Il peut être tentant d’essentialiser en classant les individus en agressifs, soumis, manipulateurs et affirmés. En adoptant cette caractérologie nous nous étiquetons et étiquetons les autres, oblitérant notre capacité à changer et à faire changer. Cela nous renvoie à une conception immuable de l’identité. 

Lors de mes interventions j’ai eu à faire avec des jugements de type : « untel n’est pas motivé, je ne peux rien en tirer, et ses collègues s’en plaignent aussi. » Confronté à cette certitude, je propose de muter untel dans un autre service. Parfois, c’est pire , untel ayant intériorisé son étiquette. Mais le plus souvent untel s’implique jusqu’à se muer en leader. Le changement de contexte a probablement un effet sur les personnes et les groupes y agissant. 

Le systémicien averti, tout en respectant les personnes, focalise son attention sur les liens les reliant. L’une de mes métaphores préférées est : « je m’intéresse autant aux arbres qu’aux espaces entre les arbres. » Subséquemment, la pratique assertive consiste à transformer une situation bloquée en instaurant des liens orientés vers la coopération. 

L'assertivité, souvent perçue comme une compétence individuelle, révèle une dimension systémique profonde lorsqu'on l'examine à travers le prisme des interactions sociales et organisationnelles. En effet, ce comportement, qui consiste à exprimer ses opinions et besoins de manière directe et respectueuse, ne se développe pas en vase clos. Il influence et est influencé par l'ensemble des dynamiques du groupe ou de l'organisation dans lequel il s’exerce. Un environnement qui valorise la communication assertive, encouragera les membres du groupe à adopter cette même attitude, générant ainsi une culture de transparence et de respect mutuel.

Dans tout système social, les comportements individuels sont étroitement liés. L’attitude assertive d'une personne peut modifier les dynamiques de pouvoir, influencer les décisions et transformer les méthodes de résolution des conflits. Chaque action assertive produit des feed-back permettant de s’ajuster en permanence. 

La culture d'une organisation joue un rôle crucial dans le développement de l'assertivité. Une culture favorisant la transparence et la communication ouverte encourage les comportements assertifs. À l'inverse, dans une organisation hiérarchique ou où les comportements passifs-agressifs prédominent, l'assertivité peut être réprimée, créant un climat de méfiance et de non-dits.

En facilitant une communication ouverte et honnête, l’assertivité prévient l'accumulation de ressentiments et de conflits latents, contribuant à un climat de travail plus harmonieux et productif. C'est un élément clé pour la santé relationnelle d'un groupe professionnel, familial, amical ou social.

Les comportements assertifs émergent souvent en réponse à des tensions ou des besoins non satisfaits au sein du système. Les individus et les groupes s'adaptent continuellement aux comportements des uns et des autres, et l'assertivité joue un rôle central dans ces processus d'adaptation. Elle permet de répondre aux défis relationnels et de s'ajuster aux nouvelles situations de manière constructive. 
Les comportements assertifs sont favorisés par des règles claires, un cadre précis, des valeurs énoncées et partagées. L’assertivité peine  à s’imposer dans le flou qui dilue la responsabilisation des individus et dont certains savent jouer. Ainsi si l’assertivité est systémique comme le sont l’ensemble des relations humaines, il y a lieu ici , de promouvoir un système favorisant la coopération et la confiance.

En somme, l'assertivité est un phénomène profondément systémique. Elle ne peut être pleinement comprise que dans le contexte des interactions et des dynamiques relationnelles qu'elle contribue à façonner. Pour les organisations et les groupes, cultiver l'assertivité revient à investir dans des relations plus saines et un fonctionnement plus efficace.