V

Quelques heures de marche plus tard, l’équipe est arrivée à destination.

Sauf qu’il y a un petit problème : il est plutôt tard et Archibald est trop fatigué pour

lancer un nouveau sort. Line, qui en a tenu compte, décide d’en informer l’équipe.

En plus, ils ne peuvent pas dormir au pied de la falaise ; il y a beaucoup de

Lidulorfs, dans le coin. Ce sont des sortes de loups noirs, au comportement d’une

hyène et avec une force égale à celle d’un ours. Donc, mieux vaut partir au plus

vite, et pour se rapprocher du but, pas d’autre choix que de gravir la légendaire

Falaise du Titan ! Cela fait beaucoup en une soirée, avec tout le monde qui revient

d’un combat éprouvant… Line propose :

- Ecoutez-moi, tout le monde ! Jusque-là nous nous en sommes toujours sortis

grâce à Archibald et à notre esprit d’équipe… Mais vu que ni notre mage, ni notre

moral n’est là, je vais vous proposer autre chose… Nous n’avons qu’à dormir ici,

et…

- Quoi ?! Et les Lidulorfs, alors ? demande un chevalier peureux.

- J’allais y venir ! s’énerve Line, fatiguée. Nous allons nous relayer la nuit pour

veiller sur le camp… Je vais faire un feu de camp et vous (désignant 5 ou 6

éclaireurs), allez chercher des feuilles épaisses pour les lits de tout le monde !

Un peu plus tard, le feu est prêt, les trois quarts de l’équipe dorment et le reste

surveille. Tout se passe bien pour le moment…

Au beau milieu de la nuit, seuls 2 éclaireurs-arbalétriers restent éveillés pour

surveiller : Line et un autre personnage secondaire… Quand ce dernier commence

à ronfler, Line se sent tout à coup moins rassurée. Ses yeux se ferment de temps en

temps… Des ombres apparaissent, l’arbalétrière croit à des hallucinations ! Et

pourtant…

ET POURTANT, le lendemain :

- Line a été enlevée ! crie un éclaireur, qui n’est pas pour autant une lumière,

car la disparition a été signalée deux heures plus tôt.

Archibald le baffe et demande où en sont les recherches. Rachid, un éclaireur

plutôt perspicace, a aperçu des empreintes mystérieuses et en fait part au mage. Ce

dernier se penche vers ces fameuses empreintes, afin de les identifier. Réflexion…

Ding ! Il dit :

- Oh, non ! Des empreintes de dragon Nocif !

Panique générale. Accompagnée de cris de terreurs.

Une dizaine de minutes plus tard, les esprits se sont calmés… Archibald a,

malgré le bruit, trouvé un moyen de retrouver le Nocif, considéré jusqu’à présent

comme COUPABLE ! (J’avais trop envie de dire ça !) Le mage se prépare à

exprimer son idée, quand Rachid intervient :

- Mais, il y a encore plus simple ! (Comme si l’idée avait été exprimée…) Nous

n’avons qu’à continuer notre chemin ! Si nous nous arrêtions à chaque disparition,

nous n’irions pas loin.

Archibald, plein de colère à cause de Rachid et de son idée horrible, explose :

- Mais quelle sociabilité, mais quel humanisme ! « sarcasme ! », « sarcasme ! »

(Oui, c’est de cette façon dont tousse le mage, lorsqu’il est contrarié.) Line est un

de nos meilleurs éléments, et…

- Quoi ? s’interroge Rachid. Du favoritisme ?! Il y aurait des favoris…

- Ce n’est pas ce que je voulais dire, euh… s’explique Archibald.

- Je crois qu’il est temps que quelqu’un de sérieux prenne les commandes, pour

cette grande aventure ! Quelqu’un de raisonnable, de raisonné ! Que ceux qui

suivent la liberté me suivent…

Rachid Oublefacette, de son vrai nom de famille, s’éclipse tel un ninja en

direction de la Falaise du Titan, à 10 mètres d’ici. Une demi-douzaine de traîtres … euh ! … d’éclaireurs se mettent à suivre le révolutionnaire, en direction du

« Mur Céleste », surnommé ainsi par les anciens… Archibald et les seuls

pigeons… (OH ! Je fais plein de lapsus en ce moment !) …les plus fidèles restent,

prêts à affronter un dragon Nocif à mains nues ! Euh … ou pas. Enfin, ils ne sont

qu’une dizaine alors… Cependant, Archibald plein d’espoir (malgré le

découragement de Rachid) se lance dans une mission :

- Bon, jusque-là, tout était prévu… Sauf que RRRACHID (une telle rage ne

peut être cachée) a contrecarré ce que j’avais prévu après…

- C’est-à-dire ? demande un autre personnage secondaire.

- Atteindre le manoir du comte Larun, répond le mage. Juste avant, il n’y aura

qu’à traverser le désert rouge… Mais LA mission à présent est de trouver Line ! Et

je vous demande de chercher du mieux que vous le pouvez, je vous en prie. Après

ça, nous irons à la Falaise du Titan…

La recherche, par la suite, n’a rien donné… Les derniers membres de l’équipe

commençaient à en avoir marre et s’inquiétaient pour Archibald et sa haine de

vaincre. Au bout d’un moment, quelqu’un se lance pour lui demander :

- Grand mage, excusez-moi mais … On pourrait abandonner ?

L’intéressé se retourne lentement et dévoile ses larmes à l’autre en lui disant :

- Allez-y, partez pour la Falaise du Titan… Je reste là.

- Mais … on ne va pas vous…

- Partez, c’est un ordre ! Laissez-moi…

Les membres ont été obligés de partir et de rejoindre la « Team Rachid ». Ce

dernier est justement tout en haut et personne ne se doute de sa tactique, aussi

ingénieuse qu’elle est !

Explication : Rachid Oublefacette, ingénieux ingénieur génialement et

généalogiquement géni, a trouvé le moyen de rivaliser avec la magie bleue : la

science !

De son côté, Archibald est seul, sans espoir. Il se lamente et hésite à rejoindre

« l’autre côté ». Mais soudain, en réfléchissant, il comprend quelque chose… Puis

une autre idée lui vient à l’esprit ! Comme toujours. Le mage fonce en direction de

la Falaise du Titan. Il se pointe juste devant Rachid et lui demande :

- Pour toi, je suis qui ? Réponds-moi franchement…

- Si tu veux : pour moi, tu es un incompétent !

- On peut dire que… je t’ai tiré les vers du nez !

À cet instant, le mage fourre ses doigts dans le nez de Rachid et en retire deux

vers de plusieurs dizaines de centimètres… Quand il les décroche (rappelons la

douleur du pauvre nez innocent !), Archibald tient 2 vers de terre mesurant un

mètre ! Rachid n’en croit pas ses narines… euh ! ses yeux. Le mage se la joue un

peu et saute contre la Falaise en s’accrochant aux pierres avec les vers, tels des

cordes. Vieux mais agile, il arrive à se hisser au sommet, sous les

applaudissements de l’équipe. Une fois en haut, il crie :

- Hé, Rachid ! C’est qui l’incompétent ?

- Euh… répond son rival.

- Et ouais ! Et ouais !

Le mage, laissant tomber TOUTE sa dignité, se met à remuer son popotin

devant ses équipiers. Personne ne réagit, bien trop gênant…

À nouveau concentré, Archibald pense à un détail : « Je ne peux pas utiliser 2

fois le même sort. Zut ! ». Et puis, il regarde le ciel en disant :

- Tiens, il commence à pleuvoir… Oh ! Mais oui !

Le mage re-re-retrousse ses manches re-retroussées et articule :

- Il va pleuvoir des cordes !

Peu à peu, des petites cordes tombent du ciel. Ce qui impressionne toute

l’équipe. Et dans « toute », il y a Rachid ! Ce dernier lève la tête et se prend une

trèèès longue et trèèès lourde corde en pleine poire. Les chevaliers et arbalétriers se

mettent à gravir la Falaise du Titan avec les cordes, sous le regard affectif du mage.

Cependant, Rachid explose de rage et fonce vers le Grand Livre des Sortilèges

ainsi que le Grangil, oubliés par Archibald. Celui-ci a atteint un tel niveau de

maitrise en magie bleue qu’il est capable d’exercer un sort, juste en disant

l’expression ! De son côté, Rachid ne sait même pas comment réaliser un sort mais

tente sa chance. Il prend le bâton magique dans une main, le grimoire dans l’autre

en feuilletant les pages. Depuis le sommet, Archibald crie à son rival :

- Ne te rends surtout pas à la page 258, paragraphe 7 !

Son interlocuteur ne saisit pas pourquoi il dit ça, mais se rend à l’endroit donné.

Sans réfléchir, Rachid articule ceci :

- Les paroles s’envolent, les écrits restent ! (Juste après, il lit dans sa

tête la suite de ce qui est écrit : Phrase interdite.) …

Le mage éclate de rire :

- Ha ! Tu ne me traiteras plus d’inconscient, maintenant ! En fait, tu ne traiteras

plus personne d’inconscient… Car tu ne peux plus parler !

En effet, Rachid s’en rend compte après la moquerie de son rival. Tout ce qu’il

peut répondre à ça, c’est :

- … !

- Qu’est-ce que tu dis ? Je n’entends pas ! se moque Archibald, en tendant

l’oreille. Ha ! Ha ! Ha ! Inconscient !

Le muet ne peut donc pas implorer son aide mais tente de le faire comprendre :

il s’agenouille et fait le signe de prière. Le mage est assez étonné, il est en train de

réfléchir ……… puis commence à s’en aller. Rachid commence à pleurer… quand

le grand chêne bleu claque des doigts. Au-dessus de son ancien ennemi, une trèèès

lourde et trèèès courte corde lui tombe sur la tête. Le muet est heureux de la pitié

d’Archibald, mais découvre par la suite que la corde ne mesure pas plus de 30 cm !

Après plusieurs minutes de marche, l’équipe parvient au légendaire désert

rouge… Loin derrière, Rachid tente de rattraper son long retard, en guise de

punition pour ne pas avoir fait confiance à Archibald. Mais l’équipe ne l’attendra

sûrement pas ! Eux aussi ont compris leur erreur d’avoir cru un traître…

Pour le moment, tout le monde attend devant la limite ardente. C’est le nom

que l’on donne au passage intermédiaire, entre la Falaise du Titan et le désert

rouge. Elle a été formée par les 2 volcans du désert rouge : J’tébrûlé et

Chooocacao.

- On raconte qu’en franchissant cette limite, explique Archibald à son équipe, la

température serait si élevée que l’on s’évaporerait.

L’équipe sursaute.

- Mais ce n’est qu’une rumeur ! reprend le mage avec un petit rire.

- Vous en êtes sûr ? demande un chevalier, peu convaincu.

Archibald lui jette un regard si sombre que l’homme préfère reculer et faire

comme si de rien n’était ! Le vieux mage saisit le Grand Livre des Sortilèges et se met à feuilleter. Quand il semble avoir trouvé, il prend son Grangil. En levant la

tête vers le désert, Archibald déclare :

- Cela ne nous fait ni chaud ni froid !

Aussitôt, chaque membre de l’équipe se retrouve dans une bulle. Ils mettent un

moment à s’y habituer et à supporter la sensation de froid.

Le mage prévient ses troupes :

- Economisez votre oxygène et suivez-moi !

Les 12 chevaliers et arbalétriers emboitent le pas de leur chef et franchissent la

limite ardente. Personne ne ressent la différence de température, tout le monde se

concentre sur sa respiration car c’est là le point faible de ce plan ! Il y a une bonne

distance à traverser … et très peu d’air frais. Le pire serait de croiser une bête

sauvage ou une créature démoniaque ! Prions Hasard…

- Nous sommes à mi-chemin ! rassure le grand mage, après une longue marche

épuisante.

- Ouf ! expire un arbalétrier. Je commence à manquer d’air…

Archibald hésite : si l’équipe se met à courir, les bulles risquent d’éclater ; si

elle continue à marcher, il n’y aura jamais assez d’air ! En réfléchissant très fort à

ça, le mage a une idée ! Comme toujours…

- Carl ! crie-t-il.

- Ouais ?

- Pourquoi tu as accepté de rejoindre l’expédition ?

- Bah… Parce que vous m’avez payé juste apr… (Le mage le baffe) Aïe !

- Mais sinon, pourquoi ai-je pu te payer demander de venir ?

- Parce que je suis un super arbalétrier ! Sans moi, vous pouvez pas réussir cette

expédicure, machin-chose !

- Tu ne manques pas d’air !

Directement, la bulle de Carl se gonfle, gonfle, gonfle… jusqu’à envelopper

toute l’équipe ! La gigantesque bulle assurera l’oxygène pour tout le monde, c’est

sûr ! Mais il y a un autre problème…

- La bulle ne risque pas d’éclater ? s’inquiète un chevalier.

- Aucun risque, le rassure Archibald. La membrane est faite en bave de Dragon

Postillon. Ce liquide peut s’étendre sans lâcher, même au contact de surfaces

rugueuses, ou coupantes. Non, il y a autre chose…

- Un archer-ninja nous a remarqué ! s’exclame le chevalier Brady.

- Oui, ça pourrait arriver… poursuit le mage.

- Il arrive ! Il se prépare à tirer…

- Tu as une sacré imagination, Brady !

Ce dernier l’oblige à tourner la tête pour apercevoir le danger.

- Ah, c’est marrant ça ! Tu parlais d’un … et il est …… Attends une seconde.

Je suis un idiot !

Personne n’ose relever cette remarque (aussi vraie soit-elle…).

Quand l’archer commence à se rapprocher très dangereusement de la bulle

géante, Archibald se détache du groupe. Littéralement. Une bulle indépendante se

forme automatiquement autour de lui. Il marche à présent vers l’archer-ninja, le

plus calmement possible. L’ennemi est un peu inquiet et se demande ce qui va se

passer… En même temps, ça se comprend ! Imaginez-vous seul devant le

légendaire grand chêne bleu… Le danger, c’est qu’on ne sait jamais ce qu’il

prépare !

Archibald affiche un sourire niais et fixe son adversaire d’un air sûr de lui.

L’archer-ninja finit par se ressaisir et prépare une flèche de lave. Instantanément, le

mage parait moins rassuré ! À l’aide de son bâton magique et de son Grand Livre

des Sortilèges, il invoque 2 golems de lave (pour les deux volcans) en déclarant :

- Deux volcans, ça volcoup ! (Si vous n’avez pas compris cette blague

totalement nulle, reprenez le livre depuis le début…)

Etant donné la règle élémentaire de la magie bleue concernant les jeux de mots

et tout-ce-qui-n’est-pas-une-expression, le sort ne marche qu’à moitié.

Autrement dit : les 2 golems sont bien invoqués, ils font peur à l’archer-ninja qui

s’enfuit… MAIS, les créatures ne prennent pas le parti d’Archibald ! Ce qui est

plutôt dommage. Au moment où les « traitres » se retournent vers le mage, celui-ci

comprend et dit :

- Crotte de biquette !

Par la suite, une course-poursuite s’engage ! Heureusement, (ou plutôt : par

Hasard) il n’y a pas plus lent que les golems. Il est donc facile de leur échapper

… SAUF QUAND CE SONT DES GOLEMS DE LAVE QUI PEUVENT

T’ENVOYER DES BOULES DE MAGMA OU FAIRE UN BARBECUE, AVEC

TON CORPS EN GUISE DE CHARBON !!!

Résultat des courses : 3 morts, 6 blessés, 2 jambons rôtis et 1 mage qui ne se

marre plus autant qu’avant ! Mais, finalement, l’équipe s’en sort grâce à Archibald.

« Encore une fois » ? Vous vous dites vraiment ça ? Moi je dis : Archie met sa

petite équipe dans le pétrin et finit par triompher grâce au Hasard ! Encore une

fois ! Calmez-vous, je ne vous incite pas à prier pour lui mais…

BREF ! Quand les golems sont épuisés, l’équipe (ou ce qu’il en reste) en profite

pour continuer son chemin. La traversée est rude mais l’oxygène ne manque pas.

La grande bulle se reforme et tout le monde prie Hasard pour qu’elle n’éclate pas.

Tant bien que mal, les 7 chevaliers et arbalétriers qu’il reste (ainsi que leur

mage, naturellement !) parviennent à la fin du désert rouge.