Épisode 11 : le baiser
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Épisode 11 : le baiser
POV Lili
Il m’avait embrassée. Logan m’avait embrassée. Je le lui avais permis. Non seulement je n’avais pas résisté, mais je lui avais rendu. Je l’avais laissé me mordre la lèvre inférieure. J’avais laissé sa langue pénétrer ma bouche pour une danse sauvage. Brutale et désespérée. Il avait un goût de menthe et d’alcool dont j’étais devenue accro. Moi qui déteste la bière !
Pendant un bref instant, j’avais tout oublié. J’étais une lycéenne ordinaire, un peu amoureuse et probablement trop éméchée. Mes mains avaient leur propre vie, jouant dans les cheveux soyeux et humides de Logan. Je me sentais bien, presque audacieuse. Mais quand ses lèvres avaient quitté les miennes pour venir se poser dans mon cou, des images de cette nuit m’avaient frappée. Elles étaient revenues me hanter. Me briser.
9 mois avant
― Tu sens tellement bon, bébé, me souffla Éric avant de prendre le lobe de mon oreille entre ses dents. J’ai envie de toi et je sais que c’est pareil pour toi.
Il passa une main sous ma robe et arracha ma culotte d’un geste violent.
― Arrête, Éric, suppliai-je en vain.
Je me débattais avec ardeur, cherchant à me libérer son emprise oppressante, mais il était trop puissant pour moi. Je me sentais de plus en plus faible, épuisée, et bien que mon être eût envie de lutter, de le repousser, je n’y parvenais pas. Je n’avais pas envie de ses caresses ni de ses baisers. Pas comme ça. Pourtant, une étrange chaleur m’embrasait, comme si mon corps était en feu. Mes jambes devinrent molles et je n’eus d’autre choix que de m’abandonner contre le torse d’Éric.
― J’aime quand tu te laisses faire, Lili. Tu es si belle.
Il me poussa sur le lit et remonta ma jupe sur mes hanches. Sa main s’introduisit avec force entre mes jambes, m’arrachant un râle qu’il interpréta comme un signe d’excitation. De consentement. Sans plus attendre, il déboucla sa ceinture, fit glisser son pantalon et son caleçon à ses pieds et se jeta sur moi, les pupilles dilatées et les joues rougies par le désir.
― Non ! Arrête ! criai-je en revenant au moment présent.
Reprenant mes esprits, haletante et fiévreuse, je poussai Logan et sortis en courant de la salle de bain. Sur le chemin, je bousculai quelques personnes sans m’arrêter ni leur prêter la moindre attention, avant de tomber sur Anny au rez-de-chaussée.
― Lili, je te cherchais. Tu as…
Ses yeux rencontrèrent les miens, humides et apeurés. Son regard me scruta rapidement et une inquiétude meurtrière se figea sur ses traits.
― Je vais le tuer, s’emporta Anny en se dirigeant vers l’étage.
Je la retins doucement par la main et bredouillai brièvement que je voulais simplement rentrer. Que je ne voulais pas rester ici davantage. Elle m’adressa un sourire chaleureux, empreint de sincérité et de sollicitude, et me raccompagna chez moi sans un mot.
POV Logan
Lorsque finalement je compris ce qu’il venait de se produire, je me précipitai hors de la salle de bain, à la poursuite de Lili. Je devais la rattraper et m’excuser. Je ne pouvais pas la laisser partir. Pas dans cet état. Pas après ce baiser. Elle me l’avait rendu. Avec une telle passion. Une telle ferveur. Personne ne m’avait jamais embrassé de cette façon. Je sentais encore la douceur de ses lèvres sur les miennes. Mon cœur battait la chamade, incapable de se calmer…
Et ce gémissement quand je l’avais mordu pour qu’elle ouvre la bouche. Pour qu’elle me laisse entrer… j’avais failli jouir sur place. Putain ! Le grand Logan, éjaculateur précoce à cause d’un simple baiser…
― Tiens, tiens, mais qui va là ?
Morgan ! Elle enroula ses bras autour de mon cou et colla son corps moulé dans une robe rouge qui ne laissait rien à l’imagination contre le mien, frottant honteusement son bassin contre mon entrejambe douloureusement durci. Dans un soupir de frustration, je tentai de la repousser. Je n’avais aucune envie de passer du temps en sa compagnie. Mais elle ne semblait pas de cet avis.
― Dégage, Morgan. Tu ne m’intéresses pas… pestai-je.
― Oh, mon chéri… chuchota-t-elle à mon oreille. Nous formons un couple parfait et je sais que tu me désires. Tu ne peux pas cacher l’effet que je te fais…
Elle caressa mon érection à travers mon jean et son contact me fit frissonner de dégoût. Sa voix horripilante, ses ongles griffant ma peau et son sourire aguicheur me collaient la chair de poule. Voilà tout l’effet que me faisait cette fille.
Des geste brusque, j’attrapai ses poignets pour me dégager et m’écartai d’elle. En reculant, elle heurta un groupe et tomba, sous le regard amusé des quelques mecs qui nous entouraient. Sa jupe relevée, sa crinière décoiffée et son visage déformé par la colère offraient un triste spectacle.
Je ne me donnai pas la peine de m’excuser ni même de l’aider à se remettre debout. Elle n’avait pas besoin de mon aide, elle trouverait bien un admirateur disposé à jouer les chevaliers servants.
― Logan, tu vas me le payer, siffla-t-elle alors que je lui tournai le dos.
Malheureusement, je pus aller bien loin. Je fus stoppé avant même d’atteindre les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée.
― Qu’est-ce que t’as foutu, putain ? explosa Steve en m’empoignant par le T-shirt.
Je me libérai non sans effort, étant plus fort que mes coéquipiers, et le toisai du regard avant d’abaisser les épaules et de capituler. Je n’avais rien fait de répréhensible. Je ne comprenais pas le comportement soudain de Lili, mais je ne souhaitais pas en discuter avec eux. Cela ne les regardait pas.
― Rien, ok… soupirai-je alors.
Ryan apparut derrière Ethan et attrapa nos amis par les épaules dans une embrassade bienveillante, tentant de les calmer.
― C’est bon les gars. Elle va bien. Anny la ramène chez elle. Elle est juste malade. Un peu trop d’alcool, expliqua-t-il.
― Quand on est juste malade, on dégueule et on titube. On part pas en courant comme si on venait de rencontrer le diable en personne, s’emporta Ethan en me lançant un regard furieux et méprisant.
― C’est bon, ok ?! Foutez-moi la paix, putain, râlai-je. Je ne l’ai pas violée, ni forcée à quoi que ce soit. Elle m’a explosé le nez et m’a aidé à stopper le saignement. C’est tout.
Je les contournai, descendis les escaliers et sortis de la maison sans perdre une seconde de plus. L’air frais me fit un bien fou. Il était vivifiant. Revigorant. J’errai dans la rue, sous la lumière du clair de lune, me dirigeant lentement vers ma caisse. J’avais besoin de comprendre ce qui venait de se passer entre Lili et moi. Je n’avais pas les idées claires, j’étais complètement paumé et je ne pouvais même pas compter sur mes amis pour m’aider. Bordel !
― Logan ! Attends ! cria Ryan derrière moi.
Je m’adossai contre la portière de ma voiture et l’attendis. Il s’installa à côté de moi et prit quelques secondes avant de souffler bruyamment par la bouche.
― Je vais aller voir Lili demain après l’entraînement. Je suis pas certain que tu devrais venir. On sait tous les deux que j’ai menti et que Lili n’a pas la gueule de bois. Elle était en était de choc quand elle m’a foncé dedans, là-haut. Elle ne m’a même pas reconnu ni entendu quand je lui ai couru après en l’appelant.
― T’insinues quoi ? crachai-je plus qu’énervé qu’on me prenne pour un tel connard.
― Absolument rien, mec, me répondit calmement Ryan. Mais je vous ai vus sortir de la salle de bain. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous et j’ai envie de te faire confiance, mais ça l’a sacrément secoué.
Je pris une profonde inspiration et me laissai glisser le long de la carrosserie pour finir le cul dans l’herbe, au bord de la route. J’attendis qu’il me rejoigne avant de reprendre la parole d’une voix pleine de doutes et de remords.
― On s’est embrassé…
Ryan garda le silence. Contre toute attente, il n’explosa pas de colère. Il ne me frappa pas. Il restait immobile, exigeant en silence la suite de mes explications.
― C’était électrique et putain de chaud. Maladroit et brutal. Aucune nan ne m’avait embrassé comme ça. Je… C’était pas prévu. Je voulais juste lui proposer un verre sur la piste et comme elle ne m’entendait pas, j’ai posé ma main sur sa taille. Ni trop haut, ni trop bas. Et en guise de réponse, elle m’a foutu un putain de coup de tête dans le nez.
Il explosa de rire, se moquant ouvertement de moi.
― Te fous pas de ma gueule, mec ! m’exclamai-je. Bref… quand elle m’a reconnu, elle s’est mise dans tous ses états. Elle a attrapé ma main et m’a emmené direct à l’étage dans cette salle de bain. Elle a pris soin de moi. À part Anny et ma mère, personne n’avait jamais fait ça pour moi… et puis on a discuté. Elle m’a avoué qu’elle ne supportait plus d’être une victime. Lili, une victime… ça m’a foutu dans une rage pas possible. Et j’ai voulu lui faire comprendre qu’elle était plus que ça. Tellement plus… Je me suis approché et elle ne m’a pas repoussé. Elle était magnifique. Fougueuse. Le souffle court, les yeux presque noirs. Et quand elle a regardé mes lèvres, un truc en moi s’est brisé et j’ai craqué. Je n’ai pas résisté. Et elle m’a rendu mon baiser. J’ai pas rêvé, je te jure…
― Je te crois, avoua Ryan sans bouger.
― Merci, mon pote, soufflai-je rassuré.
― Mais je pense toujours que tu ne devrais pas venir avec nous demain. On ne sait pas comment elle va réagir. C’est déjà assez tendu avec Ethan et Steve. Je passerai te voir après. De ton côté, profites-en pour arranger les choses avec Morgan. Elle va vouloir se venger pour ce soir, et elle va pas te rater ! se réjouit-il. Je serais toi, je surveillerais mes arrières et vérifierais mes boissons, mes produits dans les vestiaires, mon casier…
― Fais chier !
― Qui aurait cru que tu finirais par succomber à son charme ? ria-t-il en me donnant un coup dans l’épaule.
― Pas moi, concédai-je.
― Bon, je te laisse. Je vais calmer les gars et demander des news à Anny. Bonne nuit, mec. Et évite de faire une autre connerie d’ici demain !
― Ouai… grommelai-je pour moi-même.
Texte de L. S. Martins (60 minutes chrono, sans relecture).
Image par Ali Muhammad de Pixabay