Conversation sur la peur du télétravail.
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 9 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Conversation sur la peur du télétravail.
Je reçois par Likedin un commentaire et un clin d’œil à propos de mon dernier billet : la peur du télétravail. https://panodyssey.com/fr/article/entrepreneuriat/la-peur-du-teletravail-8k4ghn9sdm94
Le commentaire de mon ami et ex collègue Bertrand Deroulede, développeur de l’offre « manager connecté » chez Cegos.
Ces peurs peuvent s'appuyer sur des faits et aussi être alimentées par des malentendus - cet article de Jean-Louis Muller invite a revisiter l'organisation de l'entreprise et la valeur ajoutée du manager dans ces périodes de transformations de pratiques et d'incertitude. Qui dit peur, dit besoin d'être rassuré et cela passe par des dialogues entre le manager et ses équipes - oui l'unité de temps, de lieu, d'action est démantelée et il est sans doute nécessaire de remettre du lien entre les personnes. Il y a des chemins mixtes à emprunter et non être dans un "tout télétravail" ou "tout présentiel" . Le monde bouge comme le rappelle Jean-Louis Muller et il est utile que les directions générales et les managers donnent du sens à ces transformations pas seulement techniques mais surtout culturelles et préparer les équipes à l'incertitude. Edgar Morin nous le rappelle "attendez vous à l'inattendu"
Et le clin d’œil d’Eva Matesanz, psychanalyste, coach et systemicienne.
« Oui. Plus de peur que de mal 😀
Ce que m’inspirent ces deux interventions :
J’ai accompagné de nombreuses transformations en entreprises, technologiques, organisationnelles et culturelles. Des peurs émergent avant, s’expriment pendant, puis s’estompent après. Elles renaissent ensuite lors d’une prochaine bifurcation. Les peurs sont consubstantielles aux changements.
Les peurs sont inégalitaires. Par exemple lors de l’épisode « bricolé » de télétravail lors de l’épidémie, certains ont eu peur de perdre leur emploi, d’autres d’être dépassés par les outils numériques, d’autres encore, peur d’être isolé, peur de ne pas pouvoir gérer sa trajectoire professionnelle, peur des chevauchements vie familiale, sociale et professionnelle…Notons que des collaborateurs , ayant goûté les libertés du télétravail, rechignent à revenir dans leurs entreprises. Et puis, des salariés obligés à la présence auraient sûrement apprécié le télétravail. Les peurs circonstancielles peuvent déboucher sur des aménagements négociés. En revanche, lorsque le climat de confiance est délabré les peurs ataviques sont plus difficiles à traiter. Citons les peurs d’être ignoré, d’être abandonné, d’être humilié, d’être trahi et d’être traité de manière injuste.
Ceci étant dit , la digitalisation de la production des biens et des services est une bifurcation majeure comme le furent la machine à vapeur, l’électricité, la fusion nucléaire et la génétique. Cela va sûrement déséquilibrer le système actuel. L’intelligence artificielle et la robotique affectèrent des tâches de plus en plus complexes dévolues jusqu’ici aux humains. L’obligation de résultats va supplanter l’obligation de moyens. Le code du travail va être modifié. L’externalisation des compétences va s’accélérer. Le remplacement des carrières par les trajectoires professionnelles va se poursuivre inexorablement.
Il est fort probable que dans les pays européens, les plus protecteurs au monde, ces turbulences soient politisées et conflictuelles. Pour les uns, le télétravail est l’un des facteurs de la mondialisation ultra libérale, et pour d’autres une série d’opportunités pour développer les compétences et construire une trajectoire professionnelle choisie et intéressante. De nombreux chantiers d’accompagnement attendent les dirigeants, les professionnels de ressources humaines, les managers et consultants.