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Deuxième partie : La remise en question - Chapitre 10 : La migration - Section IV : Les différents visages de la migration... - Séquence a : Une grande diversité

Deuxième partie : La remise en question - Chapitre 10 : La migration - Section IV : Les différents visages de la migration... - Séquence a : Une grande diversité

Publié le 25 oct. 2024 Mis à jour le 25 oct. 2024 Société
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Deuxième partie : La remise en question - Chapitre 10 : La migration - Section IV : Les différents visages de la migration... - Séquence a : Une grande diversité

De plus, si l'on veut bien y regarder de plus près en faisant abstraction des clichés habituels, on s'aperçoit assez vite que "étranger" n'égale pas "étranger" et que "migrant" n'est pas égal à "migrant"

Et je ne parle ici ni de nationalité, ni de langue, ni d'ethnie, ni de choc culturel ni même cultuel. 

Le concept de "migrant" est en réalité bien plus large qu'on l'envisage habituellement. 

En fait, il n'est même pas forcément lié au travail. 

Qu'est-ce au juste que la migration ?

Alors que la plupart du temps, dans la conversation courante, dans les discours habituels des politiques et des sociologues, dans les clichés habituels et comme je viens moi-même tout juste de le faire, quand on parle de migrants et de migration, c'est toujours lié au départ au travail et au marché de l'emploi. Même les habituelles problématiques d'intégration tournent en fait autour du travail. 

Mais tous les migrants ne migrent pas parce qu'ils cherchent du travail

Ils ne migrent d'ailleurs pas nécessairement parce qu'ils cherchent un emploi. Les migrants des origines de l'humanité cherchaient sans doute des terres plus fertiles ou une nature plus abondante, mais ils ne cherchaient pas "un emploi". En tout cas pas au sens où nous l'entendons de nos jours. 

Mais ce que tous cherchent peu ou prou, quelle qu'en soit la forme et quelle qu'en soit la façon, c'est de meilleures conditions de vie. Pour eux-mêmes ou pour autrui. Pour leur famille ou pour le monde. C'est cela qui définit la migration par rapport à d'autres formes de voyage : la recherche de meilleures conditions de vie. Et on peut ajouter que c'est même la forme la plus ancestrale du voyage, peut-être la première raison, historiquement, qui a poussé l'homo sapiens sur les routes du monde.

Des différentes raisons possibles de migrer

Sauf qu'il y a beaucoup de façons différentes de chercher de meilleures conditions de vie. Et aussi beaucoup de critères à prendre en compte.

Ce que je veux dire, c'est que l'on ne peut pas comparer

- un "retraité au soleil" qui ne fait que vivoter avec sa petite pension dans son pays d'origine mais qui peut vivre comme un roi s'il décide de passer ses "années dorées" dans un pays au climat plus agréable où le niveau de vie est beaucoup moins élevé

- un naturalisé rebelle qui se sent plus d'affinités avec une autre culture que celle où il a grandi (façon Richard Bohringer ou Gérard Depardieu) - on pourrait à la limite l'appeler un "réfugié culturel"

- un hippie ou un "van lifer" ou autre "globe-trotter" qui choisit de parcourir le monde à la recherche d'autres modes de vie (cette catégorie étant à vrai dire plus apparentée au touriste, c'est en fait un touriste qui a fait du tourisme toute sa vie et  tout son mode de vie), 

avec :

- un réfugié politique qui fuit la guerre et/ou la persécution, 

- un travailleur humanitaire qui couvre hors de son pays des besoins censés être ponctuels mais souvent beaucoup plus durables, ce qui l'amène à rester dans son pays d'accueil à plus long terme que prévu,

- un chercheur ou un professeur d'université qui fait des recherches à l'étranger ou qui y participe sur place pendant un temps plus ou moins long, 


ni avec : 


- un employé d'une base militaire étrangère, qui la plupart du temps vit en vase clos avec ses compatriotes et/ou ses alliés sur sa base et n'a que peu voire pas du tout d'interactions avec la population locale, ne serait-ce que pour de passablement évidentes raisons de sécurité,

- un colon qui s'installe d'autorité à l'étranger comme en pays conquis (d'ailleurs la plupart du temps c'est le cas, il est en pays conquis et soit il fait lui-même partie des conquérants, soit il est en très bonne intelligence voire en cheville avec eux), 

- un ressortissant de puissance occupante qui fait partie d'une administration d'occupation,


ni avec :


- un fonctionnaire international d'une institution supranationale ou de l'une de ses agences (c'est là un phénomène passablement récent, qui s'est développé surtout au siècle dernier, mais actuellement il y en a de plus en plus avec toutes les organisations internationales qui voient le jour, qu'elles soient politiques, économiques ou culturelles), 

- un membre de corps diplomatique qui représente son pays d'origine à l'étranger dans son pays d'accueil,


ni avec :


- un travailleur de haut niveau (cadre de banque ou de grande entreprise, multinationale si ça se trouve) qui est souvent détaché et tout aussi souvent employé par une entreprise qui a son siège dans son pays d'origine

- un chef de projet recruté à distance pour la durée déterminée de son projet par une entreprise ou une organisation établie dans son pays d'accueil

- un étudiant étranger qui a trouvé opportunités et attachement durable dans son pays d'accueil


ni avec :


- un ouvrier migrant recruté à distance par une entreprise de son pays d'accueil

- un descendant de travailleur migrant de deuxième, troisième, quatrième ou énième génération, 


et encore moins avec : 


- un candidat chef d'entreprise qui veut monter sa boîte dans un environnement économique favorable à l'entreprise et à ceux qui sont prêts à prendre des risques,

- un demandeur d'emploi qui cherche du travail à l'étranger tout à fait légalement de sa propre initiative et qui en trouve dans son pays d'accueil,

- un immigré clandestin qui veut tenter sa chance parce qu'il part du principe que même si son sort s'annonce difficile, il sera toujours meilleur (ou moins mauvais) que celui qui l'attend dans son pays d'origine,


ni non plus avec : 


- une famille d'émigré qui a rejoint ce dernier dans son pays d'accueil, bon gré mal gré, dans le cadre d'une forme ou l'autre de regroupement familial


Tous ces gens-là, tous, sans exception, sont des migrants. 

Mais tous ne vivent pas la même migration. Et tous ne migrent pas pour les mêmes raisons. Ni non plus dans la même direction, d'ailleurs.

Ce qui nous fera remarquer au passage que les raisons de migrer, elles aussi, se sont multipliées depuis que les gens peuvent plus facilement se déplacer - et depuis qu'avec cela, les différents pays sont en contact plus étroit les uns avec les autres au lieu de vivre et d'évoluer séparément repliés sur eux-mêmes dans une relative ignorance des autres, dans une relative indifférence par rapport à eux et sans même avoir de contacts d'aucune sorte avec eux, pas même une représentation diplomatique. 

Et c'est là aussi que l'on réalise à quel point les discours que l'on entend le plus souvent à propos de migration ne concernent en réalité qu'une partie relativement réduite de tout le vaste ensemble des migrants - un ensemble dont une vaste majorité, en fait, ne fait jamais l'objet d'un discours officiel ni médiatique. La majorité silencieuse ? qui ne fait pas parler d'elle mais qui travaille ? et qui fait partie du "pays qui se lève tôt" ? C'est en tout cas une hypothèse intéressante à considérer...

Et tous ces migrants ne sont pas accueillis ni acceptés de la même façon par les autochtones de leurs pays d'accueil... Pour le dire clairement : tout en présentant exactement les mêmes différences, même celles dont on dit tout le temps qu'elles posent problème, certains seront très bien tolérés sans le moindre souci tandis que d'autres se feront regarder de travers. Ce qui semble vouloir dire que ce qui pose vraiment problème, c'est moins le fait de migrer en soi que la façon dont on migre. Tout le reste étant au fond anecdotique. 

 

Crédit image : © exposition "Foules", Paris, 2023

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