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Nous n'étions que des Pantins sans filtre - Tome I

Nous n'étions que des Pantins sans filtre - Tome I

Publié le 21 juin 2024 Mis à jour le 30 sept. 2024 Poésie et chanson
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Nous n'étions que des Pantins sans filtre - Tome I

 

  • Il était un bois dans l’Ouest

 

Notre histoire commence

au canyon du Pendule.

L’époque n’ayant guère d’importance,

et ceci n’étant qu’un préambule,

pardonnez si j’omets volontairement

de vous conter le temps,

puisqu’il s’agit ici,

d’un de ces récits

que l’on dit « intemporels ».

De là à ce qu’il soit vrai,

je ne peux être formel.

Tout dépend de l’état dans lequel

se trouve l’enfant

qui est en vous,

de ce que vous êtes prêt à croire

au risque de paraître fou.

 

Au canyon du Pendule, il était un bois.

Une petite tâche verdoyante

dans l’aridité poussiéreuse.

Nombre d’histoires

et de rumeurs

furent colportées ici et là

si bien qu’aucun voyageur

n’eut l’envie curieuse

de s’y aventurer,

par excès de prudence

par peur, angoisse ou méfiance.

Personne jusqu’au jour fameux

où débarqua un homme

en cet étrange lieu.

 

Le corps essoufflé,

le cœur assoiffé,

il errait depuis quelques lunes

après s’être évadé d’un pénitencier

où il cassait caillasses en rêvant de fortune.

Mais rôder le désert sans y être préparé

n’est pas chose à faire

si l’on veut subsister.

La chaleur, la poussière, ont déjà emportés

nombre de solitaires s’y étant égarés.

Alors qu’apparaissait devant lui

l’émeraude oasis,

l’espoir redonna,

au repris de justice,

suffisamment de force

pour atteindre l’écorce

d’un vieil arbre plongeant racines

dans une eau cristalline

qu’il s’empressa de laper,

ivre de vivre cette vie retrouvée.

 

Au pied d’un hêtre,

l’homme s’endormit

et sombra lentement

dans d’étranges rêveries.

Il vit la forêt,

soudainement, se mouvoir

et conter chansons,

poésies et histoires.

Le bois de ce bois avait pris forme humaine.

Il dansait,

chantait d’entrainantes rengaines

sur une scène verdoyante,

de mousses et de plantes.

Dans une forêt théâtre,

des êtres folâtres

livraient au songeur

l’incroyable spectacle

de quelques arbres immobiles

devenus Pantins sans fils.

 

Quelques mois plus tard,

sillonnant le grand Ouest,

un ancien taulard contrôlait les gestes

de quelques marionnettes

quelque peu ridicules,

sculptées dans le bois

du canyon du Pendule.

 

  • Nous n’étions que des pantins sans filtre

 

Manipulés en secret

par d’agiles menottes

jouant de la croix d’attelle

derrière un castelet,

nous traversions les âges

dans nos petites roulottes,

au fil des villes qui nous accueillaient.

 

Les soirs de spectacles,

des gamins par dizaines

venaient applaudir nos folies contrôlées,

tandis que nous tentions d’articuler des poèmes

que le marionnettiste n’avait pas validés.

 

Car même s’il pouvait plier nos jambes,

lever nos mains,

nous faire baisser la tête

ou bien courber l’échine,

il ne pouvait qu’espérer en vain,

nous imposer les falotes rimes

de ses piètres comptines.

 

Ainsi les enfants de bois contaient

aux enfants de chair,

de nobles histoires,

tout en faisant les pitres.

C’était la belle époque,

celle des imaginaires,

du temps où nous n’étions

que des pantins sans filtre…

 

  • Ton nom est Personne

 

« Un Pantin de bois ne parle pas.

Un Pantin se doit d’obéir aux doigts

et à l’œil de celui qui le tient

du bout de sa croix,

aux bouts de ces liens »

 

Telles sont les lois imposées aux Pantins

par le marionnettiste tirant ficelles,

cet homme qui donna naissance

à ces êtres irréels,

sculptés dans l’essence du bois surnaturel

d’une forêt minuscule

au canyon du Pendule.

 

« Un Pantin de bois ne rêve pas.

Un Pantin se doit de faire ce pourquoi

il est fait ; amuser les enfants,

raconter des histoires…

amasser de l’argent

pour payer verres à boires »

 

Tels sont les devoirs exigés des Pantins

par le marionnettiste tirant la corde,

de ses mains,

qui n’a pour ambition

que de remplir ses poches,

sans une once de passion

pour le moindre mioche

dont la vie poussiéreuse

manque de lumineuse.

 

« Un Pantin de bois ne pense pas.

Un Pantin se doit,

car tel est le contrat,

d’oublier ce qu’il est,

d’accepter son sort,

de trimer sans jamais exprimer désaccord. »

 

Tels sont les ordres donnés aux Pantins

par le marionnettiste Tyran

qui, au fil du temps,

ne cherche qu’à détruire

pour mieux asservir.

Mais si mon nom est ‘’Personne’’

comme il ne cesse de le dire,

qu’il sache qu’au sein des Pantins

que nous sommes

Personne est celui qui jamais n’abandonne.

 

  • Western-coquillette

 

Je suis un aventurier,

homme sans frontière, fils du désert.

Mon nom est Personne

mais à Daisy Town,

la ville abandonnée,

on m’appelle Trinita.

Je suis l’homme des hautes plaines,

des vallées perdues...

Pour une poignée de dollars,

j’ai tué Johnny Guitare,

le traître du Texas,

au terme d’une poursuite infernale.

Quelques dollars de plus,

salaire de la violence,

et je pars en chasse, implacable, impitoyable ;

7 mercenaires, 7 hommes à abattre.

Nul n’entravera ma conquête de l’Ouest,

pas même la horde sauvage

ou l’ange des maudits

et sa flèche brisée par l’ouragan de la vengeance.

Ma chevauchée fantastique

sur mon cheval de fer,

me fait voyager du jardin du diable

jusqu’à la porte du Paradis,

au-delà du Missouri.

Je longe la rivière rouge,

que d’aucuns disent sans retour,

bien qu’elle demeure pour moi

rivière de nos amours.

Je traverse la vallée des géants,

la colline des potences.

Je danse avec les loups blancs

et la prisonnière du désert,

captive aux yeux clairs,

que je me refuse à aimer,

car seuls sont les indomptés.

Je suis l’homme qui tua Liberty Valance,

l’homme de nulle part,

l’homme qui n’a pas d’étoile,

rôdeur de l’aube,

mais on continue à m’appeler Trinita.

Le vent de la plaine m’emportera

sous le soleil rouge,

jusqu’au dernier jour de la colère,

jusqu’au dernier homme.

Je t’attendrai ce jour-là,

3h10 pour Yuma,

le train sifflera 3 fois…

 

‘’Sur les planches vont les godasses,

user leurs semelles dans quelques impasses,

de jour comme de nuit,

piétinant les rêves qui,

tombés dans l'oubli,

jamais ne se relèvent...’’

 

  • Enfance à SadnessHill

 

Souvenances embuées par les affres du temps,

l’envie d’oublier, de laisser derrière soi

les coulantes salées qui roulaient lentement

sur les joues rosées d’un futur forçat.

 

« À SadnessHill, longtemps il vécut,

dans une bâtisse de peu de charme

à mi-hauteur de colline,

un coin perdu

où le ciel n’a pas l’exclusivité des larmes.

D’apparence,

la vie enfile son habit du dimanche

pour faire bonne figure

auprès du voisinage.

Mais derrière les briques,

les parpaings et les planches,

bonne figure se fissure,

c’est un autre visage.

Surtout n’allez pas croire qu’il ait subi,

à SadnessHill,

l’horreur, les coups, la violence…

Rien ne sert d’attrister,

mentir est inutile,

il est loin d’avoir connu la pire des enfances.

 

À SadnessHill, il est un enfant sage,

pas du genre à prendre les douteux chemins.

Souvent dans la lune,

toujours dans les nuages,

il se ménage,

parait que ça permet d’aller loin.

Il n’est pas coureur, pas cogneur de ballons,

pas plus que tireur ou égorgeur de poissons.

Il n’est qu’un rêveur,

un liseur, un penseur,

un silencieux, studieux,

qui semble toujours ailleurs.

Alors forcément, pour le vieux ‘’courant d’air’’,

il est assez loin du fils espéré.

Voici donc comment l’on déçoit son père,

rien qu’en existant,

en étant comme on nait.

 

À SadnessHill,

tout le monde se fréquente,

on festoie, on bringue, on boit et on danse…

Il y a plus d’un Saloon

pour entretenir la descente,

lever le coude à toute heure,

en toute circonstance.

Et le temps, voyez-vous,

a la tendance fâcheuse

de faire « habitude » de l’exceptionnel.

Les vapeurs éthyliques

deviennent voûtes brumeuses

et les nuages, peu à peu,

effacent le ciel

de SadnessHill,

la ville sans soleil.

La ville dont le shérif a paumé son insigne

quelque part

au milieu d’un cimetière de bouteilles,

au fond du canyon des pendus

aux pieds de vignes.

 

À SadnessHill,

l’autre est un bon vivant,

un profiteur de vie tout plein de certitudes.

Souvent dans la brume, toujours titubant,

refusant d’admettre sa propre servitude.

Il n’est pas un rêveur,

un liseur, un penseur,

pas plus qu’un silencieux studieux

un peu ailleurs.

Il n’est que buveur,

tiseur, briseur de famille,

un malade dont le cœur part en vrille.

Alors forcément,

pour le jeune utopiste,

il fut assez loin du parent exemplaire.

Voici donc comment l’on déçoit son fils

rien qu’en oubliant l’importance d’être père.

 

À SadnessHill,

notre brave a gardé silence.

À quoi bon parler quand personne n’écoute,

ou que ceux qui entendent

s’offrent aux oubliances

qui parfument liqueurs,

et aveuglent, goutte à goutte.

Et puis un jour de septembre, il a quitté la ville.

Baluchon sur le dos,

espoirs sous le bras,

il a fui la colline de SadnessHill,

pour un horizon sans gueules de bois.

Le canyon des pendus,

le shérif sans étoile,

appartiennent désormais

aux souvenances embuées.

Ce qu’ils sont devenus

lui est, au fond, bien égal,

SadnessHill est leur ville,

qu’ils en usent à leur gré.

 

Les voyageurs, les étrangers,

les colporteurs de passages,

racontent parfois que la ville a sombrée.

SadnessHill aurait disparu du paysage

emportée par la brume des vapeurs ambrées…

 

Quant à savoir

ce qui pousse un honnête homme

à commettre un délit,

simple histoire de débrouille,

de survie.

Une balle éperdue cherchant cœur à prendre,

se logeant dans celui

d’une détrousseuse d’amants…

N’est-il pas légitime d’ainsi se défendre

d’un amour factice avide d’argent ?

 

L’enfant de SadnessHill,

derrière les barreaux

d’une cellule empestant la mistoufle et la pisse,

jura de laisser le saignant,

qu’il portait en fardeau,

croupir au pénitencier des Supplices,

lorsqu’il s’échappera de sa nouvelle prison,

le jour de sa deuxième grande évasion…

 

’Un shérif sans étoile n'est qu'un brigand comme un autre‘’

 

  • Le pénitencier des Supplices

 

Édifice sans grandeur,

planté comme un mirage

au milieu du désert.

Oasis de malheur,

où n’éclosent que roses des sables grossières,

inodores

et dures comme la pierre.

Au rythme des coups de pioches

et du tintement des maillons de chaînes,

ça fracasse caillasse

sous un soleil de plomb.

Certains en viendraient même

à regretter la haine

d’une foule vengeresse,

infligeant l’ultime humiliation ;

le châtiment du goudron et des plumes,

au point de troquer cette vie

à n’avoir pour seul horizon

qu’une blanche Lune,

derrière des barreaux ;

un astre en pyjama rayé pour unique évasion…

 

Au pénitencier des Supplices,

les bagnards portent l’uniforme du déshonneur,

une tenue propice

pour s’arracher le cœur

et le balancer au milieu des cailloux

avant d’y mettre un bon coup.

 

  • Le Con, la Pute et leur Enfant

 

« Mes chers petits et grands enfants,

il est temps à présent

de laisser mes marionnettes

pousser la chansonnette

et vous conter la ville

de DiscomfortHill

 

Il n’y a pas si longtemps

dans une région lointaine, très lointaine,

errait un enfant

qui avait un problème.

Il vivait en famille, à DiscomfortHill

petite ville tranquille,

ne manquant pas de charme

et où jamais brigand n’osait pointer son arme.

Dans les rues poussières, la petite tête blonde

trainait ses bottines vers un tout autre monde

où ni père ni mère ne viendrait assombrir

son ciel lumière et ses secrets désirs.

Parlons de ses parents, si vous le voulez bien,

car c’est vraisemblablement l’origine du chagrin

qui poussa cet enfant, baluchon sur l’épaule

à fuir promptement sur ses frêles guiboles.

Madame est une pute, Monsieur est un con

ainsi sont faites les présentations…

 

— Pardonnez, mes chers petits et grands,

les vulgarités de mes garnements.

Les Pantins sont ainsi,

de véritables têtes de bois.

Reprenons le récit,

mais n’improvisons pas…

 

L’enfant, libéré de l’emprise parentale,

ne mis guère longtemps à dompter un cheval.

Lancé au galop, sur ce fier destrier,

il traversa les eaux et les grandes vallées.

Allant de l’avant, délesté d’un fardeau,

il enfila masque, collants

et entra dans la peau

de « Desperado »,

justicier hors-la-loi,

un sombre héros signant son nom d’une croix.

Symbole qui ne veut pas dire grand-chose

mais il est difficile de manier la prose

lorsque l’on fut élevé par deux attardés

incapables d’aligner deux mots sans beugler…

 

— Calmez-vous les enfants,

ne lisez que le texte

ou je vous fous dehors

sans le moindre complexe !

 

— Desperado, justicier maladroit

parcourut les plaines sauvages,

enchaînant les contrats.

Échouant presque à chaque fois,

il devint la risée de tous les commérages.

Le destin,

un jour,

non pas sans humour,

emporta le jeune homme jusqu’à sa vieille ville.

L’enfant prodige, que tant d’autres fustigent,

était de retour à DiscomfortHill.

Il tomba pif à blair avec son con de père…

 

— Le texte ! Cessez de jouer avec mes nerfs

 

— …Qui promenait sa pute…

 

— LE TEXTE ! Ou je vous bute !

 

—…Dans les rues poussières

de la ville sans lumière.

Les échanges furent brefs et sans consistance.

Desperado leur conta sa misère

et les géniteurs demeuraient silence.

Alors le sombre héros déposa à leurs pieds

deux roses fanées, sans la moindre beauté,

puis il sortit le colt et tira deux bastos

perforant les aortes des deux Pendejos.

Assistant à la scène, un Marshal zélé

se chargea de plomber le jeune meurtrier

car s’il est une loi à DiscomfortHill

c’est qu’on n’troue pas la peau

des gens en pleine ville,

quelle que soit l’heure,

le contrat,

ou le mobile. 

 

Moralité :

veillez à ne jamais négliger vos enfants,

qu’ils aiment ou non porter des collants,

car ils viendront un jour déposer à vos pieds

leur manque d’amour,

leurs échecs,

leurs pétales froissés.

 

Les Pantins sans gloire

vous embrassent tendrement.

Ainsi s’achève l’histoire

du ‘’Con, de la Pute et de leur Enfant’’.

En vous souhaitant une bonne soirée,

allez à présent tous vous faire enc…

 

— VOUS ÊTES VIRÉS !!!

 

‘’ Marionnettiste

Tyran ficelle

et liberté se fait la belle ‘’

 

  • Mon ami de vaste peine

 

Avec toi,

mon ami des vastes plaines,

je veux aller

retrouver nos si lointaines libertés.

Avec toi,

mon ami des vastes plaines,

je veux m’enfuir

loin de cette race inhumaine

qui veux détruire

tes collines, tes vastes plaines

et tes vallées,

rouler sur ton si beau domaine,

le goudronner,

planter là,

sur tes vastes plaines,

chemins ferrailles

pour que voyage

leur hautaine marmaille.

Avec toi,

mon ami des vastes plaines,

mon destrier,

je veux retrouver l’oxygène

et respirer

l’air vivifiant des vastes plaines

demeurées vierges,

avant que la folie humaine ne les submerge.

Que l’on se fasse les vastes plaines

au grand galop,

qu’ensemble nous quittions la scène

tombions le rideau,

que nous fassions des vastes plaines

un océan,

que nous vivions une vie sereine

loin du néant.

Avec toi,

mon ami des vastes plaines,

je veux quitter

ce théâtre de vastes peines

et m’envoler

au-dessus des vastes plaines

d’éternités,

que nous coule au fond des veines

la liberté.

Allons ! Buvons !

Aux vastes plaines et aux errances !

Allons ! Trinquons !

Nos boutanches pleines d’oubliance

et traversons les vastes plaines sauvages,

mon ami,

afin que jamais ne t’emportent

les marécages Mélancolie.

Avec toi,

mon ami des vastes plaines,

je veux aller

retrouver nos si lointaines libertés.

Avec toi, mon ami de vastes peines,

je partirai

et nous serons chevaux sauvages

à tout jamais.

 

  • L'éveil

 

Ouvrir les yeux,

un matin,

ouvrir les portes du jardin.

Ouvrir et regarder.

Redécouvrir,

s'émerveiller.

Voir autrement,

avec patience

comme un enfant,

comme une naissance.

Voir encore, oui,

mais voir mieux,

voir plus fort

et croire aux cieux.

Pas ceux des religieux,

ni des bibliques.

Pas plus que ceux des amoureux,

des romantiques.

Voir plus fort,

voir plus loin,

faire du décor, un jardin.

Ouvrir les yeux et s'éveiller

comme un enfant,

un nouveau-né.

Comme un printemps,

comme un départ,

comme le début d'une belle histoire.

Ouvrir les yeux pour que soleil

assiste enfin à notre éveil.

Qu'il puisse s'extasier,

lui aussi,

de la beauté d'un lever de vie...

 

‘’ Le temps défile, révolu…‘’

 

  • Chasse à l’homme

 

Ma tête est mise à prix

pour une poignée de dollars.

Pas de quoi rameuter

tous les chasseurs de primes,

mais suffisamment

pour le péquenaud du coin.

En ce monde,

il est nombre de charognards

qui, pour une piécette,

trouveraient légitime

de vendre leur mère

sans le moindre chagrin.

 

Ma tête est mise à prix

à travers tout le pays.

Des avis de recherche

placardent les murs des saloons, des banques…

Les étoiles de la loi sont sur les dents.

Apparemment,

vivre libre n’est pas permis,

à moins de rester cloîtré dans une planque.

Mais je ne suis pas de ce bois,

évidemment.

 

Ma tête est mise à prix ?

Eh bien qu’ils partent en chasse,

je les attends de pied ferme,

qu’ils soient shérifs ou raclures.

Je n’ai pas rongé mes liens

pour me laisser ligoter.

Le Marionnettiste peut bien coller ses affiches,

promettre bigaille en échange de ma capture,

j’ai liberté au cœur

et le colt chargé.

 

Ma tête est mise à prix,

 

mais quel est donc le prix de la liberté ?

 

‘’La vie ne tient qu’à un fil.

La mienne ? À plusieurs‘’

 

  • Poésianne

 

Je suis à toi, Poésianne.

Destiné plus que jamais à vanter tes charmes

auprès des printemps

qui ne connaissent ta flamme

qu’à travers la corvée

d’un « par cœur » de programme.

Je suis à toi, Poésianne.

Chaque jour un peu plus que la veille.

Tu m’obsèdes le cœur, le crâne

et hante mes nuits sans sommeil.

Je suis à toi, Poésianne.

Je t’offre mon être

sans aucune condition.

Mon corps blèche, ma peau diaphane…

dispose de moi

sans la moindre restriction.

Je suis à toi, Poésianne.

Aime-moi, crève-moi à ta convenance.

Use et abuse, sois mon bagne.

J’aurai plaisir

à souffrir tes exigences.

Je suis à toi, Poésianne.

Je meurs quand tu te fais silence.

Sans toi point de cocagne,

les plaisirs n’ont plus de sens.

Je suis à toi, Poésianne.

Je suis à toi corps et âme,

esclave de tes charmes,

assoiffé de tes larmes,

embrasé de tes flammes.

Allume-moi, consume-moi Poésianne !

Comme le font les gitanes

pour d’autres obsessions,

soit mon unique horizon.

Je te veux, Poésianne.

Je te veux en mon sein.

Remplace ces organes

qui ne servent à rien.

Toi et moi sur la paille,

mon aiguille dans ton foin,

que tes doigts s’encanaillent

quand je ne rime à rien.

Remplis-moi de ton souffle de vie.

Laisse donc les profanes

à leurs mièvres folies.

Achève-moi, Poésianne !

Si je ne suis à tes yeux

qu’un pantin malade

de vouloir être heureux.

 

‘’ Apprends donc à aimer

avant de vouloir tirer ‘’

 

  • Aponi

 

Aponi, papillon de nuit,

chrysalide d’amour

au jardin paradis.

Offre-moi tes jours

avant qu’ils ne s’enfuient.

 

Aponi, papillon de vie,

déploie tes ailes

au ciel bleu nuit.

Envole-moi, ma fille de l’air,

au vent de ton souffle lumière.

 

Aponi, papillon meurtri,

fleur aux couleurs ternies,

qui me dis que sous tes plumes,

fille de Lune,

il est un cœur à l’agonie.

 

Aponi, papillon de pluie,

fais-moi totem,

je t’en supplie,

que la cadence de tes danses

m’emporte d’une transe infinie.

 

Aponi, papillon, s’évade

loin des troupeaux, loin des Tipis,

le temps de quelques escapades,

au bras d’un nomade sans patrie.

 

Aponi, papillon joli,

petite indienne

qui s’est éprise

d’un cœur de bois, d’un inconnu,

contre l’avis de sa tribu.

 

Aponi, papillon d’envie,

déshabillons nos âmes, ici,

dans le secret de l’interdit,

où les amours en contre-jour

deviennent des jours tout contre amour…

 

  • Y a des miroirs qui reflètent mal

 

Elle s’est assise devant sa nouvelle coiffeuse

trouvée la veille,

dans une brocante.

Elle déclinait là,

poussiéreuse,

parmi les babioles agonisantes.

Elle s’y est mirée ce matin

s’est longuement dévisagée,

puis s’est jetée du fond de teint,

noircie les cils, peinturlurée

autour des yeux, les lèvres,

dissimulant derrière ses fioritures,

comme le ferait un orfèvre

qui voudrait vendre des impostures,

les agaçantes imperfections,

qu’elle savait tellement nombreuses,

devenant ainsi « contrefaçon »

dans le miroir de la coiffeuse.

C’est alors que le reflet se mit à onduler,

comme la surface d’une rivière

après qu’une ombre argentée

y soit venue prendre un peu l’air.

Son visage disparut

et fut lentement remplacé

par celui d’une inconnue

d’une extrême beauté.

Plus que surprise, à n’en pas douter,

la jeune femme ne sut que dire

et l’inconnue, de l’imiter,

mit tout son cœur à reproduire

les moindres gestes, les expressions,

calquant parfaitement l’originale

comme le ferait avec passion

n’importe quel miroir banal.

Usant de quelques stratagèmes

ne causant nulles difficultés

à l’inconnue qui, sans problème,

n’avait de cesse de la singer,

la jeune femme dû se résoudre

à accepter la vérité :

 

« Au risque de passer pour une gourde

mais ce miroir semble cassé ! »

 

Elle s’empressa de le détruire

à grands coups de pied et de marteaux

et balança sans réfléchir

les bouts de glaces et les copeaux,

pulvérisant ainsi par erreur

une magique relique

ne reflétant que l’intérieur :

 

« Le miroir de l’authentique »

 

Mais la jeune femme garda le moral

puisqu’elle demeurait dans l’ignorance.

Y a des miroirs qui reflètent mal

et comptent bien moins que l’apparence.

 

‘’La folie démange

quand la raison dérange‘’

 

  • Ne viens pas pleurer sur ma chemise

 

Ne viens pas pleurer sur ma chemise

si tu n’as pas le moral.

Si tu ne te sens pas comprise,

si ton cœur est bancal.

Tu as choisi la bougie,

faute de trouver le brasier,

la vacillante manque de folie

et l’incendie part en fumée.

Voici donc ce qui arrive

quand on se contente de peu.

Je ne vois pas pourquoi

ma chemise

devrait subir l’eau de tes yeux.

 

Ne viens pas pleurer sur ma chemise

si tu penses être malheureuse.

Son étoffe n’est pas promise

à tes prunelles de pleurnicheuse.

Tu as choisi ses silences,

faute de trouver symphonie,

votre chanson n’est que navrance

comme celles qui pullulent

aujourd’hui.

Voici donc ce qui arrive

quand on décide de « faire avec ».

Pas de quoi souiller ma chemise

et j’aime autant rester au sec.

 

Ne viens pas pleurer sur ma chemise

si tu as du vague aux larmes.

Ma liquette n’est pas église

pour y soulager ton âme.

Tu as choisi ton radeau,

faute de trouver un navire,

ne t’étonne pas

si tu prends l’eau,

sois pas surprise

si tu chavires.

Voici donc ce qui arrive

quand on abandonne tout espoir.

Fout donc la paix à ma chemise

et va te couler dans un mouchoir.

 

Ne viens pas pleurer sur ma chemise

si ton bas ventre veut s’oublier

comme tu m’as négligé

sous l’emprise

de tant d’autres virilités.

L’amour est une prison

pour celui qui reste en arrière,

je n’avais pour toi qu’horizon

et tu m’as préféré les fers.

Voici donc ce qui arrive

lorsque l’amour nous méprise.

On laisse au mal de vivre

le soin de froisser les chemises.

 

  • La Putain du Saloon

 

Quand mes nuits enfilent leurs solitudes

comme un cache-poussière froissé,

qu’elles ne m’offrent que la lassitude

de vagabondages d’égarés,

je m’en retourne au comptoir

me fondre parmi les clowns

qui n’ont d’amour dans le regard

que pour la Putain du Saloon.

 

Elle a la volupté au cœur,

la grâce d’un ange tombé du ciel,

déchu par la main du Seigneur,

déçu de ne pouvoir se faire la Belle.

Elle est diablesse auréolée,

elle est ivresse immaculée,

elle est l’Enfer,

elle est l’Eden,

elle est Amour, elle est la haine.

Les Putains, tu le sais bien,

ont dans les yeux lueur de vice

quand elles chevauchent avec entrain

les virilités factices des mâles, des bagarreurs,

des buveurs, des dégaineurs,

de ceux-là qui n’ont dans le cœur

qu’un colt chargé à toute heure.

 

Mais alors que Filles de joies

attisent le feu des gueules de bois,

il y a cette femme, belle comme une flamme,

dans l’âtre où les baises rougeoient.

Divine Lady qui éteint le pianiste

quand il accompagne les cancans,

pour qu’il ne reste sur la piste

que son foyer incandescent.

 

Alors elle danse et gesticule,

offre sa transe en préambule

de cette histoire qu’elle contera

dans un plumard, sous quelques draps,

quand, à l’étage, elle tombera

tous ses voilages, entre les bras

d’un ‘’de passage‘’ qui s’en ira

lorsque le livre se fermera.

Moi, son bouquin,

je veux le lire jusqu’au matin,

en découvrir

les moindres images dissimulées

sous son corsage délacé,

et m’enivrer de ses proses

sans que jamais l’Ivre ne s’oppose

à ce qu’elle danse

au creux du cœur d’un Pantin

épris d’une Putain.

 

Car le tragique parfois se cache

sous les tuniques que l’on détache.

Et sur la peau tant caressée,

par des poivrots désinhibés,

se lisent les maux d’une sale histoire

se déroulant derrière le bar,

dans le secret des sombres nuits,

lorsque tout l’Ouest est endormi.

 

La Putain du Saloon

n’est pas objet dont on dispose

le temps d’une danse,

quand les semences se font sentences

et mènent romance à la potence.

Et si mon cœur est fait de bois

j’en sculpterai les contours,

en diligence,

pour qu’elle et moi

puissions emporter nos amours

loin du Saloon,

loin de l’emprise

du triste Clown qui la méprise

au point de l’offrir aux ivresses

de viles crapules sans tendresses.

 

Viens avec moi, mon infini,

quittons ce monde qui te flétrit,

pour d’autres vies,

pour d’autres choses

viens avec moi,

ma Lily-Rose.

 

  • Le RiverBoat n’attendra plus

 

Elle filait bon train,

tirée par deux canassons

harnachés à l’attelage

par des brides que Whipster tenait fermement entre ses mains,

tandis que Shotgun veillait au grain.

 

« Les vastes plaines sont dangereuses ! »

 

avaient-ils prétendu

afin de justifier leur tarif surcoté.

 

« Hors-la-loi, Indiens, prédateurs et ravins… »

 

Tout autant de menaces

qu’il faudrait éviter

afin que la Dame puisse mener à bien

son ambitieux voyage.

Délaisser la poussière pour un autre rivage,

embarquer, un matin,

loin des terres sauvages.

 

Le RiverBoat démarra son moteur à vapeur.

 

Alors que la roue à aubes

commençait sa révolution,

je demeurais dans le vague,

scrutant l’horizon,

ne sachant si Lily-Rose m’apparaîtrait

au sommet de la colline dominant le quai.

Ne sachant si Lily-Rose m’aimerait

au point de quitter celui qui la touche

pour celui qui n’effleure sa bouche

qu’à chaque songe,

lorsqu’il se couche

dans la pénombre d’une vie morose

sans la moindre Lily-Rose.

 

La diligence apparut alors

comme une aurore pressée d’en finir.

Elle dévala la pente

et moi,

sur le port,

me projetant dans l’avenir,

je pensais mariage,

cabane au bord d’un lac,

deux enfants plus ou moins sages,

sautant à pieds joints dans les flaques…

Mais

lorsque les bêtes s’arrêtèrent d’eux-mêmes

à mes côtés,

je ne vis que Whipster et Shotgun,

le corps criblé

de plombs, gisant ensanglantés

sur le siège conducteur.

 

Sentiment d’horreur au cœur

cognant sa cage

en approchant l’habitacle,

en ouvrant les voilages…

Ma Lily-Rose a disparu…

 

Le RiverBoat n’attendra plus.

 

  • Auriez-vous vu ma Lily-Rose ?

 

Dans les bâtisses délabrées,

des précipices aux terres brulées,

dans les poussières, dans les déserts,

au fond des mines sans lumière,

dans les banques, sur les comptoirs,

dans les planques des pendards,

dans les champs de coquelicots,

dans le canyon des ‘’Manques de Pot’’,

sur les rivages et sur les plages,

dans le secret d’autres voilages,

dans les arides et les fertiles,

de Sadness à DiscomfortHill,

derrière les portes fermées

du ‘’Pénitencier des Supplices’’,

dans les cellules d’obscurité

du crépuscule aux prémices,

dans les Tipis, chez les peaux rouges,

sous l’eau des pluies, quand rien ne bouge,

dans la roulotte d’un tyrannique,

au bout d’une corde, dans le tragique

des églises, dans les cimetières,

au ciel, en terre ou sous la mer,

dans les forêts, dans les rocheuses,

vastes plaines ou marécageuses,

dans les ranchs, dans les étables,

autant dessus que sous les tables,

de l’endroit le plus ridicule

jusqu’au Canyon du Pendule.

De la Terre à la Lunaire,

je ne cesserai de te chercher.

Je farfouillerai l’univers

avec l’espoir de t’y trouver.

De nébuleuse en nébuleuse,

de galaxie en galaxie,

je retrouverai ma Merveilleuse

même si je dois y laisser la vie.

À vous qui parcourez mes proses

depuis quelques pages déjà,

auriez-vous vu ma Lily-Rose

errer dans cet ouvrage-là ?

 

  • Luna

 

Bonsoir Bella Luna !

Comment vas-tu en cette nuit sans nuage ?

Le monde est-il à ton goût

du haut de ton inaccessible balcon ?

Te délectes-tu de la tristesse des Hommes ?

Allons, ne fais pas la timide avec moi

Bella Luna !

Ce n’est pas la première fois

que tu vois mon visage.

Depuis bien longtemps, nous nous connaissons.

Et régulièrement j’erre ainsi

dans ton royaume,

le royaume nocturne de la Bella Luna,

la silencieuse,

la prétentieuse Reine des ombres

qui nous toise depuis son piédestal céleste

sans jamais

émettre la moindre mise en garde.

Mais pourquoi,

ma chère et tendre Bella Luna,

n’oses-tu prendre la parole

et me conter le monde ?

Parler, te condamne-t-il à quelque sort funeste ?

Ne vois-tu donc rien

lorsque tu nous regardes ?

Allez, pas à moi, Bella Luna !

Je suis sûr que tu bouillonnes

d’avoir mille choses à dire.

La critique est un art

dont nous sommes passés maitres

et qui de mieux qu’un astre

pour juger d’un désastre ?

Libère-toi de ce poids, sublime Bella Luna !

Déverse-toi sur moi si ça te fait plaisir !

Tel es

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