Dès que mon père a su et vu que j'écrivais, il rêvait : pour lui, j'allais être écrivain. Je m'imaginais déjà interviewé par un journaliste ou dans une émission de télévision. Ce n'était qu'utopique même encore aujourd'hui. Au fil du temps, l'amour de la rédaction grandissait de plus en plus et cela devenait une passion. À dix-sept ans, j'envisageais me faire paraître. Une simple annonce et me voilà dans un tourbillon de bonheur. C'était un signe qu'on m’adressait. J'avais écrit mon roman à la main sur un cahier et je l'avais envoyé à une maison d'édition avec un petit mot en bas de la feuille : si mon histoire ne vous intéresse pas, merci de me la renvoyer. J'avais reçu une réponse assez rapidement et elle me donna sur le coup un espoir. Il acceptait d’imprimer ! Quelle joie ! Mais cela ne persista pas durablement. Une désillusion qui me coûtait à l'époque trente mille francs. Voilà, c'était trop beau. La chute est rude. L'envie de publier a disparu pendant plusieurs années. Ce n'était pas parce que j'étais choquée, je ne ressentais pas le désir. Depuis, j'ai réécrit mon histoire rédigée à mes dix-sept ans sous un œil différent et plus long que l'initiale avec un autre dénouement. Elle dort tranquillement dans un tiroir. Pourquoi ?

Je préfère ne pas briser ce qui me relie à la vie avec l'écriture. Je ne baptise pas écrivaine ou auteure, je serais un peu prétentieuse. Je privilégie de ne rien dire et persister dans l'ombre comme si cela fait partie de mon jardin secret, car beaucoup de personnes de mon entourage ne le savent pas.