Augustin, roi du Kung-Fu (Anne Fontaine, 1999)
Augustin, roi du Kung-Fu (Anne Fontaine, 1999)

Quelle découverte ce film! Un vrai cadeau-surprise étant donné que j'étais loin de me douter du contenu. Or dans ce contenu, il y a tout ce que j'aime:
- Un personnage burlesque qualifié de "pierrot lunaire" ou de "doux rêveur" mais qui a surtout de nombreux traits neuro-atypiques le rapprochant de l'autisme: ignorance totale des codes sociaux, phobie du contact, hyper-sensibilité, phrasé particulier, raideur corporelle et relative inexpressivité du visage, intérêts spécifiques, haut potentiel intellectuel à la "Rain Man" (1988) (son apprentissage express de la langue chinoise).
- Un attrait affirmé pour l'Asie qui fait penser à d'autres oeuvres évoquant implicitement ou explicitement l'autisme telles que "Astrid et Raphaelle" (2018) avec le Japon ou "Le Theoreme de Marguerite" (2022) qui se déroule tout comme "Augustin, roi du kung-fu" en grande partie dans le quartier chinois de Paris. J'ai aussi pensé spontanément à "Cherchez Hortense" (2011) de Pascal BONITZER si bien que je n'ai pas du tout été surprise de le voir débouler dans le rôle d'un metteur en scène, de même que Bernard CAMPAN en prof de chinois m'a fait penser à Jean-Pierre BACRI qui est également prof de civilisation chinoise dans le film de Pascal BONITZER. Cet attrait des neuro-atypiques pour l'Asie s'explique au moins en partie par la codification plus claire (et donc plus explicite et plus rassurante) du fonctionnement de ces sociétés ainsi que leur retenue (pour ne pas dire leur introversion), notamment émotionnelle (pas d'épanchements gênants, pas de familiarité déplacée, pas de contacts physiques perçus comme intrusifs etc.)
- J'ai failli le mettre dans le paragraphe précédent mais je me suis retenue (^^) pour celui-ci: un neuro-atypique se sent comme un poisson dans l'eau dans l'univers de "In the Mood for Love" (2000). Alors même si ce film est antérieur au chef d'oeuvre de WONG Kar-Wai, il n'est guère surpris de voir son égérie, Maggie CHEUNG surgir dans le rôle d'une acupunctrice fraîchement immigrée et donc tout aussi déphasée que Augustin qui semble tombé de la lune.On ne le dira jamais assez, Maggie CHEUNG est tout simplement merveilleuse avec son regard profond et son sourire chaleureux et mélancolique à la fois.
- Autre acteur qui accomplit une performance inoubliable dans ce film: Darry COWL. Son personnage n'est autre que le prolongement de celui que Jacques DUFILHO incarnait dans "Un mauvais fils" (1980) de Claude SAUTET sauf qu'au lieu de prendre Patrick DEWAERE sous son aile, c'est le petit frère de Anne FONTAINE, Jean-Chretien SIBERTIN-BLANC qui devient son protégé. On a cette même impression de radar intérieur qui lui fait détecter un "frère" en la personne de cet être si décalé et l'empathie qui se dégage de son visage lorsqu'il le regarde reste en mémoire. Le choix de cet acteur est aussi peut-être un clin d'oeil au rôle qu'il interprétait dans "Les Tribulations d'un chinois en Chine" (1965) de Philippe de BROCA.
Enfin, last but not least, l'apparition brève mais elle aussi marquante de Paulette DUBOST, la Lisette de "La Regle du jeu" (1939) dans l'un de ses derniers rôles.
Comme "Augustin, roi du Kung-fu" est le second volet d'une trilogie, ne me reste plus qu'à découvrir les autres!
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