

CONTES - version complète
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CONTES - version complète
Le Cœur Creux
« Dix Contes pour Apprivoiser la Nuit »
DE ROBIN
LE CŒUR CREUX – 10 CONTES POUR APPRIVOISER LA NUIT.
Ils marchent dans les bois.
Ils parlent tout bas.
Ils dorment avec des ombres sous les paupières.
Ce recueil contient dix contes perdus, murmurés par ceux que l’on n’entend plus.
Des histoires de cœurs creux, d’arbres tristes, de miroirs menteurs et de silences qui dévorent.
Ils ne sont ni à lire pour se distraire, ni à raconter à la veillée.
Ce sont des contes pour ceux qui traversent la nuit en solitaire.
Vous tenez entre vos mains l’un des dix seuls exemplaires au monde.
Ce livre n’existe que pour être trouvé par ceux qui le cherchent.
DE ROBIN – AUTEUR – LIVRE N°3
Ce livre est un recueil de contes sombres et poétiques.
Ils parlent de douleur, de dépression, de disparition lente.
Ils ne guérissent pas, mais ils tiennent la main.
Si tu te reconnais dans ces pages, sache que tu n’es pas seul.
Il ne cherche ni gloire, ni profit, seulement à exister.
Livre écrit entre 2021- 2025 (receuil de contes choisi par l'auteur)
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Tous les textes de ce recueil et des autres livres en format papier et numérique sont la propriété de leur auteur.
Ils sont protégés par le droit d’auteur dès leur création. Ce livre n’est ni libre de droit, ni à diffusion libre. Il a été écrit, imprimé, et distribué à titre non commercial dans une démarche artistique et personnelle. Toute copie, reproduction, publication ou adaptation sans autorisation écrite de l’auteur est interdite.
Auteur : DE ROBIN
Date : avril 2025
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Autres livres de l’auteur
Tous les textes de cet auteur — qu’ils soient imprimés ou numériques — sont réunis au même endroit pour exister, respirer, être partagés.
Ils sont disponibles en format audio (voix et/ou narration sous-titrée) sur YouTube,
pour les malvoyants, les fatigués du silence, ou ceux qui veulent simplement écouter avec le cœur.
Retrouve-les ici :
Chaîne YouTube : « DE ROBIN »
(Tape simplement "Le Cœur Creux + DE ROBIN" sur YouTube pour les retrouver.)
Disponible à partir du 17/04/2025
Autres titres de l’auteur :
- Le Cœur Creux (ce recueil) – 2025
à venir :
- AUTOPSIE DE Mr MILAN TORCOL – 2021
- Nouvelle vie - 2022
- Le chant du silence – 2024
- Thérapie – 2024
- Poèmes et autres textes- 2025
D’autres textes viendront.
Ils seront tous disponibles gratuitement, en mots ou en voix.
La Fille au Cœur Creux
Il était une fois, dans un village isolé entre brume et silence, une fille qui naquit sans battement dans la poitrine. Les sages femmes l’écoutèrent longuement, la main posée sur sa peau pâle. Rien. Pas un souffle de tambour, pas un frisson d’âme.
On dit que les corbeaux tournèrent au-dessus du toit cette nuit-là.
En grandissant, la fille restait douce mais distante, comme si quelque chose en elle ne voulait pas s’attacher au monde. Ses yeux voyaient, mais ne brillaient pas. Son rire sonnait juste, mais creux. Les enfants l’aimaient, mais s’en allaient vite. Les fleurs fanèrent toujours plus vite là où elle s’asseyait.
Un soir d’hiver, alors qu’elle marchait seule dans les bois, elle croisa un corbeau aux plumes bleutées, plus ancien que le vent lui-même.
— Tu as un trou là où les autres ont un feu, dit-il. Mais je peux te donner un cœur. Un vrai.
Elle le regarda, sans surprise.
— Et en échange ?
— Ton dernier souffle, quand il viendra. Ni avant, ni après.
Elle acquiesça sans hésiter. Elle ne tenait pas à ce souffle plus qu’à une buée sur une vitre.
Le corbeau ouvrit une aile, et de dessous sortit un petit cœur noir, comme sculpté dans de la cendre. Elle le prit, le glissa en elle.
Le monde changea. Elle sentit le poids des choses. La douleur. La beauté. Le manque. Tout, d’un coup. Elle se mit à pleurer. Puis à rire. Puis à tomber à genoux, ivre de trop d’émotions.
On dit que depuis ce soir-là, elle marche dans les forêts, une main toujours posée sur sa poitrine. Elle sourit aux passants, les yeux pleins d’orages. Mais parfois, dans le silence, on entend un corbeau rire doucement au-dessus d’elle.
Et parfois, elle s’arrête. Elle écoute le vent.
Peut-être qu’elle sent le souffle approcher.
Le Puits des Soupirs
Au bout d’un champ oublié, là où l’herbe ne pousse plus et où les pierres pleurent la nuit, un garçon découvrit un vieux puits abandonné. Personne ne venait là. Les anciens disaient que ce puits n’était pas fait pour l’eau, mais pour les larmes.
Il s’en approcha doucement, attiré comme on l’est par ce qu’on reconnaît sans connaître.
Il s’assit au bord et murmura :
— Je suis fatigué.
Le puits ne répondit pas. Mais il absorba les mots, comme une éponge assoiffée.
Alors le garçon revint le lendemain. Et le surlendemain.
Chaque jour, il déposait en secret ses douleurs :
— Je n’arrive pas à respirer dans ce monde.
— Je ne suis pas fait pour ici.
— Je veux disparaître, mais je ne veux pas mourir.
Et chaque jour, le puits s’assombrissait. Il n’y avait pas d’écho. Juste un silence qui se gorgeait lentement.
Un matin, il vint, mais ne dit rien. Il n’avait plus rien à donner. Il n’y avait plus de colère, plus de larmes. Juste une absence.
Il se pencha, lentement, pour regarder à l’intérieur.
Il ne vit pas l’eau. Il se vit lui-même. Ou plutôt : ce qu’il avait laissé là. Toutes ses douleurs, toutes ses phrases. Elles étaient là, tournoyant lentement, comme un chant grave. Il comprit alors que le puits n’avait rien pris. Il avait tout gardé.
Le garçon recula, bouleversé. Il repartit, cette fois sans se retourner.
Le puits, lui, attend. Il sait qu’il reviendra.
Les soupirs, ça revient toujours.
L’Ombre de Minuit
Chaque nuit, à minuit exactement, une ombre venait frapper doucement à la fenêtre d’un vieil homme. Elle ne disait rien. Elle restait là, immobile, comme si elle attendait d’être invitée.
Au début, l’homme fermait les rideaux, effrayé. Puis il se mit à l’attendre. La silhouette lui semblait familière, presque tendre. Il se surprit à lui parler à voix basse :
— Tu reviens ce soir, n’est-ce pas ? Je t’ai préparé du thé…
La solitude, à force, prend toutes les formes. Et celle-ci, au moins, ne le jugeait pas.
Un soir de grand silence, elle ne vint pas. Ni le suivant. Ni le suivant encore.
Il sentit quelque chose se briser doucement en lui.
Il fouilla sa maison, puis la forêt, puis les miroirs.
C’est là qu’il la vit, enfin. Pas dehors. Dedans. Dans le reflet. L’ombre était en lui. Et elle l’avait toujours été.
Il ferma les yeux.
Depuis, on dit que parfois, dans certaines maisons, les miroirs sont plus sombres que la nuit. Et qu’on peut y voir un homme, assis, une tasse froide entre les mains.
La Forêt qui Pleure
Il y avait au nord une forêt dont les arbres pleuraient doucement, comme si la sève avait été remplacée par du chagrin.
Un garçon fatigué s’y rendit. Il ne voulait plus parler à personne. Il pensait que les arbres, au moins, ne poseraient pas de questions.
Il s’assit sous un chêne immense, et il pleura lui aussi. D’abord timidement, puis de tout son corps.
Chaque larme qu’il versait était recueillie par les racines.
Mais la forêt ne voulait pas le consoler. Elle voulait le comprendre.
Chaque jour, il s’enfonçait plus profondément entre les troncs. Ses pas devenaient plus lourds, ses bras plus raides, ses mots plus lents.
Jusqu’à ce qu’un matin, il ne bouge plus.
On dit qu’il est devenu le seul arbre de la forêt qui ne pleure pas.
Car il est vide. Et le vide ne coule pas.
Le Festin du Silence
Dans un village où personne ne parlait plus, une femme continuait de murmurer des mots, seule, dans sa maison. Elle parlait à son pain, à ses meubles, à ses souvenirs.
Mais dehors, tout était muet. Même les cloches refusaient de sonner.
Chaque mot qu’elle prononçait devenait un oiseau noir, qui s’envolait par la cheminée. Un jour, il n’y eut plus de place dans le ciel.
Elle se mit alors à manger ses mots, un par un. D’abord les plus amers. Puis les plus tendres. Enfin les noms qu’elle aimait.
Quand elle se tut pour de bon, les oiseaux revinrent. Et se posèrent sur le toit. Depuis, ils chantent pour elle. Et leurs chants, dit-on, ressemblent étrangement à une vieille chanson d’enfance.
Le Miroir Fatigué
Un jeune homme trouva un miroir abandonné dans une maison en ruine. Contrairement aux autres, celui-ci ne montrait pas le présent, mais l’absence.
Il y vit ce qu’il ne serait jamais. Ce qu’il avait cru pouvoir devenir.
Un homme aimé. Un corps tranquille. Une vie simple.
Il revint chaque jour, fasciné par ce qu’il ne serait jamais. Il cessa peu à peu de vivre dehors.
Jusqu’à ce que, un matin, sa mère ne le trouve assis, immobile. Son corps était là, mais ses yeux… regardaient toujours à l’intérieur.
Le miroir, lui, avait disparu.
Peut-être parce qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait.
Le Sommeil Sans Matin
Une jeune fille errait dans les rues depuis des semaines, incapable de dormir. Le monde était trop bruyant, trop rapide.
Un soir, un colporteur étrange lui proposa un lit. Un lit en bois noir, aux draps doux comme la nuit.
— Ce lit donne un sommeil parfait, dit-il. Tu ne te réveilleras qu’en paix.
Elle y monta, sans poser de questions.
Elle dormit un jour, une semaine, un an. Elle rêva de chaleur, d’oubli, de douceur.
Dehors, la poussière s’accumulait. Les volets restaient clos.
Certains disent qu’elle dort encore.
Et que ce lit n’a pas de réveil.
Le Rire du Pendu
Un homme fatigué monta un jour sur un tabouret, une corde autour du cou.
Mais la corde… était enchantée. Elle ne tuait pas. Elle riait.
Un rire moqueur, grinçant, comme un vieux jouet brisé.
Chaque fois qu’il essayait, la corde riait plus fort. Et l’homme, de rage, se mit à rire lui aussi. Un rire qui ne sortait pas du ventre, mais du vide.
Depuis, il erre dans les forêts, les rires accrochés à ses talons. Il ne veut plus mourir.
Mais il ne peut plus vivre sans rire.
La Chambre au Fond du Crâne
Un jeune homme découvrit un jour une petite porte, dans sa tête. Elle grinçait, mais elle s’ouvrait.
Derrière, une chambre poussiéreuse. Vide.
Chaque fois qu’il l’ouvrait, un souvenir douloureux en sortait. Il en sortit des dizaines. Des cris. Des silences. Des regrets.
Il voulut tout vider. Être libre.
Mais au fond de la chambre, il trouva un petit garçon qui pleurait.
— Je t’attendais, dit-il.
Le jeune homme voulut partir. Mais la porte avait disparu.
Depuis, il vit avec cet enfant, dans cette chambre.
Et parfois, il pleure aussi.
Le Dernier Conte
Une femme écrivait pour ne pas sombrer. Chaque histoire qu’elle posait sur le papier lui prenait un morceau d’elle-même.
Elle donna ses souvenirs. Ses rêves. Ses blessures.
Le dernier conte, elle l’écrivit avec ce qui restait : son souffle.
On le retrouva sur une table, ouvert. Les mots encore humides.
Ce conte ne finit jamais.
Parce qu’il continue à chaque lecture.
Et si tu lis ces lignes, alors tu en fais partie.
Remerciements
À celles et ceux qui traversent des nuits sans nom,
À ceux qui ressentent trop, tombent doucement, mais se relèvent,
même si c’est en silence.
Merci à mes fantômes, mes absences, mes gouffres :
vous m’avez appris à écrire.
Merci à la tristesse, de ne pas avoir toujours tout pris.
Pour toi qui lis ceci
Tu fais partie des très rares mains qui ont tenu ce livre.
Tu as ouvert une porte que la plupart ne voient même pas.
Je ne te connais pas, mais je t’imagine.
Et j’espère que, quelque part, entre les lignes, tu t’es senti un peu moins seul.
Garde ce livre comme on garde une pierre dans sa poche : pas pour l’oubli, mais pour le poids qu’elle équilibre.
Tu es vivant. Et c’est déjà un conte.

