Chapitre 4
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Chapitre 4
Bip… Bip… Bip…
La porte s’ouvrit dans un grincement sinistre, deux silhouettes masculines se découpaient dans l’obscurité, leurs voix résonnant comme une menace sourde.
- Est-elle réveillée ? murmura l’un, l’angoisse perçant son ton.
- Je pense que ça ne va pas tarder, répliqua l’autre, sa voix tranchante, trahissant son irritation. Le sérum a dû l’assommer. Tu n’aurais jamais dû en mettre autant, imbécile !
Leurs pas s’approchèrent du lit, une tension palpable s’établissant dans l’air lourd de menace.
- Mais j’ai juste suivi les instructions ! Une dose pour chaque bras.
- Non, idiot ! Ce sont les doses pour un homme adulte, pas pour une gamine de 17 ans ! Tu aurais pu la tuer. Je vais devoir le signaler au boss.
Un silence pesant s’installait, lourd de conséquences, avant que la porte ne se referme enfin, plaquant de nouveau l’obscurité contre mes yeux.
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Ils sont partis, et je réalise que je retenais mon souffle comme si ma vie en dépendait. Quand leurs pas s’atténuèrent à l’extérieur, la panique m’envahit, me faisant m’effondrer sur le lit comme un oiseau blessé.
Je me suis demandé ce qui se passait, le mot "dose" résonnant dans ma tête comme un avertissement. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Pourquoi n'étais-je pas morte ? Et ce "boss", qui pouvait-il être ?
À peine avais-je le temps de laisser mes pensées dériver qu’une sirène stridente déchira le silence.
Oh non… Pas ici, pas maintenant…
Je frémis. Les résistants nous avaient prévenus : le son de ces sirènes était plus douloureux que n'importe quel souvenir, une torture destinée à ceux qui avaient échappé à la capture. La mémoire me frappa avec la brutalité d'un coup de poing ; je me levai, prête à affronter les visions cauchemardesques qu’elle invoquerait. Pour l’instant, rien ne se manifesta, mais je ne pouvais pas prendre de risques.
La pièce était une prison, sans fenêtres ni issues apparentes.
- Évidemment, idiote, murmurai-je à moi-même, ma voix tremblante.
Les murs étaient peints d’un bleu glauque qui semblait suinter de désespoir. Le lit, au milieu de cette chambre sterile, était entouré d’instruments médicaux militaires. Mais un objet attira mon attention : un second lit, occupé par une silhouette immobile.
Je frémis en réalisant ce qui se cachait sous ce drap.
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Je crains les chiens. Ça peut paraître absurde, mais leur comportement erratique me terrifiait. Je n’avais jamais pu surmonter le traumatisme de l’attaque dont avait été victime Ruby, ma meilleure amie. Elle avait été brave, même après une journée à l’hôpital, mais moi, je n’avais pas réussi à tourner la page.
L’ironie était que mon père était bénévole dans un refuge. Il avait tout tenté pour m’aider, m'emmener avec lui, au parc, aux concours canins. Et un jour, désespéré, il adopta un chien. Cloud, un jeune Samoyède tout en poils et en énergie, dont le seul désir était de m’apporter réconfort. Au début, la peur dominait, mais peu à peu, son affection m’avait appris à aimer à nouveau.
Mais cette affection avait pris fin trop tôt. Cloud était mort dans un accident, et la culpabilité de ne pas l'avoir tenu en laisse me hantait encore. Huit ans plus tard, le revoir en face de moi à ce moment précis me jetait dans un chaos émotionnel.
Et maintenant, voir Ruby allongée sur ce lit à mes côtés me faisait comprendre que mes souvenirs n’étaient plus mon refuge. Ils étaient devenus des armes à double tranchant, menaçantes et vivantes, me forçant à affronter un passé que je croyais enfoui à jamais.