Dernières nouvelles du Cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
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Dernières nouvelles du Cosmos (Julie Bertuccelli, 2016)
Grandeur et misère de l'humanité se côtoient dans ce documentaire brouillon et pâlot dans sa forme mais "filmo-magnétisé" par son sujet, l'énigme que pose aux humains dits normaux (en langage autiste "neurotypiques") Hélène Nicolas/Babouillec.
Hélène Nicolas est une jeune femme autiste de 30 ans qui en paraît 18 (caractéristique que l'on retrouve fréquemment dans cette population). Elle fait terriblement penser à ceux qui sont atteint du "locked-in syndrome". Elle a été longtemps murée dans son corps lourdement handicapé. Son langage oral est à ce jour presque totalement inarticulé, elle bave, sa motricité est très défaillante. Elle a le plus grand mal à se servir de ses mains dont elle semble avoir saisi récemment l'existence. Il en est de même de ses pieds. Elle ne peut se coiffer seule ni tenir un stylo. Mais en dépit de cette enveloppe déficiente et son caractère indéchiffrable, sa mère finit par réussir à se frayer un chemin jusqu'à Babouillec, l'esprit d'Hélène Nicolas. L'interface résidant dans de petites lettres cartonnées et plastifiées qu'Hélène attrape maladroitement avec ses doigts pour les agencer sur une feuille de papier. On découvre alors non seulement qu'elle sait lire et écrire sans jamais l'avoir appris faute d'avoir été acceptée à l'école mais qu'elle a une maîtrise vertigineuse de la langue au service de textes fulgurants. Des mathématiciens, des philosophes, des metteurs en scène de théâtre se pressent à son chevet, fascinés par la richesse et le caractère visionnaire et poétique de ses textes en prise directe avec l'élément cosmique. Car si le corps d'Hélène est limité et pataud, son esprit lui est infiniment plus libre et ouvert que le nôtre, racorni et borné par les normes sociales. De plus seule la partie agissante du corps est handicapée, la sensibilité est plus aiguisée que la normale (tout comme ses capacités intellectuelles) ce qui lui permet d'avoir une connexion exceptionnelle avec l'intériorité des êtres et du monde qui l'entoure. "Je suis télépathe et iconoclaste." "En libre raconteuse d'histoires, le cosmos nourrit mes voyages."
Hélène pose un véritable défi à la société qui avec ses normes et ses bornes stupides ne l'a jamais intégrée, ne s'est jamais occupé d'elle et n'a jamais cherché à la connaître. " Être ou ne pas être, là est la question. Dire merde à ceux qui croient savoir, là est la réponse." Nous avons en effet encore beaucoup de chemin à parcourir avant de progresser dans la voie de l'accouchement de nous-mêmes. Et cela passe par l'écoute et non l'étouffement des différences: " Les minorités sont comme les étoiles dans le ciel, elles font briller le noir." Sans Hélène, le documentaire n'aurait aucun intérêt mais il est dommage que la réalisatrice et les metteurs en scène soient si peu inspirés. On imagine ce qu'Hélène aurait pu en faire si c'est elle qui avait pu tenir la caméra ou mettre en scène ses propres pièces.