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Transparence

Transparence

Publié le 29 mars 2023 Mis à jour le 21 juin 2024 Poésie et chanson
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Transparence

"Elle m’est apparue un soir de titubance, alors que je tentais de regagner ma couche.

Mon campement de fortune se dressait tant bien que mal au beau milieu de nulle part,

à quelques pas d’une rivière peu avare en ombres argentées qui, bien que farouches,

savaient, une fois apprivoisées, contenter mes diverses carences de protéines et d’espoirs.

 

Elle m’est apparue, flottante, là, juste devant, gracieuse et vêtue de blanc.

Ses cheveux d’un noir intense

semblable au crin d’une sombre jument éternellement indomptée,

histoire que les légendes aiment conter,

et qui, depuis bien longtemps,

attise les convoitises des virilités

désireuses de lui ôter sa liberté.

Elle s’est avancée puis arrêtée,

à quelques mètres,

assez pour la voir,

trop peu pour la toucher.

Ses iris bruns semblaient, je le crois,

lire en mon être, en mon cœur élimé.

Elle s’est arrêtée puis m’a pointé du doigt, marmonnant quelques mots

que je ne savais comprendre,

puisqu’ils étaient de ces langues

que l’on ne nous apprend pas,

que d’aucuns diront mortes ou futiles.

Pareilles à toutes ces vieilles choses

que ce temps voleur

n’a de cesse de nous prendre,

comme la beauté des roses

et les jeunesses fragiles.

 

Je me disais ‘’mirage’’, ‘’hallu de beuverie’’ résultante d’une trop longue nuit.

Je rêvais à ma tente,

à m’y choir prestement,

après avoir gerbé le trop-plein d’oubliance,

élixir béni des échoués de cette vie,

qui voient dans ces gouttes

comme une délivrance.

J’ai contourné la chose,

préférant ne pas y passer au travers.

Un spectre est un spectre,

quels que soient ses charmes

et loin de moi

l’envie de mordre la poussière

transpercé par une qui se voulait une arme.

 

J’ai donc repris ma route,

mon errance du soir,

ma marche inélégante.

J’ai vomi mon whisky,

regagné mon plumard

et laissé la flottante

effrayer d’autres égarés,

d’autres tombés de cheval.

J’ai déjà eu mon lot de gonzesses en cavale.

Il en va toujours de même

avec les femmes qu’on aime,

qu’elles soient de ce monde

ou de celui des ombres.

Elles ont le pouvoir de vous donner la vie

et de vous la reprendre

si le cœur leur en dit.

c’est ainsi…

 

J’ai connu

bon nombre de soirs de titubance,

mais jamais plus

je ne vis la moindre Transparence…"

Extrait de ''Nous n'étions que des Pantins sans filtre''

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