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Annette (Leos Carax, 2021)

Annette (Leos Carax, 2021)

Pubblicato 7 lug 2021 Aggiornato 14 lug 2021 Cultura
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Annette (Leos Carax, 2021)

Spectacle total, plein les yeux et plein les oreilles! On n'aime ou on n'aime pas Leos CARAX mais, déjà intriguée à défaut d'être 100% convaincue par les précédents films de lui que j'ai vu ("Les Amants du Pont-Neuf" (1991) qu'il me faut revoir car je n'en ai plus que des souvenirs flous et "Holy Motors" (2012) que j'avais trouvé inégal), j'ai été séduite par son dernier film tout en contrastes, aussi sombre que flamboyant, aussi osé que virtuose, aussi poignant que grinçant, aussi lyrique que cynique, aussi vulgaire que sublime que j'ai décidé de voir rien qu'en regardant l'affiche: les couleurs (bleu et jaune), la tempête, le trou noir, la petite fille lunaire, la valse sur le pont et Adam Driver, acteur génial dont Carax parvient à extraire ici la substantifique moëlle, sans doute parce qu'il trouve en lui la même "inquiétante étrangeté" que chez Denis LAVANT, étrangeté qui doit faire écho à celle qu'il a en lui-même.

Rien que sur la forme, "Annette" mérite d'être vu: c'est à la fois une comédie musicale dont les airs composés par le groupe Sparks (auteurs également de l'histoire) restent dans la tête ("May we start?", "We love each other so much", l'aria "The Forest"...) et un conte à l'intérieur desquels Leos CARAX se permet toutes les libertés, toutes les fantaisies. En même temps, c'est la terrible histoire de Henry (Adam DRIVER) humoriste de stand up rongé par la frustration et la colère qui de son propre aveu est attiré par les abysses et en y plongeant, va tout perdre: son talent, son public, sa liberté, sa fortune, sa femme et sa fille. Si les allusions à "Metoo" mais aussi à l'exploitation des enfants-stars par leurs parents sont assumées lors de "parenthèses" adoptant avec beaucoup d'ironie le style journalistique people ou déconstruisant des films comme "Titanic" (1997) (la scène de valse sur le pont du bateau), la profondeur du personnage de Henry et la grâce évanescente de la cantatrice Ann Desfranoux (Marion COTILLARD) donnent un caractère franchement opératique au film. Un opéra tragique. Et parallèlement à cette histoire d'adultes, c'est aussi un conte vu à hauteur de la petite fille du couple qu'est Annette. Dans sa vision, son père "la bête") est un gorille (allusion à son surnom d'humoriste, le "gorille de dieu") atteint de la malédiction de Ashitaka dans "Princesse Mononoké" (1997), son mal intérieur prenant la forme d'une tache lie-de-vin qui se répand sur son visage, sa mère ("la belle") est une Blanche-Neige qui a croqué la pomme empoisonnée et elle-même, mi-Pinocchio, mi-Harry Potter est un pantin de bois doté d'une cicatrice sur le front. Une marionnette réduite à l'impuissance et privée de parole mais dotée d'un chant sublime qui ne s'exprime qu'à la pleine lune avant de s'éteindre définitivement en même temps que son âme.

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