La force du profil bas
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La force du profil bas
L’un de mes interlocuteurs me dit : « Lorsque tu t’impliques dans une conversation , tu parles trop vite et tu fais trop de gestes . C’est dommage car cela parasite le contenu de tes propos. »
Dans ce cas, je présume qu’il me veut du bien en pointant l’un de mes défauts. Je trouve alors sa remarque légitime. Je lui réponds : « Merci de me dire cela, je vais corriger ce défaut qui peut me jouer des tours. »
Face à des critiques justifiées, assorties de faits et de conseils, pas la peine de perdre de l’énergie à se justifier ou à se défendre. Prenons les comme des feed-back utiles. Et si jamais notre interlocuteur cherchait à nous dévaloriser, ne rentrons pas dans son jeu.
En revanche, certains nous balancent des jugements à l’emporte pièce en privé afin de nous décontenancer ou en public pour nous humilier. Dans ces cas , l’assertiveness nous offre un mix de trois outils consistant à garder notre calme sans contre attaquer. Il s’agit du « Sphinx » , de « l’édredon » et du « disque rayé. »
Le sphinx, une posture impassible
Le sphinx est la posture de base associée aux deux autre outils. Il convient de s’installer en mode lent en se concentrant sur la respiration, le reste suit. En position assise, être bien installé sur son postérieur, le dos bien collé sur le dossier. Debout, élargir son polygone de sustentation, bien campé sur ses pieds.
Par exemple, quelqu’un m’assène une série de critiques agressives. Je le regarde dans les yeux, le visage le plus lisse possible , et une économie de gestes lents. De temps en temps, je pivote le visage de haut en bas, signifiant ainsi que j’ai entendu les critiques. Et au bout d’un moment l’autre s’essouffle en vain. Le sphinx est aussi approprié devant un flots de critiques collectives en réunion. Je peux alors dire calmement : « je constate que vous avez de nombreuses remarques à formuler, je vais les noter et les reprendre une à une. »
L’édredon : distinguer faits et opinions
L’édredon consiste à distinguer faits et opinions. Il s’opère en conservant la posture du sphinx.
Par exemple, un collègue , en public, me dit : « Tu animes des séminaires avec des chemises à fleurs, ce n’est pas sérieux pour un consultant ! » Je lui répond : « C’est vrai que j’anime des séminaires avec des chemises à fleurs, de là à affirmer que ce n’est pas sérieux, c’est une opinion. »
Autre exemple, un ami me dit lors d’une soirée : « Tu ne te prononces pas sur le conflit israélo palestinien, quel manque de courage ! ». Je réponds : « C’est vrai que la situation est tellement complexe que j’ai du mal à l’analyser. De là à dire que je manque de courage, c’est une appréciation . »
Le disque rayé : affirmer ses choix sans se justifier
Le disque rayé est un outil complémentaire lorsque l’un ou plusieurs de nos interlocuteurs nous donnent de « bons » conseils, le plus souvent au conditionnel.
Exemple : « Tu devrais animer tes séminaires avec un costume . » Répondre : « D’autres me l’ont déjà dit, mais je me préfère ainsi, je suis plus à l’aise pour animer et je n’aime pas être engoncé dans un costume. »
Autre exemple : « Tu devrais t’engager et faire preuve de courage en prenant parti pour un camp ! » Répondre : « Justement, je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu . »
Expérimenter pour se renforcer
Pour vous approprier ces trois outils, commencez à les expérimenter avec des proches de confiance. Demandez leur ensuite de vous formuler des feed-back d’amélioration. Puis lancez vous avec des interlocuteurs que vous repérez comme non bienveillants à votre égard.
Une dernier anecdote , l’un de mes interlocuteurs m’a assené : « Vous êtes bien insolent, mon cher. » Et moi de répondre : « C’est effectivement une perception possible de mon comportement, néanmoins je n’ai pas envie de m’épuiser à répondre à toutes les critiques que je reçois. » J’aurais pu aussi répondre : « Si pour vous , mon comportement est insolent, c’est une opinion qui vous appartient. »
Loin de signifier la faiblesse, le profil bas devient ici une force : celle de répondre sans perdre son sang-froid et sans renoncer à soi.
Cette démarche ne change pas les jugements et désir d’humilier émanent d’interlocuteurs en manque de bienveillance et d’empathie à notre égard. Il s’agit de laisser glisser sur soi les critiques et dévalorisations. Je suis friand du proverbe : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe.