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Conversation avec Benoit et Emmanuel sur la société liquide.

Conversation avec Benoit et Emmanuel sur la société liquide.

Publié le 12 avr. 2024 Mis à jour le 15 avr. 2024 Société
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Conversation avec Benoit et Emmanuel sur la société liquide.

Mon dernier billet sur les sociétés liquides m’a valu force commentaires et controverses. J’en retiens deux, le premier d’Emmanuel Portanery, coach et consultant et le second de Benoit Ripoll Bauza, consultant. 

Les commentaires :

Emmanuel
La matière présente 3 états : Solide, Liquide, Gazeux.

Alors il nous reste plusieurs possibilités : d’un état Liquide imparfait, devenir un état liquide acceptable, ou repasser à l’état Solide d’avant, ou passer à l’état Gazeux dans le futur. Hubert Reeves a dit : « À mesure que l’univers se développe, il se complexifie ».Oui mais,  si nous atteignons un état que nous ne savons pas gérer, c’est comme conduire un bolide au delà de ses limites dans un virage : c’est le chaos et l’accident assuré. Je l’ai déjà écrit : tout Être, tout Corps Social, toute Entreprise, toute Espèce existe notamment par ses Limites. L’animal l’a bien compris, le mammifère humain, non .

Une réponse explicative :

Jusqu’en 1900 environ, les progrès sociaux suivaient une progression arithmétique dans l’esprit humain, de même que les progrès techniques. Depuis le début du 20e siècle, certains en mathématiciens disent que sur le plan social, culturel, et des mentalités, il s’agit toujours de progression arithmétique, Mais que sur le plan technique et scientifique nous sommes passés en progression géométrique.

Le fossé se creuse donc de plus en plus …

Sans l’imposition de nouvelles limites, bref un certain état plutôt Solide, la voie Liquide est ingérable, et la voie Gazeuse encore plus dangereuse. On ne confie pas un bolide à un chauffard, de mon point de vue.

J’aime Bien ton article 😊👌❗️

Benoit 

Pour moi, la société «  liquide » devient trop «  volatile », donc, comme je viens de le lire, «  gazeuse ». Je crois que la société «  solide », pratiquement basée sur l’autosuffisance à différentes strates, avait beaucoup de qualités !
Elle était, par nature:

- économe ( on produisait que ce dont on avait besoin)

- écologique ( peu de déchets, ceux-ci étaient « valorisés »)

- locale ( peu de transports)

- pluridisciplinaire: agricole, artisanale, culturelle…

- autonome ( ne dépendait pas de l’extérieur)

La société liquide, par contraste, est, pour moi :

- gaspilleuse

- pollueuse 

- internationale

- spécialisée ( en caricaturant à peine: Chine= production, Europe = tourisme, Afrique = matières premières, Occident = consommation, Moyen-Orient = religion…)

Le balancier a été trop loin dans le liquide, et devrait revenir plus vers le solide. Et, se stabiliser à un juste milieu. Ou alors, point de balancier et le monde continuera vers le gazeux, pour ne pas dire le vide, le néant.
Je serais, d’une part, plutôt pour une multitude de sociétés solides, au niveau étatique ou régional, dans les domaines fondamentaux:

- production ( autosuffisance industrie lourde et pharmaceutique)

- agriculture ( autosuffisance alimentaire )

- exploitation des ressources naturelles ( autosuffisance énergétique)

- culture ( identité)

- artisanat.

Et, d’autre part, pour une certaine liquidité entre les sociétés solides sur, à la marge, les biens et ressources qui manqueraient à l’une et pas aux autres et vice-versa. En bref, une économie internationale « économe, logique, maîtrisée ». Il ne faut plus que tout un pan de notre vie dépende d’un seul état ou d’une seule région: cf: l’Ukraine et son blé, la Russie et son gaz, les pays arabes et leur pétrole, la Chine et ses usines de produits manufacturés etc…


Ce que m’inspirent ces deux  commentaires. 

Les deux commentaires sont différents et pourtant se rejoignent en évaluant les effets « indésirables » pour leurs auteurs de la société liquide.La notion de "société liquide", popularisée par le sociologue Zygmunt Bauman, décrit une société caractérisée par le changement constant, la fluidité et l'incertitude. 

Voici quelques exemples dans différents domaines en liens systémiques.
Économie : Dans une économie liquide, les entreprises sont souvent flexibles et adaptatives, se concentrant sur l'innovation rapide et l'agilité pour s'adapter aux changements du marché. Les modèles commerciaux traditionnels sont souvent remis en question, avec une prévalence accrue de l'économie de partage et du travail indépendant.


- Organisation  : Les organisations liquides favorisent la collaboration et l'auto-organisation plutôt que les structures hiérarchiques rigides. Les équipes sont souvent formées et dissoutes en fonction des projets, permettant une plus grande flexibilité et une meilleure utilisation des compétences.


- Travail : Le travail dans une société liquide est caractérisé par la précarité et la flexibilité. Les travailleurs peuvent passer d'un emploi à l'autre plus fréquemment, et les contrats temporaires ou à la tâche deviennent plus courants.Management

- Management : Les approches de gestion dans une société liquide mettent l'accent sur l'adaptabilité, la communication et la réactivité. Les managers sont souvent des facilitateurs plutôt que des décideurs autoritaires, encourageant l'innovation et la prise de risque calculée.

- Famille : Les structures familiales dans une société liquide peuvent être plus fluides, avec des modèles traditionnels de mariage et de parentalité de moins en moins prédominants. Les familles peuvent être plus dispersées géographiquement et moins dépendantes des réseaux de soutien traditionnels.

- Politique : La politique dans une société liquide peut être caractérisée par la volatilité et le changement rapide des opinions publiques. Les mouvements politiques peuvent émerger et disparaître rapidement, et les alliances politiques peuvent être plus pragmatiques que fondées sur des idéologies fermes.

- Mœurs  : Les normes sociales et les comportements dans une société liquide peuvent être moins stables et plus sujets au changement. Les attitudes à l'égard du mariage, de la sexualité, de la religion et d'autres aspects de la vie quotidienne peuvent évoluer rapidement en réponse aux influences culturelles et sociales changeantes.

- Les réseaux sociaux, les bases de données collaboratives, le travail à distance, les bas coûts de production dans les pays en voie de développement compensent largement les coûts d’approvisionnement. 

Le solide local, par exemple le logement est très cher et peu accessible pour les couches modestes des pays développés. Le liquide mondialisé, produit des objets et des denrées de moins en moins chers vendus par des plateformes logistiques sophistiquées. Je n’ai pas les moyens d’établir des statistiques mondiales, néanmoins ils me semblent que face aux sociétés liquides coexistent, en s’affrontant parfois, cinq séries d’acteurs.

1- Les multinationales, les start-up « licornes », des réseaux d’entreprises innovantes qui optimisent leurs taux de profit et maîtrisent les méthodes d’optimisation fiscale.

2- Les cadres , ingénieurs et commerciaux mobiles formés dans des écoles internationales et à l’aise dans des environnements multiculturels. Ils maîtrisent les outils numériques et utilisent aisément l’intelligence artificielle. 

3- Les salariés, vacataires ,  prestataires de services, patrons d’entreprises artisanales et agricoles attachés à leurs territoires. Les fonctionnaires déplorant la dégradation des services publics et les méthodes de management issues du secteur privé. Ces acteurs sont très critiques quant aux inégalités sociales et culturelles. 

4- Les élus et gouvernants qui tentent, en les régulant , d’atténuer les effets du mode liquide sur des populations qui ne se perçoivent pas, loin s’en faut,  bénéficiaires de ce système et qui peinent à s’y adapter. Les élus sont perçus par de nombreux citoyens comme n’ayant pas la main sur les évolutions technologiques, scientifiques et économiques. 

5 - Des nostalgiques du bon vieux temps, des organisations politiques, religieuses et syndicales prônant un retour aux valeurs solides et des parcours de vie sécurisés. Des organisations non gouvernementales condamnant les effets délétères du système liquide sur la biosphère. 

Ceci étant dit le système liquide repose sur l’hypothèse que les échanges économiques, commerciaux et technologiques sont des facteurs de coopération et de paix entre partenaires. L’actualité géopolitique ébrèche cette hypothèse. Les belligérants attaquent les flux : routes maritimes, gazoducs, oléoducs,  les sources énergétiques et les réseaux numériques. Face à ces menaces, la tendance est à la solidification : relocalisation de productions stratégiques, investissements sur l’autosuffisance énergétique et campagnes pour favoriser la consommation de produits locaux et saisonniers. 

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