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Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands, Tim Burton, 1990)

Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands, Tim Burton, 1990)

Pubblicato 6 apr 2020 Aggiornato 28 feb 2021 Cultura
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Edward aux mains d'argent (Edward Scissorhands, Tim Burton, 1990)

"Edward aux mains d'argent" est le chef d'oeuvre incontesté de Tim Burton. Alors que tant de ses films récents m'ont déçue, celui-ci atteint la perfection. Il est en effet touché par la grâce et en plus d'une richesse inépuisable.

"Edward aux mains d'argent" est du propre aveu de Burton son film le plus personnel. Il puise sa source dans un dessin que celui-ci avait réalisé à l'adolescence pour exprimer son sentiment d'isolement et d'incommunicabilité avec l'univers de banlieue qui l'entourait. Edward, cet artiste lunaire gothique un peu freak à tendance autiste jurant dans un paysage uniformisé, c'est évidemment lui.

"Edward aux mains d'argent" est structuré comme un conte de fées mais il se rapproche plutôt du mythe et de la parabole religieuse. Edward est le fils d'un inventeur qui à l'image du docteur Frankenstein s'est pris pour Dieu en façonnant un homme à son image à qui il a même donné plus de cœur et de cervelle qu'à la plupart des humains (comme la suite le démontrera). Mais comme le lointain ancêtre de Frankenstein, alias Prométhée, il a été puni par les Dieux en étant frappé par la foudre juste au moment où il allait parachever son œuvre. Edward est donc condamné à rester inachevé et reclus dans sa tour d'ivoire jusqu'à ce qu'une rencontre avec une bonne fée ne le conduise à descendre du monde divin jusqu'au beau milieu de la pétaudière humaine pour lui insuffler la beauté et la grâce du créateur. Le film se teinte alors d'une touche satirique aussi drôle qu'angoissante contre les banlieues standardisées et puritaines de "l'american way of life", ses femmes au foyer hystériques et névrosées, sa vacuité foncière et son conformisme oppressant. Sous cet angle, il est extrêmement proche de "Mon Oncle" de Jacques Tati. Edward comme Hulot est un personnage quasi muet hérité de Chaplin dont l'expressivité passe par le corps et surtout pour Edward, par le regard forcément pur et innocent. Mais à la différence de Hulot, Edward est vite rattrapé par sa dimension christique en devenant l'esclave puis le bouc-émissaire de la communauté "suburbinoise" avant de "remonter au ciel". A quoi tout cela aura t-il servi peut-on se demander? Et bien à sauver une âme, celle de Kim. Winona Ryder a été enlaidie pour l'occasion afin de ressembler à une pom-pom girl dont le rôle principal est de jouer la potiche au bras du Donald Trump junior local dont la beauferie n'a d'égale que la brutalité. Mais lorsque Edward sculpte la glace pour elle c'est une ballerine qui s'élève aussi légère et gracieuse que son enveloppe corporelle était épaisse et vulgaire. Et cet amour-là (car l'amour est la manifestation la plus éclatante du divin) restera gravé en elle pour le reste de sa vie.

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