

La Télé, les Pubs et l'Art Oublié d'Attendre
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La Télé, les Pubs et l'Art Oublié d'Attendre
Tu te souviens de la télé ? La vraie, celle avec trois ou quatre chaînes, des programmes à heures fixes et des pubs qui duraient une éternité. Ça te forçait à patienter, putain. Pas de replay, pas de streaming à la demande. Si tu voulais voir la suite de ton feuilleton préféré, tu devais te pointer devant l'écran à l'heure précise, comme un moine devant son bréviaire. Et entre deux scènes qui te tenaient en haleine, tu te tapais des spots pour des lessives ou des yaourts. C'était chiant, oui, mais ça t'apprenait la résilience. Ça t'apprenait à attendre.
C'est ça, la beauté oubliée de l'époque. Cette capacité à différer la gratification. Tu attendais le week-end pour revoir la fille qui t'avait filé son numéro sur un bout de serviette. Tu attendais l'appel, le coup de fil qui ferait vibrer le téléphone fixe de la maison, celui que tout le monde pouvait entendre. Chaque attente était une épreuve, un petit entraînement à la patience. Et quand l'épisode reprenait après la pub, ou que le coup de fil arrivait, la joie était décuplée. Tu avais mérité ta dose.
Les séries, bordel. Des vraies. Pas des pavés de dix saisons à binge-watcher jusqu'à l'épuisement cérébral. Tu avais ton rendez-vous hebdomadaire. Hartley, cœurs à vif, par exemple. Chaque épisode était une petite leçon de vie, un aperçu de l'adolescence, des amours compliqués, des amitiés qui se font et se défont. Tu t'identifiais, tu réfléchissais, tu apprenais des trucs sur la loyauté, la trahison, la passion, tout ça sans un seul influenceur pour te dire comment penser. C'était des personnages en chair et en os (enfin, à l'écran, mais tu vois l'idée), avec leurs galères et leurs triomphes, qui prenaient le temps de vivre et de te montrer la vie, la vraie, avec ses lenteurs et ses incertitudes.
C'était une métaphore parfaite de nos vies et de nos relations d'avant. On était obligés de patienter pour la suite, que ce soit pour savoir si Drazic allait enfin déclarer sa flamme à Anita, ou si la meuf du bar allait accepter ton deuxième rendez-vous. Il n'y avait pas de raccourcis, pas de spoiler en ligne. Le temps avait son importance. Le manque de connexion instantanée nous forçait à construire, à anticiper, à savourer chaque moment d'information ou de contact.
Aujourd'hui, tout est immédiat. Tout est à portée de clic. Les séries se dévorent en une nuit, les relations s'entament et se terminent par des messages lapidaires. On a perdu cette putain de capacité à attendre. On ne supporte plus le vide, le silence, l'incertitude. La patience est devenue un défaut, et le manque une torture insupportable. On est accro à la gratification instantanée, et ça, c'est la pire des sales habitudes. Ça nous rend fragiles, impatients, et fondamentalement insatisfaits. Parce qu'on ne sait plus apprécier la valeur de ce qui ne vient pas tout de suite. Et ça, c'est une sacrée gueule de bois que personne ne peut soigner.


Alexandre Leforestier il y a 20 jours
N'hésitez pas à mettre des tags pour augmenter la découvrabilité de vos publications sur Panodyssey et son référencement via Google Search ))
Paul Badsale il y a 20 jours
comment fait on ?
Jackie H il y a 20 jours
Quand vous rédigez une publication dans une Creative Room, en bas du cadre réservé au texte, vous verrez un champ "Ajoutez un Tag". Vous pouvez en créer à votre convenance ou en utiliser un qui existe déjà (parfois des propositions s'affichent).
Jackie H il y a 21 jours
Quoi, *attendre* ? Quelqu'un *ose* nous faire attendre ? Il ose nous *voler* une précieuse seconde de notre précieux temps ?! Quel crime ! Quelle abomination ! Qu'il soit occis sur-le-champ! (😝)
Paul Badsale il y a 21 jours
On vit une époque "formidable" où on nous a appris que tout ne tombait pas tout cuit dans le bec. On ne veut rien faire et mais on veut tout tout de suite. Je le vis quotidiennement dans mon job, des personnes qui n'ont jamais vraiment rien voulu foutre de leurs vies et maintenant ils veulent tout, de suite, en oubliant que le coté humain est derrière pour valider.
Comment vouloir apprendre au gens à "attendre" lorsqu'on les habitue à ne pas "attendre" ?
La patience est devenue une impatience.
Jackie H il y a 21 jours
Disons plutôt que l'impatience est désormais considérée comme une vertu.
Moi, quand j'étais gosse, on m'a appris que "la patience est la vertu des forts" (à l'époque, je comprenais "la vertu d'effort", ce qui ne manquait pas de pertinence non plus 🙂)
Bruno Druille il y a 23 jours
Bonjour, pas mal ce texte et son titre accrocheur pour moi. Je suggère de contrer la "sale habitude" par une occupation particulière : la recherche d'énigme généalogique. Il s'est écoulé au moins 10 ans pour certains actes entre la première fois où j'ai souhaité les obtenir et le moment où j'ai mis la main dessus. Et j'en ai encore une belle collection qui attend que je puisse me déplacer pour "enquêter" sur place. Franchement, "la gueule de bois" de votre belle conclusion, je ne saurais vraiment pas la décrire.
Paul Badsale il y a 22 jours
les sales habitudes c’est que malgré qu’on le sait, on apprend à zapper sur tout et à regarder ailleurs, à prendre des heures à choisir la meilleure émission ou la meilleure personne, on lit à peine le synopsis pour savoir si c’est intéressant ou non. alors que si nous prenions juste le temps de regarder le film, malgré la bande annonce ou la description désastreuse, on trouverait la chose bien. comment y remédier ? prendre de le temps de regarder jusqu’au générique de fin ?