Conversation avec Eva sur la spirale systémique de l'engagement.
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Conversation avec Eva sur la spirale systémique de l'engagement.
Je reçois sur Linkedin un commentaire interpelant de la part d’Eva Matesanz , psychanalyste, coach et systemicienne à propos de mon dernier billet https://panodyssey.com/fr/article/curiosites/la-spirale-systemique-de-l-engagement-vkm8bthk38ep
Je l'ai lu @Jean Louis Muller et je me demandais si à l'ère du zapping et du picorage entre amis cette théorie tenait toujours... Ce parmi les jeunes mais pour les moins jeunes ce n'est pas différent. Les entreprises ont mis en place des directions de l'engagement tellement elles ne parviennent pas à fidéliser leurs personnels les plus fixes : CDI, avantages etc ne retiennent plus personne : les quadra se mettent au vert, les trenta repassent à la case CAP menuiserie ou tout autre après avoir été BAC+ 5 . As tu prévu de questionner la spirale de la liberté ?
Mes réflexions .
Les théories de l’engagement ont « mauvaise presse » tant elles se confondent souvent avec des tentatives de manipulation. De surcroît l’engagement envers les institutions ne va plus de soi aujourd’hui comparé aux quarante années suivant la deuxième guerre mondiale. Le désengagement touche les couples, les entreprises, la politique, les marques, le civisme, l’éducation et la construction de l’avenir. Subsistent néanmoins d’intenses engagements pour des grandes causes humanitaires et environnementales, ainsi que des engagements anti systèmes fondés sur la défiance envers les pouvoirs publics , les élites économiques et culturelles. Un signe hollistique de ce phénomène est la hausse tendentielle de l’abstention lors des élections. Au risque de faire une pirouette, de nombreux contemporains s’engagent avec énergie pour ne pas s’engager.
Précisons que depuis les années 1990, les discours et pratiques managériales ont bifurqué vers la mise à distance des salariés. Les carrières à vie se sont transformées en trajectoires professionnelles ou chacun était supposé devenir l’entreprise de lui même. Les contrats à durée indéterminée ont fait place à des statuts plus précaires. De nombreuses fonctions ont été externalisées et les relations entre employeurs et salariés se sont transformées en relations clients fournisseurs. Les qualifications s’estompérent au profit des compétences puis de l’empoyabilité . Ces évolutions furent perçues comme catastrophiques par celles et ceux rêvant de perpétuer les valeurs et pratiques issues des trente glorieuses. Lors des licenciements économiques de nombreux salariés concernés estiment avec tristesse et colère qu'ils sont abandonnés et trahis après s'être engagés voire sacrifiéspour leur entreprise. Les nouvelles générations, en particulier les plus instruites et cultivées ont grandi dans ce contexte où les entreprises n’étaient plus des mères protectrices et normatives. Les entreprises ne s’engageant pas durablement, ils ne veulent pas s’y engager corps et âmes. Ce mouvement est d’autant plus puissant que ces générations ont moins d’appétence pour la maternité et la maternité que les plus anciens , ce qui favorise le zapping et le nomadisme professionnel.
A la lecture de mes réflexions, Eva m'envoie un nouveau message .
Oui. Comme tu le dis @Jean Louis Muller aujourd'hui le monde est nudge pour la conception des bébés comme pour la conception du parcours employé dans une cantine et aujourd'hui dans du télétravail : Nudge management: Comment créer du bien-être, de l'engagement et de la performance au travail avec la révolution des sciences comportementales
Livre d'Éric Singler
Julien Guyomard 2 years ago
Je retombe sur ce billet que j'avais sauvegardé et il est toujours pertinent.
Je suis dans la tranche 30-40 et je partage la même impression que Eva au sujet du picorage, du desengagement à tous les niveaux. Avec en parallèle, une hausse des engagements citoyens qui ne comptent plus trop sur la politique officielle.
Est-ce que vous pourriez développer sur ce passage : "depuis les années 1990, les discours et pratiques managériales ont bifurqué vers la mise à distance des salariés."
Ca va en contradiction avec l'idée que les pratiques managériales tentent de ré-engager les salariés pour augmenter la productivité et le bien-être au travail.