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CHAPITRE 2: L'HÔPITAL

CHAPITRE 2: L'HÔPITAL

Published Feb 23, 2023 Updated Feb 23, 2023 Culture
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CHAPITRE 2: L'HÔPITAL

L’hôpital est un bloc immense entouré par la ville agitée, sans cesse mouvante, avec à ses pieds des bribes de pelouse pour les pâquerettes, les pigeons et les chats errants. Tout autour le défilé des voitures et la sonate des klaxons mêlés aux sirènes. 

Un bloc debout, un bloc couché, enfant/adulte et plus loin, dans un autre bâtiment, la psychiatrie. Tout ce petit monde cohabite et pourtant tout semble cloisonné. Le personnel vaque de ci de là, le travail dans l’urgence ! Une microsociété vit et survit et parfois meurt entre ces murs. C’est une véritable fourmillière, une sorte de ville dans la ville, mais une ville fantôme, une ville que la ville a reléguée dans un coin de son inconscient. Un objet de fantasmes, de peurs, un lieu qui effraie peut-être plus que le cimetière voisin, car les morts, eux, sont enterrés une bonne fois pour toutes, ils sont muets, ils n’existent plus, ils sont devenus abstraction. Les patients de l’hôpital sont bien là au contraire avec leurs corps torturés, leurs membres atrophiés, avec leur pisse, leurs boyaux, leur sueur, leurs cris que rien n’apaise quand vient la nuit. Désespérément là à attendre le temps passer, à attendre l’être aimé, ou la prochaine série télé.

Le Temps si diffus et si intense, tant absent et tellement fatal. Le Temps qui fait et défait les miracles. Le Temps tout entier face à l’éternité.

Qu’est-ce qu’une seconde ? Le temps d’un clignement d’œil, l’envol d’une mouche, la fin d’une bulle de savon, le temps d’un soupir, d’une césure.

Qu’est-ce que la vie ? Un miracle, une erreur, le fruit du hasard, une mascarade, une ironie du sort, une illusion, une « recrue d’essence divine »? Ou bien encore : un don, un jeu, une épreuve, une idée, un challenge, un concours de circonstances?

Beaucoup de questionnements refont surface face à la mort car elle fait partie du mystère. Elle est cette ponctuation du devenir mais en aucun cas une conclusion. 

Quand je voyais partir un enfant, je ne comprenais pas pourquoi. Pourquoi eux, pourquoi des petits bouts de choux, pourquoi n’avaient-ils pas le droit de vivre, de devenir parents à leur tour puis grand parent avant de céder leur place. Tant de gens souhaitent en finir avec leur vie. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que ces petites filles là avaient comme simple rêve de vivre les affres d’une vie d’adulte, de devenir un jour maman. Un rêve qui peut paraître naturel pour n’importe quelle petite fille, mais dans la circonstance, il avait des airs de surnaturel.

Rima n’a pas été la seule, très vite, en peu de temps, 3 autres anges ont vu le jour. Alors j’ai pensé que cela était de ma faute puisque seuls les enfants dont je m’occupais partaient. J’étais devenue l’oiseau de mauvaise augure. Il a fallu alors émerger du cauchemar, éclairer mon monde, ouvrir les yeux, accepter le départ, remettre les choses à leur place. Il a fallu trouver les ressorts pour continuer. Prendre l’ascenseur bouton 5, traverser le couloir, ouvrir les portes, aller à la rencontre de l’humain, avec tout son amour, et sa joie de vivre. 

Car c’est bien de cela dont il s’agit : il n’y a pas d’indécence à être en vie et à aimer, au contraire, ce sont les seules choses que l’on peut donner. Apprendre à ne pas se sentir coupable. Puis, enfin, d’autres ont guéri.

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