Il y en a plus d'une et même plus de deux dans notre gorge. Mais on ne connait vraiment que les deux coucous qui jaillissent sous l'abaisse-langue incursif, déclenchant avant de rentrer au nid, un réflexe nauséeux et parfois plus, rappelant à l'examinateur indélicat que l'estomac de l'enfant est bien proche de la bouche. Ces tissus sont censés être le siège d'anticorps intervenant dans le défense de l'organisme infecté.

Pas indispensables pour autant car ces filtres peuvent devenir des piéges à germes nécessitant que l'on s'en débarrasse.

Étonnant de voir à quel point cet acte est pourtant accompagné d'idées enracinées dans le subconscient qu'on nous ressort années après années. 

   "Faisons l'opération au printemps car en hiver , c'est plus dangereux"

Pourquoi une telle affirmation que le simple bon sens réfute? Si la chaleur peut rendre le geste plus sanglant (mais si peu), le froid, a contrario n'a aucune action néfaste, bien au contraire! Pourtant depuis toujours cette transmission orale a la vie dure. 

Alors? 

Il n'y a pas si longtemps, quand ce geste se pratiquait dans la cuisine sur un enfant peu ou pas endormi, on évitait de l pratiquer en hiver. Pas pour épargner à l'enfant une intervention dans une cuisine mal chauffée mais bien parce que les routes verglacées et les congéres pouvaient rendre le voyage périlleux... pour l'opérateur! Et il lui incombait la lourde tâche de revenir en cas de saignement.

"J'ai des amygdales cryptées qui me font mal"

Le patient reste peu familiarisé avec les termes médicaux très indigestes. Un mot inconnu peut ainsi être confondu avec un mot proche. Et les cryptes amygdaliennes , ces orifices par où sourd du pus malodorant (caséum) qui signe l'infection chronique nécessitera pour un mieux-être un geste chirurgical. Voilà un mot "savant" décrypté.

" On dit que l'opération est plus dangereuse chez le garçon que chez la fille"

Une telle assertion laisse pantois. Un de mes maîtres répondait alors " Chère Madame, à moins d'être très maladroit ou de glisser lors de l'intervention, ce n'est pas plus dangereux pour votre fils que pour votre fille"

L'amygdalectomie dans l'histoire

Elle se pratique depuis l'Antiquité. Ambroise Paré en faisait l'ablation avec un serre-noeud qui est encore utilisé de nos jours. Au XIXe siècle l'amygdalectomie au Sluder détrônera toutes les autres techniques pendant un siècle. Avant d'être considérée comme dangereuse pour certains mais n'est ce pas plutôt la technique qui a été oubliée par nos jeunes médecins ou les propos bien peu élogieux d'un Michel Tournier pour son opérateur qui auraient pu influer dans cette décision?