JOURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE : 6 mai
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JOURNAL DE L’ANNÉE DE LA PESTE : 6 mai
5 mai
Quand la mort vient les regarder face à face jusque dans leur lit, certains êtres pesants s’abrutissent un peu plus comme sous l’effet d’un excès de cet alcool puissant : leur stupidité – mais d’autres se décantent, leur esprit s’allège, ils se simplifient et par là même se nuancent : il leur vient une pensée juste, des attentions moins calculées, peut-être un peu d’amour vivifiant.
Dans un avion pris en otage aux USA les seuls appels et textos étaient des messages d’amour, de compassion, de bonne volonté. Imaginons les pires traders trembler d’une émotion qui n’était pas seulement celle de la mort mais le grand frisson de ceux qui s’abandonnent.
L’avion percute le sol et cette fragilité sera la seule vérité de ces êtres maladroits.
La mort – cette mort-là – n’était encore qu’à nos fenêtres et à nos portes. Elle n’avait rien de la soudaineté imprévisible des grands cataclysmes. Elle était bien plus insidieuse. La mort lente et solitaire avait cependant un avantage : elle était la remémoration de nos vies et la patience de la méditation. Elle avait une unique conclusion depuis les siècles des siècles : nous n’avons jamais assez aimé.
Alors la mort est guérison des cœurs confinés.
à suivre dans :
http://impeccablemichelcastanier.over-blog.com
[L’Ombre d’un doute]