureusement du lit sur lequel il était assis. Blanche… Comment vous dire… Sachez qu’aux tout premiers instants où je vous ai vue, je… je… quelque chose que je n’ai jamais ressenti auparavant, quelque chose de si soudain, si fort. Blanche, je…
Les pommettes de Blanche de Septeuil avaient rougi. Elle avait baissé les yeux. Elle savait qu’elle éprouvait exactement le même sentiment. Puis, maladroitement, Amaury lui prit la main, la baisa, se rapprocha d’elle, puis s’enhardit.
— Blanche, je vous aime.
Blanche crut s’évanouir. Elle sentait la chaleur de la main d’Amaury et cela lui procurait une douce sensation à la fois de paix, d’amour, de tendresse, mais aussi de crainte. Amaury posa sa main sur l’épaule de Blanche, puis la glissa derrière son cou, s’approcha d’elle et, n’y tenant plus, il posa ses lèvres sur les siennes. C’est alors que la porte s’ouvrit d’un violent coup de pied du Seigneur de Cauzac.
— Demain, Monsieur, sur le champ de foire ! Je vous provoque en tournoi. Je laverai cet affront. Et toi, traînée, file dans tes appartements.