Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
OURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE : 21 avril

OURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE : 21 avril

Published Apr 21, 2020 Updated Sep 28, 2020 Culture
time 2 min
0
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 91 readings
0
reactions

On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

OURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE : 21 avril

 

21 avril

La désorganisation avait été à la hauteur de l’impréparation. Nous vivions dans une aimable confiance. Bien nourris, logés, divertis, rien ne pouvait nous at­teindre. On regardait de temps à autre par la petite lucarne (vieux surnom de la télévision) non pas l’état du ciel au-dessus des toits mais ce qu’il en était du monde en-dessous. La constance des guerres, des fureurs religieuses et des famines navrait. À l’évidence, ces étrangers ne s’aimaient pas. Par bonheur, l’effarement et une vague gêne duraient peu. Nous n’y étions pour rien si certains ne sa­vaient pas se conduire, et cela je le confirme, n’étant pas de ceux qui se vivent comme d’éternels bourreaux d’anciens peuples colonisés, et n’ayant aucune confiance dans la vertu des « victimes ».

Un gouvernement sage veillait, la paix était dans les cœurs, chacun allait vivre mille ans, le doux commerce diffusait ses bienfaits, les publicités enduites de vernis enchantaient nos pro­jets d’îles et de voitures chics et véloces, quelques pauvres, mais leur pauvre­té laissait incrédule. En tout cas, ils n’étaient pas misé­rables, c’était déjà ça.

Rien n’avertit.

Si les Fléaux de Dieu justifiaient par la Colère la brutali­té, les injustices, l’absence de discernement d’une claque d’orang-outang sur un moustique, on connut mieux en non-sens, en sournoiserie, en absence de Déclara­tion de guerre, en refus complet du spectaculaire, en violence silencieuse, implacable et parfaitement stupide. Par compa­raison, nous aurions vécu joyeusement l’incendie de Rome. Nos monuments, très antiques, s’y prêtaient.

Au moins l’ennemi partait à la guerre avec un casque à pointe et ses raisons. Rien de plus totalitaire que l’épidémie : elle nous occupait en ayant la cohérence de la folie, le prosélytisme obtus du fa­natique, la logique d’une idée fixe et aucun respect pour les institu­tions. Elle avait donc elle aussi raison, sa raison – qui n’était pas la nôtre. J’avais l’impression, essayant de me mettre à la place de cette entité funeste pour comprendre ses motivations, d’entrer moi-même en folie comme on entre au couvent.

Il ne s’agissait pas de faire sienne l’unité intellectuelle irréfutable du serial-killer pour anticiper sa trajectoire jusqu’à se poser au point de chute de son activité favorite, avec le risque d’être au banc des accusés en sa compagnie. Selon mon rôle d’observateur avisé, je devais me borner à être le jardinier pensif du couvent et prendre des notes, les bottes dans un plan de cresson.

 

à suivre dans :

 http://impeccablemichelcastanier.over-blog.com

lecture 91 readings
thumb 0 comments
0
reactions

Comments (0)

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Culture
Désaccord
Désaccord

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min
Marche ou crève
Marche ou crève

Hé non, ce n'est pas Stephen ici et rien avoir avec le King, juste une fan qui ad...

Gand Laetitia
2 min
Laëtitia GAND
Laëtitia GAND

 Auteure, critique littéraire, Laëtitia Gand est née le mercredi 9 mai  1979  ...

Gand Laetitia
3 min
Méditer
Méditer

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, vôtre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min
Jurer
Jurer

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, vôtre sourire, ma joie.

Bernard Ducosson
1 min

donate You can support your favorite writers

promo

Download the Panodyssey mobile app