Lettre ouverte d'une "Anonyme au bout du fil"
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Lettre ouverte d'une "Anonyme au bout du fil"
Si mon héroïne racontait sa rencontre avec William, elle écrirait sans doute...
Il ne ressemblait à personne,
à aucune figure de mon passé,
Toujours en décalage, un solitaire maudit.
C’était un écorché qui vivait sur une planète,
qui n’appartenait qu’à lui.
Quand j’ai rencontré William pour la toute première fois, je n’ai absolument rien ressenti.
Il était là, sur le plateau du centre d’appels dans lequel je venais de commencer,
À l’aise comme chez lui.
Moi, j’étais stressée, parce que ce boulot, m'apparaissait alors comme la chance de ma vie, un nouveau départ, un de ceux qui nous mettent à l’abri.
Ce n’est pas un homme sur lequel on se retourne, lorsqu’on le croise dans la rue.
C’est un homme passe-muraille, comme précisément, ça court les rues.
Ce n’est pas un de ces bellâtres qui sait le monde à ses genoux et qui se mire dans les regards des femmes pour s’aimer toujours plus.
De notre première rencontre, je ne me souviens que vaguement, tant je courais partout sur ce plateau, grouillant de monde, en quête de réponses pour la personne qui m’attendait au bout du fil.
Il fallait être efficace et rapide, pour satisfaire le footeux qui rate les premières minutes de son match si précieux ou le libidineux qui n'arrive pas à lancer son porno.
Lui était placide, calme, rompu à l’exercice, ce qui lui conférait une aura de confiance et de maîtrise dans son rôle de conseiller “sénior”, chargé de répondre aux juniors que nous étions alors, tentant de surnager dans ce grand bain, sans se faire croquer.
Sans cela, je pense que je ne l’aurais jamais regardé.
D’ailleurs, je ne le regardais pas vraiment.
Je courais, attendais qu’il se tourne vers moi, posais ma question et détalais à grandes enjambées.
Je n’étais pas dans la séduction, me fichais d’être échevelée, tant que ma voix ne tremblait pas.
Je voulais juste réussir à ce poste et graver ma place dans le marbre, je voulais faire mon nid pour, enfin, me sentir en sécurité.
Comme quoi...
Il n’y a rien de plus dangereux que les certitudes dont on se nourrit, rien de plus friable qu’une carapace forgée, un brin, trop vite.
Xoxo
Juliette
Jean-Christophe Mojard 3 months ago
Les certitudes sont le mal. C’est Yoda qui le dit.
Juliette Norel 3 months ago
lol! merci Sensei