Il y a un jour ou deux, Cédric Simon a publié un texte très intéressant sur la déliquescence de la cohésion sociale dans nos sociétés occidentales qui se noient dans l'individualisme à force de rechercher la liberté (pour faire court). Ce texte très riche m'inspire à titre personnel plusieurs réflexions en sens divers. Je tenais à vous en présenter d'ores et déjà une ici.

En fait, ce texte m'a paru faire écho à un commentaire que j'ai laissé sur YouTube sous une interview vidéo par la chaîne Omerta de Caroline Galactéros, géopolitologue française, dont toute une partie du discours sur le court-termisme et le manque de vision des politiques actuels fait lui aussi écho au texte de Cédric. 

Voici donc le commentaire que j'y avais laissé :

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Les pays européens isolés, même les ex-grandes puissances européennes, ne sont plus des États, et l'Union Européenne n'est pas encore un État (et les ex-États qui la composent n'ont pas tous grande envie de se fondre ensemble en un seul grand État commun, seuls les plus petits sont prêts à le faire parce qu'ils n'ont pas le choix - ils sont trop petits pour faire le poids tout seuls face au reste du monde - mais les anciens "grands" ont trop la nostalgie de leur grandeur passée pour pouvoir s'y résoudre et Caroline Galactéros l'illustre très bien par son discours) alors qui reste-t-il pour remplir le vide ?... C'est là tout le problème...

Maintenant certains diront sûrement que ce vide est voulu... à chacun de voir... moi je dis que la volonté de puissance se nourrit surtout de l'opportunisme : en foire, c'est l'occasion qui fait le larron... et les États-Unis d'Amérique du Nord sont champions pour ce qui est d'être des larrons en foire et de profiter de toutes les occasions... mais ne nous faisons pas d'illusions : si ce n'était pas eux, il y en aurait d'autres, et ce ne sont pas les candidats qui manqueraient à l'appel...

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Ce que j'y ai écrit de l'Union Européenne, j'aurais tout aussi bien pu l'écrire du monde, de la planète Terre dans son ensemble, sans en changer un iota ni une virgule.

Cela me paraît aussi faire écho à cette citation d'Antonio Gramsci :

Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres

Mon cœur est profondément mondialiste. Je suis convaincue que si nous allons au fond des choses, nous ne formons tous qu'une seule et même humanité. Je suis, on peut dire, alter-mondialiste : je suis convaincue qu'une autre mondialisation que celle que nous vivons est possible et pensable. Je rêve d'une autre mondialisation, qui serait avant tout un partage des connaissances et des expériences de toutes nos cultures et civilisations, pour en tirer les leçons et n'en retenir que le meilleur pour avancer. Quitte à paraître idéaliste, naïve et utopiste (oui je sais, à soixante-trois ans, c'est grave, je suis au courant, merci).

Mais la mondialisation telle qu'elle se passe actuellement et dont on a fait une véritable machine à fabriquer de la pauvreté, de l'exclusion et du fanatisme, c'est "non". 

Je sais que je suis loin d'être la seule à le penser.

Beaucoup de gens un peu partout dans le monde, et pas seulement en Europe ni en Occident, sont bien conscients qu'une refondation générale du monde est nécessaire. Nous sommes à peu près tous d'accord là-dessus. Nous sommes tous d'accord pour penser que ce monde est en train de dérailler et de partir à la dérive sur de nombreux plans.

Seulement voilà, "la" refondation, c'est très beau et très bien, certes, mais... quelle refondation ? Sur quel socle ? Sur quelles bases ? Sur quelles valeurs ?

C'est là que plus personne n'est d'accord...

... et c'est bien là le problème... 

... parce qu'il ne suffit pas de s'opposer. Il ne suffit pas d'être tous (plus ou moins) d'accord contre quelque chose. 

Il faut aussi savoir ce qu'on va mettre à la place. Par quoi on veut remplacer ce qu'on veut éliminer. Il ne suffit pas d'être contre, encore faut-il aussi être pour.

Et là, le jour où nous tomberons tous d'accord est encore loin d'être arrivé...

C'est bien pour cela que la révolution n'est pas encore pour demain.

Ni même pour après-demain non plus. 

À moins que, peut-être, une grande catastrophe planétaire type géocroiseur, super-éruption ou guerre atomique précipite brutalement quelques échéances... 

Mais si cela avait le malheur d'arriver, y survivrions-nous ? Et si oui, dans quelles conditions ?...

Peut-être vaut-il mieux ne pas attendre ces circonstances extrêmes pour se poser les bonnes questions... et aussi pour essayer d'y trouver quelques bonnes réponses...

Crédit image : © René Le Honzec