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Marco Polo, Philippe de Dieuleveult, Mike Horn et les autres (5) : un métier quand même pas tout à fait comme les autres 

Marco Polo, Philippe de Dieuleveult, Mike Horn et les autres (5) : un métier quand même pas tout à fait comme les autres 

Pubblicato 7 mar 2024 Aggiornato 7 mar 2024 Viaggi
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Marco Polo, Philippe de Dieuleveult, Mike Horn et les autres (5) : un métier quand même pas tout à fait comme les autres 

Les aventuriers peuvent bien affirmer que toute réflexion faite, leur activité n'est jamais qu'un métier comme un autre, mais à cela, beaucoup de gens répondront : oui, certes, mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Tous ces gens auxquels les aventuriers pourraient vouloir se comparer, les créatifs mis à part peut-être, basent leurs activités sur des besoins déjà existants, bien établis et bien reconnus dans la société. Si les créatifs partent d'eux-mêmes et offrent au monde le produit de leurs recherches, de leurs réflexions ou de leurs élucubrations en espérant que cela pourra un jour intéresser quelqu'un - et peuvent gagner un véritable jackpot si ce qu'ils font arrive à intéresser assez de monde, mais comme pour les aventuriers, c'est loin d'être gagné d'avance - la plupart des autres partent des besoins d'autrui et, parmi eux, de ceux auxquels ils sont le plus à même de répondre d'après leurs capacités. Ce qui limite les risques d'échec dès le départ. Même en tant qu'entrepreneurs, s'ils font correctement leur étude de marché avant de se lancer, s'ils sont assez compétents pour produire ou prester correctement à la satisfaction de leurs clients, s'ils savent "se vendre" et s'ils sont bons gestionnaires, ils devraient pouvoir s'en sortir correctement sans trop de problèmes et avoir une affaire qui marche. 

Quant au danger, c'est vrai que certains de ces métiers sont plus risqués que d'autres, mais au moins ceux qui les pratiquent - pour leur propre compte ou pour celui d'un patron - sont utiles à la société, ils apportent quelque chose de concret et d'immédiat à ceux qui font appel à leurs services, et ce qu'ils font correspond bien à un besoin qui préexiste déjà à leur métier et/ou au lancement de leur activité. Ils apportent de la nourriture à leurs clients, ils les logent, ou ils leur mettent au-dessus de la tête un toit qui les protège du vent et de la pluie. Ou encore ils extraient les minéraux dont on fera les métaux qui serviront à fabriquer les objets dont ils se servent tous les jours. Ils ne débarquent pas comme les créatifs avec quelque chose qu'ils inventent de toutes pièces en espérant qu'un jour ça va peut-être intéresser quelqu'un : ce qu'ils font correspond d'ores et déjà à un besoin qui est bien connu, bien identifié et bien quantifié dans la société. Ils ne font que répondre à un besoin d'ores et déjà exprimé par d'autres, d'ores et déjà présent, et c'est ça qui leur donne l'assurance d'un gagne-pain, et aussi l'assurance et la conscience d'être utiles

Et, accessoirement - ou moins accessoirement... - ils se prennent eux-mêmes en charge et ils font vivre une famille. Et, aussi, quand famille il y a, dans la plupart des cas, ils sont présents pour elle, présents pour gérer les grands défis et surtout les petits problèmes du quotidien qu'on affronte en général plus facilement à deux adultes que tout(e) seul(e) avec ou sans marmaille autour de soi - parce celui (ou celle) des deux qui se retrouverait tout(e) seul(e) n'en aurait soit pas la force physique, soit pas les connaissances nécessaires, soit pas la disponibilité, soit pas d'alternative disponible ailleurs pour obtenir de l'aide en cas de besoin, et aussi parce que moralement parlant, tout(e) seul(e), c'est tout(e) seul(e), parce que partager ses difficultés avec quelqu'un d'autre permet de mieux les supporter, de mieux les gérer et de mieux les surmonter, et parce qu'il faut beaucoup de force mentale autant que d'autres atouts pour être à même d'affronter tous les petits et grands défis du quotidien tout(e) seul(e). D'ailleurs, ceux (et celles) pour qui être accompagné(e) dans la vie de tous les jours est quelque chose d'important diront qu'une fois qu'on a charge de famille, ou même que l'on est en couple, on ferait mieux dans l'extrême mesure du possible de laisser les risques aux célibataires qui n'ont à s'occuper que d'eux-mêmes (et dont les parents sont encore assez vigoureux pour ne pas avoir besoin d'être pris en charge parce qu'ils seraient dans leurs vieux jours - parce que ça aussi, il faut y penser et que ça aussi, ça fait partie de la responsabilité familiale). Ou encore à ceux (ou celles) qui ont assez de fortune personnelle pour ne pas avoir besoin d'exercer un "vrai" métier pour survivre, qui peuvent même se payer l'aide et l'assistance de toute une armée de professionnels pour prendre en charge la vie courante, et qui peuvent donc se permettre le luxe de quelques fantaisies inaccessibles au commun des mortels (ne serait-ce que parce que dans la vie, même si on a la chance d'être privilégié(e), il faut quand même bien s'occuper à quelque chose ne serait-ce que pour remplir son temps et ne pas voir son existence se déliter dans l'ennui). 

Pour répondre à cela, il y a le témoignage d'Annika Horn qui raconte qu'elle a certes souvent été interrogée de la sorte sur les rapports entre elle, sa sœur Jessica et leur explorateur de père, mais que toutes deux estiment avoir été mieux élevées et en avoir plus appris avec lui sur la vie et sur le monde qu'elles n'auraient pu l'être ou le faire avec un père plus conventionnel. D'ailleurs, entre deux explorations, s'il vit en Suisse près d'Annika, Mike Horn serait tous les jours en communication vidéo avec Jessica qui vit à Boston - pour Jessica, la vie d'expat, quoi. Par ailleurs, les admirateurs de l'archéologue Jean-Philippe Lauer vouent une égale admiration et un très grand respect à sa femme Marguerite Jouguet, dont il a eu quatre enfants, et qui a accepté de les élever tout en étant seule pour le faire et pour tout gérer dans leur habitation parisienne huit mois sur douze pendant que son mari procédait aux fouilles de Saqqâra et à la reconstruction des bâtiments construits il y a quatre mille ans par Imhotep. 

J'entends d'ici les voix de personnes qui m'ont été très proches me dire que beaucoup de femmes dans le monde n'auraient jamais accepté cela. En effet, quand on épouse un conjoint qui a des projets et une passion, il faut accepter d'épouser en même temps que lui - ou qu'elle - ses projets et sa passion, pour le meilleur et pour le pire, sans quoi cette union est effectivement vouée à l'échec... Après tout, Cathy, l'épouse de Mike Horn, était elle aussi très activement engagée dans l'organisation de ses expéditions - à tel point qu'après son décès, il avait de son propre aveu pensé abandonner l'exploration et l'aventure, et qu'il l'aurait probablement fait si ses filles n'avaient pas repris à cet égard le flambeau de leur mère (et si elles l'ont fait, c'est qu'il faut croire qu'elles sont réellement fières de leur père et de ses exploits, assez en tout cas pour souhaiter le voir continuer plutôt que "raccrocher"). 

Ce qui prouve qu'on peut très bien être un aventurier et avoir en même temps une famille unie ! Comme dans tous les métiers, le tout est de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et aussi d'avoir entre tous les membres de la famille une certaine solidarité... 

 

Crédit image : © Getty - pixabay

 

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