Mon rapport à l'ennui
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Mon rapport à l'ennui
Seule dans la pénombre du soir, confortablement installée dans le sofa, je ferme les yeux et j'attends. J'attends que l'ennui arrive. Qu'il ose affronter mon flot incessant de pensées. Qu'il s'invite dans mon corps trop agité pour s'arrêter.
Ma respiration se fait plus calme. Mon esprit aussi. Pourtant, la machine tourne encore. Elle divague. Elle déraille. Entre rêverie et méditation, je m'ancre dans le passé, dans le futur, mais jamais dans le présent. La petite fille apprend encore et encore. La dame âgée découvre encore et toujours.
Je me laisse bercée par un déluge d'idées assourdissantes. Elles sont envahissantes, presque suffocantes.
Et l'ennui, quant à lui, ne s'est toujours pas imposé.
Je pense. Je réfléchis. J'analyse. Je suranalyse. Mais, jamais, je ne m'ennuie.
C'est alors que je comprends le malaise. Là où le bât blesse. L'ennui est pour moi synonyme de maladie. De souffrance mentale. D'angoisse abyssale. De mal-être épouvantable. Il n'a osé m'approcher que quelques fois seulement. Toujours dans des moments de tourments.
Que dois-je en conclure ? Que l'ennui est une sinécure ? Un art ou un pouvoir dont certains usent, et même abusent sous prétexte de s'arrêter, de se reposer ?
Me laisser le temps ou la possibilité de m'ennuyer est-ce un luxe que je ne peux me payer ?
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono).
Image créée par Elias disponible sur Pixabay.