C'est trop mental
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C'est trop mental
Des fois, dans le lieu où je reçois, j'aime bien m'arrêter un instant sur un détail, un objet. Ça me semble d'abord complètement étranger à mon monde mais, de fil en aiguille, je vois bien que ça m'est très proche. Une sorte d'arrière-monde.
Là, par exemple, plein de figures de lutte japonaise, le Sumo. C'est du combat mais ça me fait penser au Kamasutra aussi. Parce que quand les hommes se battent c'est homo-érotique aussi mine de rien. L'un n'empêche pas l'autre, au contraire. La bagarre est un alibi pour se rapprocher, se sentir, se toucher...
Et puis, comme c'est là où je reçois, je pense aussi au « combat thérapeutique », tout un art de guérir par le conflit. C'est comme ça que j'accompagne ceux qui se racontent des histoires de malade, en les coinçant de proche en proche dans les cordes de leur histoire justement, en leur collant des raclées aussi. Plus ou moins, parce que tout ça reste symbolique, un travail d'accordage par la parole, par les sens.
Sauf que, des fois, il y en a qui finissent par se plaindre. Oui, c'est « trop mental » gémissent-ils, comme un reproche au fond, comme s'ils voulaient vraiment du corps à corps, du peau à peau. Ça renvoie à toute une part de leur histoire intime où ce lien-là a manqué ou bien au contraire parce que c'était la seule forme de lien, la bagarre permanente. Avec, là encore, toute l'ambivalence et l'excitation du rapprochement. Certains insistent, ils veulent du conflit avéré, du passage à l'acte et puis ils préfèrent aller voir ailleurs. À la recherche d'autres formes de combat. À l'infini...