Les disques Royal
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Les disques Royal
Le temps des métamorphoses (12)
Catalogue
Entre 1977 et 1979, André Chan-Kam-Shu fait paraître 66 disques sur son label Diffusion Royale, parfois référencé en tant que Disques Royal et créé peu de temps après le studio, presque dans la foulée. Cet ancien cinéma se trouve au 8 rue Amiral Lacaze, 97480 à Saint-Joseph. Le numéro de téléphone est le 26-53-13. Sur ces 66 disques, on compte trois albums (LP), volume 1 Tombé levé de Michou (1978), la fille de Narmine Ducap, une jeune chanteuse de 17 ans, Voyage de Noël Gros (1978 également) et Mes idées folkloriques de Daniel Froment, un quatre titres (EP), J'ai trouvé la joie de Jésus de Hosanna, tout un programme (sans date connue, et j'avoue ne pas me sentir l'énergie folle de fouiller les vieux catalogues pour la retrouver) et une cassette : Chante Albany (1978). Pour le reste, ce sont des 45 Tours (7"), production moins coûteuse en termes de temps et d'argent. Le groupe Caméléon, parfois crédité en tant que les Caméléons, accompagne un grand nombre de chanteurs : Pollux, Michou, Hervé Imare, Sulette, Mascotte l'entremetteur. Il est en quelque sorte le groupe maison, mais il serait difficile de faire passer tous ces petits gars au bon groove pour des requins, même si c'est le terme attesté, quoique ce soit plutôt de circonstance à La Réunion. Et quand ils ne jouent pas, l'un ou l'autre membre du groupe a composé la musique ou écrit les paroles : pour Elsie (Tire pas carte) Hervé Imare et Renaud Lacaille, pour Daniel (P'tit Maurice) René Lacaille, pour Léon (Grand-mère Kalle, Oté Baptiste) Hervé Imare et René Lacaille. On remarque au passage que tous les chanteurs de la maison Diffusion Royale, comme ceux de la Star Ac ou des artistes français du début des années 2000, n'ont pas de nom de famille. André Chan-Kam-Shu, le taulier, signe quant à lui trois photos de pochette : pour Julien (J'ose pas te dire), Michel Fontaine (Maloya Macadame) et Daniel Mayer (Que c'est moche la vie). Pas de quoi tomber à la renverse, ce sont à chaque fois les visages des chanteurs en plan plus ou moins serré sur fond de palmiers, de ciel bleu ou d'aéroport, n'empêche qu'il s'implique. Il ne se contente pas d'ouvrir le tiroir-caisse et les portes de son studio, il participe à l'effort collectif.
Echange de bons procédés
Partout dans le studio les gens se rencontrent et interagissent. Ils se côtoient. Ils ne se contentent pas de jouer leur rôle comme des fonctionnaires de la musique : l'auteur, le compositeur, le producteur, les musiciens, le photographe, le chanteur, mais chacun s'implique d'une manière ou d'une autre à plusieurs niveaux, comme s'il s'agissait d'une grande famille, des rouages dans le ventre d'une horloge. On sent un grand esprit de communauté. Le studio n'est pas seulement un endroit que l'on réserve à la journée, le temps d'enregistrer sa maquette avant de repartir, c'est un lieu de vie ou les idées s'échangent, où les amitiés se nouent. Ce qui se passe alors au sein du Royal, dans les murs comme en dehors, rejaillit directement sur le résultat. Alain Péters écrit une chanson qu'Hervé Imare chantera. Plus tard, il lui vend un piano dont il ne se sert plus et Hervé Imare peut à son tour écrire ses propres chansons, qu'il interprétera accompagné du groupe Caméléon. Narmine Ducap arrive au studio avec sa fille pour qui il a écrit quelques chansons et les musiciens de Caméléon, encore eux, prennent en charge l'orchestration et les arrangements. Le chef de la troupe embarque l'un ou l'autre de ses chanteurs dans sa 504 blanche et part pour un shooting photo improvisé. On sent la bonne énergie musicale dont parlait Loy Ehrlich. Rien n'est figé.
Référencement
Trois ans à ce régime et au moins 66 disques parus, peut-être plus, je m'en réfère à la base de données de discogs, plutôt fiable en général, mais on n'est jamais à l'abri d'un oubli ou deux car le site fonctionne avec les contributions de chacun ce qui fait que le nombre d'entrées est toujours en mouvement. Tôt ou tard, les erreurs sont corrigées et le site est de plus en plus complet. Il se peut donc que Caméléon ait en fait contribué à beaucoup plus de projets que la petite dizaine référencée sur discogs. Il faudrait se procurer chaque disque du catalogue et les vérifier un par un, travail coûteux, et pas forcément nécessaire pour le sujet qui nous occupe. Je cherche de toute façon à cerner une tendance, pas à être exhaustif. Je sais par exemple qu'Alain Peters, René Lacaille, Renaud Lacaille, Narmine Ducap, Jean-Claude Viadère, Loy Ehrlich et Bernard Brancard sont crédités en tant que musiciens et choristes de l'album Volume 1 Tombé levé de Michou, pourtant discogs ne les mentionne pas sur le 45 tours Maloya ton tisane, son plus gros succès, et la meilleure vente du label Diffusion Royale, issu du même LP. Or il y a peu de chances que ce 45 Tours ait fait l'objet d'un enregistrement à part. Cela serait une aberration d'un point de vue financier, et on se doute bien qu'un petit label comme celui d'André Chan-Kam-Shu, qui vend uniquement sur le marché local une musique encore très mal vue par les autorités françaises, ne roule pas sur l'or.
Michou au centre, Loy Ehrlich à droite, René Lacaille en bas à droite et Alain Péters en bas à gauche.
Les premiers enregistrements arrivent enfin :
Maloya ton tisane (Michou), c'est par ici.
Tire pas carte (Elsie), est ici.
Merci à Eric Ausseil pour l'illustration du bandeau.