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Le cerveau d'Hugo (Sophie Révil, 2012)

Le cerveau d'Hugo (Sophie Révil, 2012)

Pubblicato 8 feb 2020 Aggiornato 28 feb 2021 Cultura
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Le cerveau d'Hugo (Sophie Révil, 2012)

"Le Cerveau d'Hugo" diffusé pour la première fois sur France 2 puis multi rediffusé est un documentaire de référence à la fois sur le syndrome d'Asperger et sur le retard considérable pris par la France dans sa prise en charge. Son originalité consiste à mêler des témoignages d'autistes asperger (enfants, adolescents et adultes) avec ou sans leurs parents, des images d'archive et une reconstitution fictionnelle du parcours d'un jeune autiste, Hugo (Thomas COUMANS) de sa naissance à l'âge adulte.

"Vous pouvez avoir un prix Nobel et ne pas savoir dire bonjour de façon socialement adaptée. Ce sont deux facultés distinctes." L'incompréhension face à l'autisme asperger est en partie lié à ce développement fragmenté avec des secteurs de surdouance et d'autres complètement atrophiés. "Il est brillant mais très immature" est un verdict souvent appliqué aux asperger. Le domaine des interactions sociales n'est en effet pas acquis de façon innée comme il peut l'être pour les non-autistes. Parfois cette discordance est si extrême que la personne est complètement murée en elle-même et qu'il lui faut une véritable "kinésithérapie du cerveau" pour qu'elle puisse s'ouvrir au monde et partager son univers intérieur le plus souvent très riche avec les autres. Mais encore faut-il diagnostiquer correctement la nature des troubles autistiques et proposer un traitement adapté. Or la France s'est fourvoyée dans une grille de lecture erronée en considérant l'autisme comme un trouble d'origine psychologique dont les parents seraient responsables. Par conséquent la prise en charge s'est avérée catastrophique avec une multitude de faux diagnostics, des parents livrés à eux-mêmes et culpabilisés et des enfants dont on ne savait pas quoi faire et qui ont passé des années enfermés à l'hôpital psychiatrique alors qu'ils n'avaient rien à y faire. La toute-puissance de la psychanalyse en France a été un facteur déterminant de cette déroute généralisée et explique encore aujourd'hui les réticences à admettre la validité des recherches américaines qui ont prouvé que l'autisme est d'origine biologique et s'explique par une construction et un fonctionnement du cerveau différent de la norme. Un cerveau qui n'aurait pas fait suffisamment le "tri" dans ses connexions neuronales et par conséquent est rapidement submergé par les stimulations sensorielles du monde extérieur tant elles lui parviennent amplifiées et dans leurs moindres détails. Pour un Asperger, le monde est une jungle pleine de bruit et de fureur qui le stresse intensément et dont il sort la plupart du temps épuisé. Quand aux relations avec les neurotypiques, elles sont empreintes de difficultés. Comme l'être humain se fie aux apparences et rejette ce qu'il ne connaît pas ou ne comprend pas, il prend la plupart du temps l'asperger pour un "triso" débile profond à cause de sa posture un peu raide, de son visage un peu figé, de ses yeux fuyants (le contact visuel comme physique est souvent compliqué), de ses stéréotypies comportementales qui l'aident à apaiser ses angoisses (se balancer, agiter les mains comme des ailes de papillon, se frapper les joues, aligner des objets, parler tout seul etc.) L'expérience de l'Asperger à l'école oscille entre la solitude et le harcèlement et à l'âge adulte, l'acquisition de l'autonomie, l'insertion professionnelle et la possibilité de fonder une famille sont autant de défis à relever. Enfin l'intérêt restreint de l'autiste asperger pour un domaine particulier dans lequel il excelle (dans le film c'est le piano et on rappelle de nombreux cas de musiciens ou de scientifiques célèbres qui avaient des traits autistiques marqués comme Glenn Gould et Albert Einstein) peut lui permettre d'atteindre la reconnaissance de ses pairs. Mais c'est aussi un problème car l'Asperger a tendance à s'y enfermer comme dans un bocal puisqu'il le maîtrise et donc s'y sent bien (d'où le goût de nombreux asperger pour le monde sous-marin et pour l'espace, l'un d'eux dit d'ailleurs qu'il se sent comme un "martien chez les neurotypiques"). Son hyper spécialisation dont il peut parler pendant des heures ennuie l'autre sans qu'il s'en rendre compte la plupart du temps.

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