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Des Vinyles aux Pixels : L'Érosion du Contact

Des Vinyles aux Pixels : L'Érosion du Contact

Publié le 5 juil. 2025 Mis à jour le 8 juil. 2025 Société
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Des Vinyles aux Pixels : L'Érosion du Contact

La musique, c'est peut-être la métaphore la plus crue de tout ce putain de désastre. Tu te souviens des vinyles ? La pochette, le poids du disque dans les mains, l'odeur du carton et de la poussière. Il fallait le sortir délicatement, le poser sur le plateau, baisser le bras et la pointe. Le crépitement avant le son, c'était comme un prélude sacré. Chaque album était un voyage, une œuvre complète. Tu l'écoutais d'un bout à l'autre, des deux côtés. Tu connaissais l'ordre des chansons, les silences entre elles, les interludes. Une expérience tactile, auditive, presque spirituelle. Et si tu voulais partager un morceau avec quelqu'un, il fallait l'inviter chez toi. La musique était une excuse pour le contact réel, un prétexte pour se retrouver, boire un verre, fumer une clope et laisser le son remplir la pièce.


Puis sont arrivées les cassettes. Moins nobles, mais pratiques. Puis les CD, brillants, avec leur son "parfait". Et enfin, le grand glissement. Le dématérialisé. Les fichiers mp3. Puis le streaming. Des millions de chansons à portée de clic. Une bibliothèque infinie dans ta poche. C'est génial, non ? Tu as accès à tout, tout le temps. Sauf que... tu n'écoutes plus vraiment. Tu zappes. Tu crées des playlists qui durent des heures, mais tu ne te souviens plus du nom de l'artiste. La musique est devenue un bruit de fond, une consommation rapide et jetable. Le rituel est mort. Le plaisir de la découverte profonde a été remplacé par la frénésie de la consommation.


Et c'est exactement ce qui est arrivé à nos relations. On est passés du vinyle au streaming. Avant, une relation, c'était comme un album. Il fallait le choisir avec soin, l'acheter, le ramener à la maison. Tu prenais le temps de le découvrir, ses imperfections, ses grooves. Chaque morceau était important, même ceux qui te plaisaient moins au début. C'était un engagement. Il fallait l'entretenir, le nettoyer, le protéger. Tu passais du temps avec, tu te posais pour l'écouter. Et quand tu le faisais écouter à quelqu'un, c'était un acte de partage intime.


Aujourd'hui, c'est le streaming amoureux. Des millions de profils à portée de swipe. On ne cherche plus l'album complet, on veut juste le "hit" instantané. On zappe au moindre signe de "static". On s'ennuie après trois minutes. On ne s'engage plus vraiment, parce qu'il y a toujours un autre "morceau" qui pourrait être mieux, plus excitant, sans les imperfections. On veut la gratification immédiate, le plaisir sans l'effort. On collectionne les "playlists" de rencontres sans jamais vraiment écouter la profondeur d'une seule "chanson".


C'est ça, la maladie de notre époque. Cette surabondance qui nous vide de notre capacité à apprécier. On a tout, mais on ne possède plus rien. On est entourés de connections, mais on est plus seuls que jamais. On est tellement gavés de présence numérique qu'on a oublié la valeur de la présence réelle. Et quand la nuit tombe, et que le silence s'installe, la réalité te frappe. La musique s'arrête, l'écran s'éteint, et il ne reste que le vide.


C'est à ce moment-là que tu te sens vide, que la gueule de bois frappe vraiment, non pas à cause du whisky, mais parce que tu es fatigué de cette course incessante à la "meilleure" version de la vie, de l'amour, de la musique. Tu as juste envie de boire pour oublier ce putain de vacarme constant, cette présence permanente de tout, qui t'empêche de vraiment vivre et de respirer. Boire pour que les pixels s'estompent, pour que les fantômes s'éloignent, pour retrouver ce vieux silence qui te permettait, au moins, de t'entendre penser.


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Commentaires (5)

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Jackie H verif

Jackie H il y a 21 jours

Je vous rassure, j'ai une sacrée playlist de musique mais je reconnais les morceaux et les artistes et je vibre encore en les écoutant 🙂

Mais je vois très bien ce que vous voulez dire en parlant de streaming et de zapping. Le zapping existait déjà du temps de la télé (pratique qui m'énervait au plus haut point...), surtout "pour ne pas perdre le temps pendant les pubs" mais aussi dès qu'il y avait un temps mort ou que l'intérêt baissait... ou bien même si l'émission était bien mais qu'"on avait peur de rater quelque chose de *mieux* qui passerait pendant ce temps-là et qu'on raterait forcément si on ne zappait pas". Bien sûr, la facilite du streaming numérique n'a fait qu'aggravr le phénomène.

Trop de choix tuerait-il le choix ?...

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Paul BadSale verif

Paul Badsale il y a 21 jours

La comparaison la plus parlante serait un menu de restaurant ou de pizzeria, particulièrement la pizzeria je dirais. Soit il y a trop de choix et on sait pas quoi commander, soit il n'y a pas assez de choix et on doute de vouloir commander des choses qu'on connait déjà...

Jackie H verif

Jackie H il y a 21 jours

C'est un fait que si l'être humain confie sa créativité à une IA, on va se retrouver avec une overdose de produits dont le concept de base sera rigoureusement identique et la qualité de réalisation souvent plus que douteuse... autant dire que ça ne fait pas envie...

Paul BadSale verif

Paul Badsale il y a 21 jours

Il ne faut pas juste utilisé l'IA comme un outil de création, il faut savoir la coachée et la dirigée pour qu'elle produise quelque chose qui reflète les intentions qu'on souhaiterait donner. La "collaboration" entre l'humain et l'IA peut produire des résultats étonnants, j'en vendrais mes organes !

Denise verif

Denise Girard il y a 22 jours

Je suis accro à votre écriture.
Merci, je me sens moins seule... avec ou sans whisky.

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