Caloubadia 2/2
Su Panodyssey puoi leggere fino a 10 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 9 articles da scoprire questo mese.
Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis!
Accedi
Caloubadia 2/2
Deuxième partie : Mélodie vagabonde (23)
Epuiser la signification
Dans sa chanson, Alain Péters explore ce dérèglement des sens à travers quatre éléments qui sont les quatre étapes d'un parcours initiatique, les quatre couplets de Caloubadia : le rhum, le zamal, le miel et l'amour. D'un côté nous avons des psychotropes, herbe et alcools, de l'autre des états émotionnels, le miel étant à prendre ici au sens figuré, mais c'est bien l'ensemble qui agit et réagit, comme les ingrédients d'une recette, une formule chimique.
« Le rhum n'a point l' goût d'vant ou
Le rhum n'a point l' goût»
Le rhum n'a pas de goût comparé à toi
« Zamal pas plus fort que ou
Zamal pas plus fort »
…
« Miel pas plus doux que ou
Miel pas plus doux »
…
« L'amour pas plus fort que ou
L'amour pas plus fort »
Ces quelques phrases sont répétées et répétées encore, comme s'il voulait vider les mots de leur substance, en épuiser la signification. Il multiplie le son « ou » comme pour en diffracter la source, le faire rebondir et l'étirer. L'effet est renforcé par l'usage de simples sons, d'interjections qui font office de refrain :
« Ki lélé lé lé i é
Ki lé lé
(ter) »
Les mots deviennent ainsi une sorte de bouillie informelle qui se dilue dans la musique, « un sous-produit de la coulée musicale ». Alain Péters met ses intentions en pratique, souvenez vous :
Mais en définitive, j'aspire à jouer une musique sans parole où la voix humaine ne serait qu'un instrument au service de l'ensemble de l'orchestration.
Cette fois il y est. L'idée n'est plus de dire les choses mais d'exprimer des émotions par la musique, en se passant du langage, qui n'est plus que tapage. Le sens premier, littéral, se perd au profit d'un sens plus profond, qui n'est plus un langage articulé mais une incantation informelle.
« Caloubadia viens
Viens desserre le frein
Nena dans mon gorge
Viens-là dans ma gorge
Nena dans mon rein
Caloubadia viens
Viens dig dig à moin
Viens me chatouiller
Caloubadia viens (bis) ».
Le sorcier
À présent il appelle le sorcier de ses vœux, l'invoque en quelque sorte. Il veut que la formule fasse son effet. Le rhum, le zamal, le miel et l'amour circulent en lui, passent d'abord par sa bouche avant de se diffuser dans son corps tout entier :
« Nena dans mon gorge
Nena dans mon rein ».
Cette strophe évolue au fil de la chanson, les mots changent :
« Nena dans mon tête
Nena dans mon pied »
puis :
« Nena dans mon tête
Nena dans mon cœur
Nena dans mon pied ».
La magie circule, comme la drogue et les endorphines, de la tête au pied pour atteindre le cœur et enfin révéler la vérité. Mais cette vérité n'est pas dite. Il revient à chacun de faire son propre parcours pour la retrouver.
Merci à Eric Ausseil, autre sorcier.