Chapitre 18 - La mort de l’Empereur
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Chapitre 18 - La mort de l’Empereur
Septembre 1137, l’Empereur du Royaume Germanique Lothaire III est affaibli par une maladie mystérieuse qui le ronge depuis plusieurs années. L’odeur fétide de la mort est de plus en plus prégnante. Homme de foi, il s’en remet à l’Église pour préparer son âme, à défaut de guérir son corps. L’un d’eux a entendu parler de la célèbre Hildegarde de Bingen, de ses visions divines et de ses talents de guérisseuse. Malgré sa faiblesse grandissante, l’Empereur décide de se lancer dans le périlleux voyage jusqu’au monastère de Disibodenberg.
Lothaire et son riche entourage n’impressionnent pas la nouvelle abbesse. Elle accepte de recevoir l’Empereur à la condition que sa suite reste à l’extérieur et ne vienne pas perturber les habitudes des sœurs. Il est amené à l’infirmerie. Alors qu’elle tente de “sentir” les maux de l’empereur, Hildegarde est confrontée à un obstacle inattendu : un voile impénétrable semble envelopper la maladie de Lothaire, rendant son origine et sa nature inaccessibles à ses perceptions habituellement si aiguisées. Malgré ce mystère, elle prodigue à l’Empereur des soins énergétiques à base de plantes et lui conseille également quelques exercices musculaires pour maintenir sa forme. L’Empereur, bien que n’étant pas complètement guéri, ressent un regain d’énergie et d’espoir. Il repart du monastère avec la gratitude et une lueur d’espoir, se raccrochant à la possibilité de jours meilleurs.
Deux mois durant, l’Empereur retrouve une vigueur qu’il n’avait pas connue depuis longtemps. Il ne cesse de tarir d’éloges sa bienfaitrice, notamment auprès de Bernard de Clairvaux. Le puissant abbé cistercien à qui Lothaire doit son titre de Roi des Romains est dubitatif. C’est bien la première fois qu’il ne suit pas ses conseils. Il voit en cette Hildegarde une potentielle concurrente.
Alors que les premiers flocons de neiges couvrent peu à peu le paysage d’un manteau immaculé, la santé de Lothaire décline brutalement. Il peut à peine se tenir debout. La toux qui le secoue est violente, et des traces de sang maculent son mouchoir. Dans son entourage, des murmures de suspicion s’élèvent : serait-ce là l’œuvre d’un empoisonnement ?
Le 4 décembre 1137, l’Empereur Lothaire III rend son dernier souffle. L’annonce de sa mort se répand comme une onde de choc à travers le royaume. Son enterrement est une cérémonie d’une splendeur majestueuse, reflétant sa grandeur et sa piété. Dans l’église Saint-Blaise, en Basse-Saxe, les chants mélancoliques des moines accompagnent le dernier voyage de l’Empereur vers son repos éternel, tandis que les fidèles et les nobles se recueillent dans un respect solennel.
À l’annonce de sa mort, Hildegarde, profondément affectée, se retire pour méditer et prier. Elle confie à Nunael son sentiment d’échec. L’Empereur était un homme bon et pieux, il ne méritait pas une fin si abrupte et mystérieuse. Dans sa réponse, la voix de Nunael trahit une inquiétude rare. Elle semble craindre qu’une force obscure et inconnue ne perturbe l’ordre naturel des choses, altérant le destin des hommes et interférant avec ses plans divins.
Du côté du trône, des rumeurs circulent et enflent. Contre toute attente, Bernard de Clairvaux apporte son soutien à Conrad III de Hohenstaufen, ennemi invétéré de Lothaire, pour l’accession au trône. Aurait-il conspiré contre son ancien roi ?
Ce brusque revirement amène d’autres interrogations. Le charisme magnétique de l’Abbé, ses discours parfois mystiques ne trahissent-ils pas son penchant pour l’Occulte ?
Des moines se signent désormais en sa présence pour se prévaloir du mauvais sort. Ils sont dorénavant convaincus que le Malin a placé là, proche du trône, une marionnette.