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Le Cyberharcèlement et la Prison du Connecté

Le Cyberharcèlement et la Prison du Connecté

Publié le 12 juil. 2025 Mis à jour le 12 juil. 2025 Société
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Le Cyberharcèlement et la Prison du Connecté

Avant, un problème, un conflit, ça se réglait en face à face, ou ça s'arrêtait net. Aujourd'hui, avec tous ces moyens de communication, le harcèlement est devenu une hydre. On a beau couper une tête, dix repoussent. Les écrans ont transformé nos emmerdes en un putain de fléau permanent.


Faut toujours avoir une connexion pour tout. Vidéos, jeux, musique, la télé, même la bouffe. On est devenus des toxicomanes du réseau. Mais le téléphone, ce truc qu'on tient à la main H24, on ne s'en sert plus pour ce qu'il était au début : un simple moyen de parler, de se donner des nouvelles. C'est devenu une putain de laisse, une chaîne numérique qui nous relie à tous nos démons.


Le pire, c'est qu'on ne sort jamais des conflits. Avant, quand la journée était finie, le problème s'arrêtait à la porte. Tu rentrais du boulot, tu rentrais de l'école, et c'était fini. Le problème était resté dehors, derrière le portail. Souvent, le lendemain, on passait à autre chose, on s'excusait, on tournait la page. Les coups de poing, les engueulades, ça avait une fin. On se battait, et on se réconciliait. Le problème était physique, concret, et il se dissipait avec la distance et le temps.


Aujourd'hui, c'est un enfer sans fin. Que ce soit un conflit avec une personne, ou que ça en arrive dans un groupe WhatsApp qui part en couille, le harcèlement est infini. Même les gosses en sont victimes. Les gamins qui devraient jouer à la marelle sont en train de se déchirer sur des fils de discussion, de se balancer des captures d'écran, de se filmer pour humilier l'autre. Le problème ne s'arrête jamais. Il te suit jusque dans ton lit, dans tes rêves. Il te réveille au milieu de la nuit avec une putain de notification.


On fait durer le harcèlement, jusqu'au drame. Et même après le drame, putain. Quand quelqu'un craque, quand il fait l'irréparable, le harcèlement continue. Les commentaires sous les articles de presse, les blagues de merde sur les réseaux, les jugements à l'emporte-pièce. La mort ne met même plus fin à l'acharnement numérique. La vie de la victime, ou de l'agresseur, est passée au crible par des millions d'inconnus, sans aucune pitié, sans aucun respect pour la dignité humaine. C'est un cirque permanent, et on est tous des clowns ou des spectateurs avides.


Avant, la confrontation était directe. Tu avais un problème avec quelqu'un, tu le lui disais en face, ou tu te battais. C'était cru, c'était physique, mais c'était clair. On pouvait aussi simplement fuir la bataille parce qu'elle ne nous suivait pas forcément. Le silence, la distance, un déménagement, une nouvelle école : c'était des échappatoires concrètes. Aujourd'hui, on se lance dans une bataille sur l'interprétation d'un message, sur le ton qu'on veut bien lui donner en le lisant. Est-ce qu'il a mis un point à la fin pour être agressif ? Est-ce que cette émoticône est vraiment innocente ? Le non-dit est devenu le champ de bataille principal. On projette nos angoisses, nos colères, nos doutes, sur des bouts de texte sans âme.


Le problème, c'est que derrière un écran, on devient des guerriers sans visage, des lâches qui se cachent derrière un pseudo. On dit des choses qu'on n'oserait jamais dire en face. On déforme les propos, on monte les uns contre les autres. La communication, qui devrait nous rapprocher, nous divise. Elle nous rend paranoïaques, méfiants, incapables de lire la sincérité ou l'intention derrière un message. On s'enferme dans des boucles d'interprétation, alimentées par nos propres insécurités et la toxicité ambiante.


Mais le pire dans tout ça, le plus terrifiant, c'est qu'on est même pas capables de s'en déconnecter quand ça arrive. Quand le tourbillon du harcèlement nous aspire, on reste accrochés, comme cloués à nos écrans. Pour plusieurs raisons, toutes aussi tordues les unes que les autres. On a la peur de perdre une miette, une preuve qui pourrait nous servir. La peur de rater ce qui se passe dans le monde, de passer à côté d'une information, d'un événement, même si c'est de la merde.


Et surtout, on a cette putain de peur de ne plus avoir ce conflit avec nous. La peur de se retrouver seul avec le silence. On veut voir qui nous pourrit, qui nous défend. C'est une sorte de masochisme numérique, une dépendance à la douleur et au drame. On est pires qu'un toxico qui ne maîtrise plus sa consommation. On sait que ça nous détruit, mais on ne peut pas lâcher cette dose d'adrénaline, cette soif de savoir ce qui se dit, ce qui se passe. Le téléphone devient une extension de notre anxiété, un hub de toutes nos peurs. Et cette gueule de bois est la plus persistante, parce qu'elle ne vient jamais seule. Elle est toujours accompagnée de notifications.


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