S'affirmer en univers hostile .
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S'affirmer en univers hostile .
L’assertiveness, décrit , pour nous en affranchir trois types d’attitudes ancestrales dans des situations à enjeux.
- L’attaque pour obtenir ce que nous voulons et la contre-attaque pour conserver notre ascendant.
- La soumission face à l’adversité se muant en frustration et parfois en désir de vengeance. Jouir du pouvoir de la « victime. »
- La manipulation pour influencer les autres par des sous-entendus, des allusions, des flatteries et des jeux de pouvoir.
Ces trois attitudes et leurs variantes s’inscrivent dans une conception où les gagnants l’emportent sur les perdants. Ces derniers intériorisant leur sort.
L’assertif s’affirme sans pour autant dévaloriser les autres. Par exemple si j’estime être intelligent, perspicace et convaincant cela ne m’entraîne pas à penser que mes interlocuteurs sont idiots , naïfs et influençables. Je refuse de me laisser entraîner dans des choix binaires du type « c’est à prendre ou à laisser » et « si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. » J’ai bien sûr des convictions tout en préservant une part de doute et j’accepte que les autres n’épousent pas les mêmes convictions. En d’autres termes , je remplace le « ou » par le « et. »
Dans l’idéal, par essence inatteignable, lorsque chaque protagoniste est mu par la coopération et la négociation, les conduites assertives se révèlent efficientes. En étant soi même assertif, nous favorisons l’émergence d’options acceptables par tous. L’ incarnation personnelle de l’assertivité est de mon point de vue plus puissante que les outils et méthodes. Loin de se focaliser sur le tempérament et le caractère des autres, l’assertif porte son attention sur les enjeux, le contexte, les intérêts divergents et convergents ainsi que les liens entre les personnes en présence, lui inclus. L’une des compétences majeures à développer et entretenir pour s’affirmer est l’intelligence des situations.
À propos des escalades symétriques , attaque contre-attaque , j’ai eu la chance , de son vivant d’organiser une conférence avec l’anthropologue René Girard pour le centre des jeunes dirigeants. Il évoquait les phénomènes de violences mimétiques entre des personnes et des groupes lors de profonds différents : opinions politiques, religions, méthodes de travail, croyances, goûts artistiques, territoires, identités et toutes situations potentiellement clivantes et conflictuelles. Les protagonistes, mus par la haine, se croient différents les uns des autres. Et pourtant, nous dit René Girard, plus l’escalade s’amplifie et plus les combattants se ressemblent. Ils sont les mêmes, dans leur désir de soumettre , détruire et de tuer.
Lorsque ces escalades touchent des tribus, clans, ethnies ou états elles sont parfois durables avec une alternance d’épisodes paisibles et de crises aiguës violentes. Le désir de vengeance couve longtemps avant ses manifestations visibles. Au moment où je rédige ces lignes, elles perdurent dans de nombreuses contrées du monde.
Les réseaux sociaux, sont aussi propices aux escalades symétriques et aux harcèlements. Les clivages , insultes, menaces et invectives génèrent du « buzz » rémunérateur pour les plateformes. Le relatif anonymat, le format court, l’immédiateté des réactions , sont peu favorables aux nuances. De surcroît des groupes se rassemblent sur des croyances communes et sifflent sur les braises afin d’exacerber les conflits. Malheur à celle ou celui qui exprime une opinion différente ou nuancée.
De nombreuses émissions de télévision, de radios et de plateformes sont fondées sur des joutes, polémiques, et combats idéologiques exacerbés. Certains élus et leaders politiques contribuent à cette atmosphère de haine, y compris au sein d’instances ou devraient être trouvées ensemble des solutions pour surmonter les défis les plus aigus.
Est-ce à dire que l’affirmation de soi n’est plus de mise aujourd’hui, tel n’est pas mon propos. Les inventeurs de cette approche, après la deuxième guerre mondiale , postulaient que pour vivre ensemble et consolider la démocratie nous devions être bienveillants et coopératifs pour négocier des arrangements acceptables par toutes les parties prenantes. Dans le contexte sociétal et géopolitique actuel vaut mieux savoir où l’on mets les pieds pour choisir des stratégies et tactiques relationnelles pour s’affirmer avec efficience et sérénité. Ce sera l’objet de mon prochain billet.