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Rest' là maloya (5/5)

Rest' là maloya (5/5)

Pubblicato 4 gen 2023 Aggiornato 19 gen 2023 Musica
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Rest' là maloya (5/5)

 

Deuxième partie : Mélodie vagabonde (20)

Redemption song

 

Dans la dernière partie de la chanson, Alain Péters se retrouve seul. Il était soldat d'une armée au départ, enfin pas tout à fait d'une armée mais membre d'une troupe, carte dans un jeu de cartes, entouré, et le monde entier le regardait paré de ses plus beaux atours, albatros flamboyant, et puis un jour il s'est rendu compte qu'il était seul face à son passé, seul face à ses douleurs et à celles qu'il avait causées. Il était entouré de ses amis, de sa famille, et il a tout envoyé valser ou presque sans faire attention, par son intransigeance. Il a dû alors regarder en face le mal qu'il avait fait, affronter la déception et la peine dont il était l'auteur. À présent il est seul. Il en prend acte.

 

« Mi dis té pas facile

Band' pensées pas dociles

Faut lave nout' band' péchés

Ec iembout communier »

Je dis que ce n'était pas facile

Ces mauvaises pensées indociles

Il faut se laver de tous ses péchés

Rien que pour communier.

 

Il cherche maintenant clairement la rédemption, se raccrochant à la part de lui la plus mystique, qui a toujours été là. C'est sa foi catholique, celle de son enfance, de son baptême, de ses parents, qui ressurgit dans l'image de la communion. Mais il va tout de suite nuancer en parlant d'autre chose, comme s'il n'était pas encore prêt à aller jusqu'au bout de cette voie spirituelle.

 

« Prend pas nous pou gorilles

Nous veut ar'trouve nout' l'île

Pas trop martyrisée

Ecqu' tout' l'a dit, l'a fait »

Ne nous prend pas pour des gorilles

On veut retrouver notre île

Pas trop martyrisée

Par tous ces commérages.

 

On voit dans ces quelques phrases la façon dont la langue d'Alain Péters glisse. Sa grammaire est fluide et mouvante, il passe du singulier au pluriel, du masculin au féminin, rien n'est fixé, tout est mouvement, tout coule. Il se dessine à présent gorille, une sorte de Tarzan perdu dans la ville, échappé de sa cage, et dont les gens se moquent simplement parce qu'il n'est pas à sa place. Il faut dire qu'il a pris un peu de poids ces derniers temps. L'exotisme renvoie le monde à son propre passé, sa propre sauvagerie, et le monde n'aime pas ça, il brise, chasse, ou assimile. C'est une conséquence de l'effet de masse. La bonne société intègre le sauvage en le débarrassant de sa rugosité, et quand elle n'y parvient pas elle le bannit ou le met en pièces car le miroir tendu lui est insupportable.

 

« Aussi, zordi mi veut bien 'ssaye râle

In coup d'sus le refrain

Pas si tan borde le rhum ecqu' tout' le vin »

Aussi aujourd'hui je veux bien essayer

De chanter encore une fois le refrain

Et de laisser le rhum avec tout le vin.

 

Avec le vin, l'idée de la communion précédemment évoquée fait son retour et on touche la contradiction : il faudrait boire le vin pour communier, mais il faudrait aussi arrêter de boire, jeter par-dessus bord les tonneaux de rhum et de vin et communier à l'eau. Pourquoi pas après tout : tout est dans le symbole plutôt que dans les faits : le sang, le vin et l'eau. C'est le Diable qui accumule ces détails pour embrouiller l'esprit. Alain Péters choisit donc de laisser le décorum de côté et de s'en remettre à Dieu :

 

« Bon Dieu à cet' heure n'a rien qu'ou

Pou tire à moin dan' ce recoin

Mi préfère largue mon l'âme dans out la main »

Bon Dieu à présent il n'y a plus que toi

Pour me tirer de ce mauvais pas

Je préfère abandonner mon âme entre tes mains.

 

En suspension au bord du vide

 

Cette fois il se laisse aller pour de bon. Dieu semble sa dernière option pour retrouver la paix du cœur et de l'esprit.

 

« Mi connaît pou moin s'ras difficile

Mais mi voudrait pi ar'tourne l'asile »

Je sais que pour moi ce sera difficile

Mais je voudrais ne plus retourner à l'asile.

 

Ce sont les derniers mots de la chanson. Des mots terribles. Alain Péters s'expose dans toute sa fragilité, son désespoir, son désarroi, démuni. On le découvre en suspension au bord du vide, à bout de souffle. Il a connu les affres des cures et de l'internement forcé. Il n'en veut plus. Il voudrait vivre comme tout le monde, paisiblement. Mais la menace d'une rechute sera toujours là, au bout de la chanson, en fin de compte. S'en sortir est une tâche incommensurable, beaucoup n'y arrivent jamais. Cette fois pourtant il semble bien décidé. Il bombe le torse même si l'alternative est terrible. Il n'y a pas de demi-mesure, c'est soit s'en sortir, soit l'asile. Il prend ici un visage tragique, à la croisée des chemins, seul face à sa vie ou à sa mort.

Il reste le maloya, une dernière fois :

 

« Rest' là maloya

Rest' là maloya

Rest' là maloya

Rest' là maloya

Rest' la même ».

 

La chanson le laisse ici, seul face à ses responsabilités, avec une volonté affirmée d'aller de l'avant. Il y a encore une longue route à parcourir, ce n'est que le début, mais il a décidé de quel côté partir, c'est déjà ça. Bien sûr il y aura des embûches, mais il s'en sortira. Pour un temps.

Merci à Eric Ausseil pour les illustrations.

 

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