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Quelques jours avec moi (Claude Sautet, 1988)

Quelques jours avec moi (Claude Sautet, 1988)

Pubblicato 5 lug 2020 Aggiornato 28 feb 2021 Cultura
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Quelques jours avec moi (Claude Sautet, 1988)

"Quelques jours avec moi" est un tournant dans la carrière de Claude Sautet qui cherchait à renouveler son inspiration après un passage à vide à la fin des années 70 et au début des années 80. S'entourant de nouveaux scénaristes et d'un casting rajeuni, il livre une œuvre dont la tonalité diffère de ses précédentes tout en conservant un ADN identifiable entre mille et qui annonce les grands films de la fin de sa carrière.

"Quelques jours avec moi" a surpris à l'époque de par le contre-emploi de Daniel Auteuil qui était alors davantage associé à des rôles comiques du type "sous-doués". Mais même si le rôle de Daniel Auteuil est dramatique, le film détone dans la carrière de Claude Sautet par son aspect tragicomique, satirique voire farcesque et bouffon, du moins dans sa première partie (la suite étant plus conforme au style Sautet des années 70). Le personnage joué par Daniel Auteuil n'en peut plus des faux-semblants de son milieu bourgeois. Après avoir sombré dans la dépression, il décide comme tant de personnages masculins de Sautet d'utiliser son retrait émotionnel du monde pour s'en jouer cyniquement. Ses passages répétés en maison de repos, son mutisme, son goût des chiffres, sa déconnexion émotionnelle, son refus du jeu social qui le fait naviguer indifféremment d'un milieu à l'autre sans y appartenir vraiment sont autant de caractéristiques autistiques frappantes. Il faut dire qu'il a été à bonne école avec sa grande simulatrice de mère (Danielle Darrieux) elle-même manipulée par son amant et sa femme Lucie épousée par intérêt avec laquelle il s'est embarqué dans un sordide ménage à 3 digne d'un mauvais vaudeville. Il décide donc de faire semblant d'obéir aux injonctions du conseil d'administration de la chaîne de supermarchés dont il est le PDG en allant visiter les succursales au bilan douteux en ayant en tête d'y semer la zizanie. Il atterrit dans une première ville, Limoges où dans un premier temps, tout se passe comme prévu. Il se retrouve au milieu d'un panier de crabes de bourgeois de province surmonté par un personnage pittoresque, Raoul Fronfrin, le directeur de la succursale (Jean-Pierre Marielle, irrésistible) qu'il a tôt fait de piéger en démasquant aussi bien la fausse cordialité à son égard que les trous dans sa comptabilité. Mais il se prend si bien au jeu qu'il n'arrive plus à s'arrêter, s'installant sur place et invitant la bonne des Fronfrin, Francine (Sandrine Bonnaire dans un rôle qui fait un peu penser à celui qu'elle tient dans "La Cérémonie" de Chabrol) à venir partager sa vie quelques jours. C'est à ce moment-là que le film atteint des sommets en matière de comique, jouant à fond la carte du choc socio-culturel avec le relooking extrême de Francine, l'arrivée de son copain Fernand (Vincent Lindon) vêtu d'une tenue en jean au beau milieu d'un restaurant de luxe (et commandant de la choucroute!) et surtout le grand moment de la soirée déguisée, morceau de bravoure de vingt minutes où sont invités à la fois les Fronfrin et leurs amis et ceux de Francine, des loubards et des prolos (dont Fernand lui aussi en mode "relooking extrême"). Moment très drôle et inattendu qui constitue le pivot du film en ce qu'il tombe paradoxalement les masques, en particulier celui du couple Fronfrin qui s'avère bien plus intéressant que ce qui avait été montré d'eux au premier abord. Irène (Dominique Lavanant) mêle extravagance et mélancolie alors que Raoul devient le principal artisan de la réussite de la soirée par son talent à désamorcer les tensions comme par son rapprochement avec Martial. De ce mélange des classes et des genres (à l'image du film au fond) naît un groupe qui va devenir un puissant soutien pour Martial, de plus en plus bousculé par Francine qui cherche à le faire sortir de son hibernation mortifère. On reconnaît bien en lui le Max de "Max et les ferrailleurs" qui manipulait son monde au travers d'une femme qu'il payait tout en ne demandant rien en échange avant de perdre tragiquement le contrôle sauf que Martial s'avère en capacité d'évoluer, annonçant Stéphane (joué aussi par Daniel Auteuil) et Pierre. 

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