Variations autour du "je"
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Variations autour du "je"
Vous avez sûrement déjà vécu cette situation : un ami vous balance un cinglant « tu es incompréhensible ! ». Et là, tout de suite, c’est la montée d’adrénaline. Vous vous justifiez ou contre-attaquez, c’est humain. En fait, ce genre de remarque vous colle une étiquette bien peu flatteuse. Maintenant, imaginez qu’il vous dise plutôt : « je n’ai pas compris ce que tu viens de me dire ». Ça change tout, non ? On a tout de suite envie de dialoguer, de savoir où ça a coincé.
On le fait tous, parfois, dans l’autre sens. Vous êtes en train d’expliquer quelque chose, et là, paf, l’autre ne capte rien. La tentation est grande de sortir un bien senti « tu es stupide ! », voire d’en rajouter : « tu es de mauvaise foi ! ». L’idée n’est pas de blesser, juste de secouer un peu. Pourtant, le résultat est toujours le même : vous ratez votre coup. La prochaine fois, tentez un « j’ai du mal à faire passer mon message, tu veux bien me dire ce qui te pose question ? ». Vous verrez, l’effet est bien plus efficace.
Ce n’est pas sorcier : les jugements de valeur, ça blesse. Ils créent rancœur, envie de revanche et, parfois, un mur d’incompréhension. Alors, doit-on se taire ? Bien sûr que non. Exprimez-vous ! Mais faites-le avec un « je ». « Je suis inquiet », « je ne suis pas d’accord », « je suis énervé »… En parlant de vous, vous partagez votre ressenti sans imposer une vérité absolue. Vous affirmez vos opinions tout en respectant l’autre. Nos mères nous l’avaient déjà appris avec cette simple formule : « Je n’aime pas cette soupe » plutôt que « Cette soupe est mauvaise ».
Et si on passait à la vitesse supérieure avec la formule des « trois phrases » ? Plutôt que de vous énerver ou de vous lancer dans une longue tirade, elle permet de poser calmement votre ressenti et de clarifier la situation. La recette est simple :
1. Lorsque tu fais… (ceci ou cela)
2. Je me sens… (émotion)
3. Parce que… (raison).
Un exemple concret : vous avez rendez-vous à 11h avec Thierry, un collaborateur clé sur un projet. À 13h, vous devez voir un client important. Mais voilà, à 11h12, Thierry n’est toujours pas là. Quand il arrive enfin, souriant, et lance un « désolé pour mon retard », comment réagir ?
La formule des trois phrases est là pour vous. Respirez. Calmez-vous. Vous voulez que les choses changent, pas casser la relation. « Lorsque tu arrives avec 15 minutes de retard, je suis énervé, parce que j’ai un rendez-vous à 13h et que ça met tout en retard. La prochaine fois, pourrais-tu prévenir ou qu’on ajuste ensemble l’heure du rendez-vous ? ». Et là, laissez le temps à l’autre de réagir.
Le but ? Exprimer votre émotion sans exploser, et surtout, influencer un changement de comportement. Et si ça ne marche pas du premier coup ? Pas grave, vous pouvez retenter. Si l’autre persiste à vous ignorer ou à minimiser vos ressentis, vous avez alors le pouvoir de reconsidérer la relation.
Cette méthode, simple en apparence, demande en réalité de la pratique. Elle n’est pas qu’une question de mots, c’est un état d’esprit. Vous êtes du genre à garder la colère en vous pour éviter le conflit ? Commencez par dire : « Je vais te dire quelque chose qui pourrait te déplaire, mais je veux qu’on s’entende à long terme ». Vous êtes plutôt explosif ? Essayez un : « Je sais que je peux être cassant quand je suis en colère, dis-le moi si je vais trop loin ».
Avec un peu de pratique, cette technique devient un outil puissant pour affronter les situations tendues, tout en préservant les relation