Boris au chant, Serge au piano
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Boris au chant, Serge au piano
En 1955, Boris Vian entame un tour de chant. Jusqu'alors, il n'avait écrit des chansons que pour les autres, dont Henri Salvador ou Juliette Gréco. Cette fois-ci, il interprète lui-même sur scène ses fameuses chansons possibles et impossibles. Celui qui l'accompagne au piano n'est autre que Serge Gainsbourg.
Aussitôt, Gainsbourg tombe sous le charme de cet homme timide et plein de fantaisie, aussi à l'aise avec sa plume que mal-à-l'aise face à la réalité de la scène et du public. Moment de grâce que celui de cette rencontre entre un Boris Vian cristallisant sur sa figure de chanteur, tout proche de la fin de sa carrière et de sa vie, ses identités successives (outre Vernon Sullivan, pseudonyme choisi pour la publication de J'irai cracher sur vos tombes, il a multiplié les noms de plume pour rédiger lettres, articles, comptes rendus, critiques et chroniques : Bison Ravi, Vernon Sinclair, Hugo Hachebuisson, près d'une trentaine au total) et un Serge Gainsbourg qui, quarante ans plus tard, se dédoublerait en Gainsbarre, et démultiplierait son écriture au fil de sa carrière de chansonnier pour une série de chanteuses presque aussi longue que la liste des pseudonymes de Boris Vian : Birkin, Bardot, Bambou, Adjani, Gall, Charlotte.
Près d'un siècle de culture populaire s'est tenu condensé dans ces quelques concerts parisiens où deux figures emblématiques de la chanson se sont croisées et admirées, l'une à la fin de sa carrière et la seconde au début de la sienne.