Mort aux sens
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Mort aux sens
D’où me vient ma folie ? Et ma tachypsychie ?
D’où me vient la voix venimeuse que je vois,
Passant sur ma peau par cent coups de soubresauts ?
Elle est formée du bruit, des murmures sifflants,
Que j’entends en tout temps, que me porte le vent :
Le craquement perçant de cent brins de cheveux,
Les bâillements, les grincements en temps pluvieux.
D’où me vient cette terrible haine en mes veines,
Empoignant, battant, mon pouls nourri de grisou ?
Elle vient de l’âcre toucher, d’heurts en mon corps,
Que m’offre chaque mouvement sans nul remords :
Les maints brûlants effleurements de chaque habit,
Chaque contact, autant de poignards en mon lit.
D’où me vient ce tremblement goûté en excès,
Assaillant mon crâne, sans pudeur, de sa saveur ?
Il est forgé par les lubies des lumières,
Que me dévoilent nombre d’œillades ordinaires :
Les mille détails de vues à tout temps changeantes,
L’orchestration confuse, de couleurs dégoûtantes.
D’où me vient ce désir d’arracher sans pitié
Ma bouche, mon nez, mes yeux, ma peau, et mes oreilles ?
Mon âme moribonde, mon esprit, mes pensées,
Que le monde a abusé de vous sans pareil !
Bien que je me démène tel un forcené,
Me mords avec la plus maniaque des rages,
Mes misérables efforts, frénétiques, effrénés,
Échouent devant cette énigme source d’orages :
Trouver comment diable s’évader de sa tête
Sans l'égarer tel un fou amok dans sa quête.