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Méthodologie de l'oppression

Méthodologie de l'oppression

Publié le 14 févr. 2025 Mis à jour le 14 févr. 2025 Société
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Méthodologie de l'oppression

Nous vivons une bien étrange époque.


En France, en l'an de grâce 2025, il devient normal de tenir des propos que l'on croyait encore anachroniques il n'y a pas si longtemps.

Les revendications nationalistes, xénophobes et racistes sont de retour, et elles frappent fort. Touchant tous les esprits sur un très large spectre.

Mais comment est-il possible que des propos aussi infâmes redeviennent entendables à notre époque?

N'avons-nous point appris des siècles passés? Sommes-nous condamnés à revivre les mêmes erreurs, les mêmes horreurs?


J'ose croire que non.

Mais l'humanité est un enfant, elle est jeune et immature. Un enfant, et c'est normal, fait des erreurs, parfois plusieurs fois les mêmes d'ailleurs. Il les répète jusqu'à ce qu'il comprenne la leçon. Peut-être ne sommes-nous qu'un bambin un peu lent à la détente?

J'ose croire que nous disposons toujours de notre intelligence collective qui nous caractérise, celle qui nous pousse à nous dépasser et à nous rendre meilleurs. Quoi que ce dernier mot veuille dire...


(Source: ministère de l'intérieur français)


Mais comment en arrivons-nous là?

Comment se fait-il que régulièrement, la flamme de la haine se ravive, à grand renfort de peur de l'autre, dont on ignore parfois tout?

Comment se fait-il que l'on nous fasse gober des théories absurdes comme celle du "Grand Remplacement"? Et pire: que certains d'entre nous y croient?

Pour sûr les médias ont un rôle absolument essentiel, mais ce n'est pas le sujet que je compte développer ici.

La question qui se pose à moi c'est: "Comment font-ils?" J'essaie d'y répondre à mon humble niveau de connaissance, celui d'un monsieur-tout-le-monde.




  1. Banaliser la violence des mots

Vous l'avez sans doute remarqué, il est devenu impossible d'assister à un débat, de lire un article de presse ou écouter un podcast politique sans avoir ces mots qui reviennent à chaque fois: Immigration - Extrêmes - Radicalisés - Complot- Islamistes, j'en passe et des meilleurs. Cela peut paraître bien peu de choses, mais je pense au contraire que le choix des mots est extrêmement révélateur.

Une société où le débat public fait étalage de mots chocs agitant nos peurs intrinsèques est sur une pente très glissante.

Car oui nous avons des peurs intrinsèques. Et c'est normal, c'est humain. Mais ça ne signifie pas par contre que ces peurs soient rationnelles... Lorsqu' on nous survend des "Submersion migratoire", "Hausses terribles de la délinquance", ou bien encore des "francocides" ( . . .). Ça fait réagir. Et ça peut ne le faire que d'une seule manière d'ailleurs: en faisant peur.

À qui peut-on en vouloir d'être attaché à tout ce qu'il connaît? Et lorsqu'on le menace de tout voir disparaître d'en vouloir au pseudo-responsable montré du doigt: l'étranger.


C'est une stratégie vieille comme le monde: Notre société va mal, mais comment se pourrait-il que ce soit de notre fait? Nous sommes bien trop parfaits, voyons! Non le coupable, c'est forcément l'étranger, qui lui, par nature, est bizarre, pas comme nous, étrange... étranger.


Tout cet argumentaire a été dénoncé et débunké moulte fois, mais bon. Comme on ne le dit jamais essayé: la vérité vaincra., Aussi re-voici les chiffres de l'immigration depuis 2006: Et comme vous pouvez le voir: c'est stable. Aucune submersion en vue. Si ce n'est celle des fake news et des mensonges. (Source Statista)


J'ajoute quelque chiffres du ministère de l'intérieur: Et là aussi on peut voir que si parfois ce n'est pas stable, c'est que cela diminue en fait.


(Source Statista)


Donc non, il n'y a ni "Invasion", ni "avalanche de violences", en revanche, les chiffres des agressions à caractère racistes sont en hausse, comme vu plus haut, comme c'est étrange...


  1. Se présenter comme la victime

"Nous voulons protéger les français"

"Les français ont le droit de vivre"

"Les français méritent..."

"Je me présente devant les français"... Gnagnagna patin couffin


Françaises, français, nous sommes instrumentalisés.

Il est apparemment de bon goût désormais de faire passer les français pour des victimes.

Alors oui, la vie des français est loin d'être toute rose, certains sont victimes de la précarité, de la pauvreté, du chômage, de la dégradation de leurs conditions de vie des conditions d'accès à des logements dignes, j'en passe et des meilleurs.

Pourtant de nos jours, les français sont davantage présentés comme les victimes du monde. Notre cher ministre de l'intérieur, monsieur Bruno Retailleau nous assure que la colonisation de l'Algérie a été "une belle aventure" et quiconque prétend le contraire peut aujourd'hui être considéré comme un anti-français, un traître.

Monsieur Zemmour nous assure que nous sommes au bord de l'extinction et de la guerre civile.

Madame Le Pen affirme que nous devons nous défendre contre l'invasion étrangère.

Monsieur Bardella en appelle au sauvetage de la liberté d'expression lorsque l'on discute de la possibilité d'interdir Tweeter.


C'est la tendance du moment: les français seraient oppressés. Mais oppressés par qui? par quoi?

Ce fantasme de l'oppression vient du fait qu'il est inentendable aux oreilles de nos chers représentants que quiconque d'autre puisse être davantage opprimé que nous.

Des étrangers fuient la guerre et la misère? "Qu'ils retournent en Afrique!" entend-on sans complexe sur les bancs de l'assemblée nationale.

Des personnes fuient la famine? "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde!"

Des ukrainiens fuient la guerre? "Il est de notre devoir de les accueillir!" tiens, c'est étrange ça, pour ce coup là le discours a changé. Et cela pour une excellente raison: les ukrainiens sont blancs. Du coup c'est un peu comme si ils étaient comme nous.


D'ailleurs je ne résiste pas à l'idée de vous montrer les chiffres de notre générosité... C'est éloquent.


Le racisme est le moteur du dénigrement: Non il n'y a pas eu de "belles heures" de la colonisation. Oui on le sait que la France a construit des routes et des hôpitaux en Algérie. Et je ne veux pas gâcher vos rêves, mais ceux qui les ont construit, à base de travaux forcés, ce sont bien des bras algériens. Et pour qui étaient réservés ces hôpitaux? Spoiler: certainement pas pour les algériens.


Notre pays s'étonne après avoir organisé depuis presque deux siècles maintenant le pillage en règle des ressources naturelles de l'Afrique que sa population décide d'aller voir ailleurs, au hasard: chez les voleurs! Après tout on doit bien vivre après avoir tant pillé, non?

Quelle ne doit-pas être leur surprise en arrivant sur le sol français de découvrir qu'ici, ce sont eux les "voleurs"!


À l'heure où le réchauffement planétaire est en marche, que dis-je, au triple galop!

Qui va croire qu'il suffirait de quelque lois pour empêcher des gens de venir vivre là où c'est encore possible?

Qui peut en toute honnêteté croire que l'on puisse empêcher quiconque de tout simplement chercher à vivre?

Si c'est cela la France du XXIe siècle, peut-être bien que nous méritons de disparaître...




  1. Organiser l'oppression systématique des minorités

Après avoir bien fait penser à tout le monde que la victime c'est nous, alors il n'y a désormais plus de limites.

Ben oui, puisque nous sommes des victimes, c'est que nous avons le droit de nous défendre.

Et là, on observe une recrudescence des actes innommables.

Après tout pourquoi se priver? c'est de la légitime défense! On nous a attaqués!


Et si vous pensez que nous n'en sommes pas encore là, je vous présente Mr l'ancien maire de Saint-Brévin Au milieu de ce qu'il reste de ses véhicules et de sa maison. Mr le maire devait annoncer l'ouverture d'un centre d'accueil d'urgence pour migrants sur sa commune. Le feu a été déclenché par des militants xénophobes alors que lui et son épouse étaient présents chez eux.


En France, l'extrême droite représente l'une des factions les plus productive en matière de terrorisme.


L'assassinat de Djamel Bendjaballah (source France bleu) L'article oublie cependant de préciser que Djamel a été écrasé une première fois, puis une seconde en marche arrière histoire de bien faire le travail, hein. on ne fait que se défendre après tout.



  1. Conclusion

Tout ceci a de quoi glacer le sang.

Mais vous pouvez faire quelque chose.

Votre avis et votre volonté comptent. Ne l'oubliez jamais.


Vous avez le droit et même le devoir de vous exprimer. C'est ainsi que fonctionne la démocratie, que vous soyez en accord avec mes mots ou pas d'ailleurs. C'est le moteur de notre société: le débat public. Et il est grand temps de lui rendre ses lettres de noblesses et de Grand-Remplacer nous-mêmes les fumisteries dont on nous abreuve.


Envoyez-moi tous ces chroniqueurs, pseudo-experts à la mords-moi-l'noeud à la poubelle, et remplacez les par des citoyens.

Des citoyens impliqués dans la santé mentale de leur pays, parce qu'ils l'aiment et qu'ils souhaitent continuer à l'aimer!

Car ce sont eux les véritables patriotes.

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