Épisode 17 : Solitude
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Épisode 17 : Solitude
Même dans les situations les plus désespérées, l'être humain a besoin d'espoir.
Le temps passe, les années passent, et Siegfried, de plus en plus oppressé et de plus en plus sombre, réfléchit de plus en plus intensément à une solution pour sortir de sa situation, annuler son marché funeste et échapper à son destin annoncé. Il doit bien exister une porte de sortie quelque part - n'importe quoi, quelque chose à proposer, une alternative, quelque chose qu'il n'a pas vu, ou pas su voir... Il a une femme qu'il aime et qui l'aime, il a des enfants, il a une ville et tout son petit peuple qui dépendent de lui, il doit absolument trouver une solution.
Il a peur, le temps passe, le temps presse, son cerveau est en ébullition quasi en permanence. Il ne dort presque plus, il a la tête ailleurs, son visage s'assombrit encore, il s'énerve pour tout, pour rien et pour n'importe quoi contre tout le monde et n'importe qui, il entre dans des colères incendiaires pour des broutilles. Même Mélusine n'y échappe pas, même si elle est la seule à qui il demande jamais pardon et qui arrive encore à le calmer de ses mains fraîches sur son front brûlant. Dans ces moments-là, il lui tient les poignets et il ferme les yeux.
Elle souffre de le voir ainsi, elle saisit sa détresse, elle se rend compte que ce qu'elle peut faire pour le soulager est insignifiant et elle se noie dans son impuissance, mais elle souffre aussi de son injustice à son égard. À chaque fois. Ses enfants ont peur de lui, sauf peut-être Heinrich, son fils aîné, qui l'a connu plus doux, qui a appris à l'aimer, qui sait donc que quelque chose ne va pas et qui a le courage de lui tenir tête, avec respect mais avec fermeté. Les gens autour de lui commencent à se poser des questions. Personne ne comprend vraiment ce qui se passe. Les uns le disent malade, d'autres le disent fou, et certains, déjà, commencent à le dire possédé.
Il n'a plus beaucoup de temps, il en a de moins en moins et il le sait. Le manque de sommeil ne l'aide pas à avoir les idées claires et ses pensées tournent en rond. Le prieur de la chapelle du château, le Père Adalbéric, tente bien de le raisonner et de le ramener à plus de tempérance, mais sans grand succès.
Parfois Siegfried pense à se jeter du haut des remparts de la Petite Forteresse pour se fracasser en bas du Bockfiels. À se réduire ainsi le cerveau en bouillie juste histoire d'en finir. Pour ne plus penser à rien. Mais, dirait le Père Adalbéric, le suicide est le péché d'ultime lâcheté pour un chrétien. Et puis surtout, ça ne résoudrait rien. Cela ne ferait que précipiter l'échéance inévitable qu'il ne pense qu'à repousser.
Mais il ne voit pas d'issue, et il lui est impossible de demander conseil à quiconque. Qui pourrait entendre ce qu'il a à dire sans éprouver envers lui une répulsion absolue ? Tous le fuiraient. Même le Père Adalbéric hésiterait à le sauver. Et même s'il pouvait être sauvé, comment pourrait-il encore regarder qui que ce soit en face ? Droit dans les yeux ?... Quelle autorité lui resterait-il encore ?... Quel honneur ?... De plus, il est certain que ça ne ferait en fait que compliquer les choses. Le secret ne faisait certes pas explicitement partie du marché, mais il semblait bien acquis qu'il y était inclus de manière implicite.
Quelle que soit la manière dont il l'envisage, il est bien seul avec son problème. Il ne pourra compter que sur lui-même et sur ses propres ressources pour le résoudre.
Et puis le diable n'est pas vraiment du genre à laisser passer. Il s'y connaît en affaires, il ne se laissera pas gruger. Il ne lâchera pas prise sans exiger une compensation.
Musique : DESPAIR - by Liubomyr Prask
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos