

Nous n'étions que des Pantins sans filtre - Tome I
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Nous n'étions que des Pantins sans filtre - Tome I
-
Il était un bois dans l’Ouest
Notre histoire commence
au canyon du Pendule.
L’époque n’ayant guère d’importance,
et ceci n’étant qu’un préambule,
pardonnez si j’omets volontairement
de vous conter le temps,
puisqu’il s’agit ici,
d’un de ces récits
que l’on dit « intemporels ».
De là à ce qu’il soit vrai,
je ne peux être formel.
Tout dépend de l’état dans lequel
se trouve l’enfant
qui est en vous,
de ce que vous êtes prêt à croire
au risque de paraître fou.
Au canyon du Pendule, il était un bois.
Une petite tâche verdoyante
dans l’aridité poussiéreuse.
Nombre d’histoires
et de rumeurs
furent colportées ici et là
si bien qu’aucun voyageur
n’eut l’envie curieuse
de s’y aventurer,
par excès de prudence
par peur, angoisse ou méfiance.
Personne jusqu’au jour fameux
où débarqua un homme
en cet étrange lieu.
Le corps essoufflé,
le cœur assoiffé,
il errait depuis quelques lunes
après s’être évadé d’un pénitencier
où il cassait caillasses en rêvant de fortune.
Mais rôder le désert sans y être préparé
n’est pas chose à faire
si l’on veut subsister.
La chaleur, la poussière, ont déjà emportés
nombre de solitaires s’y étant égarés.
Alors qu’apparaissait devant lui
l’émeraude oasis,
l’espoir redonna,
au repris de justice,
suffisamment de force
pour atteindre l’écorce
d’un vieil arbre plongeant racines
dans une eau cristalline
qu’il s’empressa de laper,
ivre de vivre cette vie retrouvée.
Au pied d’un hêtre,
l’homme s’endormit
et sombra lentement
dans d’étranges rêveries.
Il vit la forêt,
soudainement, se mouvoir
et conter chansons,
poésies et histoires.
Le bois de ce bois avait pris forme humaine.
Il dansait,
chantait d’entrainantes rengaines
sur une scène verdoyante,
de mousses et de plantes.
Dans une forêt théâtre,
des êtres folâtres
livraient au songeur
l’incroyable spectacle
de quelques arbres immobiles
devenus Pantins sans fils.
Quelques mois plus tard,
sillonnant le grand Ouest,
un ancien taulard contrôlait les gestes
de quelques marionnettes
quelque peu ridicules,
sculptées dans le bois
du canyon du Pendule.
-
Nous n’étions que des pantins sans filtre
Manipulés en secret
par d’agiles menottes
jouant de la croix d’attelle
derrière un castelet,
nous traversions les âges
dans nos petites roulottes,
au fil des villes qui nous accueillaient.
Les soirs de spectacles,
des gamins par dizaines
venaient applaudir nos folies contrôlées,
tandis que nous tentions d’articuler des poèmes
que le marionnettiste n’avait pas validés.
Car même s’il pouvait plier nos jambes,
lever nos mains,
nous faire baisser la tête
ou bien courber l’échine,
il ne pouvait qu’espérer en vain,
nous imposer les falotes rimes
de ses piètres comptines.
Ainsi les enfants de bois contaient
aux enfants de chair,
de nobles histoires,
tout en faisant les pitres.
C’était la belle époque,
celle des imaginaires,
du temps où nous n’étions
que des pantins sans filtre…
-
Ton nom est Personne
« Un Pantin de bois ne parle pas.
Un Pantin se doit d’obéir aux doigts
et à l’œil de celui qui le tient
du bout de sa croix,
aux bouts de ces liens »
Telles sont les lois imposées aux Pantins
par le marionnettiste tirant ficelles,
cet homme qui donna naissance
à ces êtres irréels,
sculptés dans l’essence du bois surnaturel
d’une forêt minuscule
au canyon du Pendule.
« Un Pantin de bois ne rêve pas.
Un Pantin se doit de faire ce pourquoi
il est fait ; amuser les enfants,
raconter des histoires…
amasser de l’argent
pour payer verres à boires »
Tels sont les devoirs exigés des Pantins
par le marionnettiste tirant la corde,
de ses mains,
qui n’a pour ambition
que de remplir ses poches,
sans une once de passion
pour le moindre mioche
dont la vie poussiéreuse
manque de lumineuse.
« Un Pantin de bois ne pense pas.
Un Pantin se doit,
car tel est le contrat,
d’oublier ce qu’il est,
d’accepter son sort,
de trimer sans jamais exprimer désaccord. »
Tels sont les ordres donnés aux Pantins
par le marionnettiste Tyran
qui, au fil du temps,
ne cherche qu’à détruire
pour mieux asservir.
Mais si mon nom est ‘’Personne’’
comme il ne cesse de le dire,
qu’il sache qu’au sein des Pantins
que nous sommes
Personne est celui qui jamais n’abandonne.
-
Western-coquillette
Je suis un aventurier,
homme sans frontière, fils du désert.
Mon nom est Personne
mais à Daisy Town,
la ville abandonnée,
on m’appelle Trinita.
Je suis l’homme des hautes plaines,
des vallées perdues...
Pour une poignée de dollars,
j’ai tué Johnny Guitare,
le traître du Texas,
au terme d’une poursuite infernale.
Quelques dollars de plus,
salaire de la violence,
et je pars en chasse, implacable, impitoyable ;
7 mercenaires, 7 hommes à abattre.
Nul n’entravera ma conquête de l’Ouest,
pas même la horde sauvage
ou l’ange des maudits
et sa flèche brisée par l’ouragan de la vengeance.
Ma chevauchée fantastique
sur mon cheval de fer,
me fait voyager du jardin du diable
jusqu’à la porte du Paradis,
au-delà du Missouri.
Je longe la rivière rouge,
que d’aucuns disent sans retour,
bien qu’elle demeure pour moi
rivière de nos amours.
Je traverse la vallée des géants,
la colline des potences.
Je danse avec les loups blancs
et la prisonnière du désert,
captive aux yeux clairs,
que je me refuse à aimer,
car seuls sont les indomptés.
Je suis l’homme qui tua Liberty Valance,
l’homme de nulle part,
l’homme qui n’a pas d’étoile,
rôdeur de l’aube,
mais on continue à m’appeler Trinita.
Le vent de la plaine m’emportera
sous le soleil rouge,
jusqu’au dernier jour de la colère,
jusqu’au dernier homme.
Je t’attendrai ce jour-là,
3h10 pour Yuma,
le train sifflera 3 fois…
‘’Sur les planches vont les godasses,
user leurs semelles dans quelques impasses,
de jour comme de nuit,
piétinant les rêves qui,
tombés dans l'oubli,
jamais ne se relèvent...’’
-
Enfance à SadnessHill
Souvenances embuées par les affres du temps,
l’envie d’oublier, de laisser derrière soi
les coulantes salées qui roulaient lentement
sur les joues rosées d’un futur forçat.
« À SadnessHill, longtemps il vécut,
dans une bâtisse de peu de charme
à mi-hauteur de colline,
un coin perdu
où le ciel n’a pas l’exclusivité des larmes.
D’apparence,
la vie enfile son habit du dimanche
pour faire bonne figure
auprès du voisinage.
Mais derrière les briques,
les parpaings et les planches,
bonne figure se fissure,
c’est un autre visage.
Surtout n’allez pas croire qu’il ait subi,
à SadnessHill,
l’horreur, les coups, la violence…
Rien ne sert d’attrister,
mentir est inutile,
il est loin d’avoir connu la pire des enfances.
À SadnessHill, il est un enfant sage,
pas du genre à prendre les douteux chemins.
Souvent dans la lune,
toujours dans les nuages,
il se ménage,
parait que ça permet d’aller loin.
Il n’est pas coureur, pas cogneur de ballons,
pas plus que tireur ou égorgeur de poissons.
Il n’est qu’un rêveur,
un liseur, un penseur,
un silencieux, studieux,
qui semble toujours ailleurs.
Alors forcément, pour le vieux ‘’courant d’air’’,
il est assez loin du fils espéré.
Voici donc comment l’on déçoit son père,
rien qu’en existant,
en étant comme on nait.
À SadnessHill,
tout le monde se fréquente,
on festoie, on bringue, on boit et on danse…
Il y a plus d’un Saloon
pour entretenir la descente,
lever le coude à toute heure,
en toute circonstance.
Et le temps, voyez-vous,
a la tendance fâcheuse
de faire « habitude » de l’exceptionnel.
Les vapeurs éthyliques
deviennent voûtes brumeuses
et les nuages, peu à peu,
effacent le ciel
de SadnessHill,
la ville sans soleil.
La ville dont le shérif a paumé son insigne
quelque part
au milieu d’un cimetière de bouteilles,
au fond du canyon des pendus
aux pieds de vignes.
À SadnessHill,
l’autre est un bon vivant,
un profiteur de vie tout plein de certitudes.
Souvent dans la brume, toujours titubant,
refusant d’admettre sa propre servitude.
Il n’est pas un rêveur,
un liseur, un penseur,
pas plus qu’un silencieux studieux
un peu ailleurs.
Il n’est que buveur,
tiseur, briseur de famille,
un malade dont le cœur part en vrille.
Alors forcément,
pour le jeune utopiste,
il fut assez loin du parent exemplaire.
Voici donc comment l’on déçoit son fils
rien qu’en oubliant l’importance d’être père.
À SadnessHill,
notre brave a gardé silence.
À quoi bon parler quand personne n’écoute,
ou que ceux qui entendent
s’offrent aux oubliances
qui parfument liqueurs,
et aveuglent, goutte à goutte.
Et puis un jour de septembre, il a quitté la ville.
Baluchon sur le dos,
espoirs sous le bras,
il a fui la colline de SadnessHill,
pour un horizon sans gueules de bois.
Le canyon des pendus,
le shérif sans étoile,
appartiennent désormais
aux souvenances embuées.
Ce qu’ils sont devenus
lui est, au fond, bien égal,
SadnessHill est leur ville,
qu’ils en usent à leur gré.
Les voyageurs, les étrangers,
les colporteurs de passages,
racontent parfois que la ville a sombrée.
SadnessHill aurait disparu du paysage
emportée par la brume des vapeurs ambrées…
Quant à savoir
ce qui pousse un honnête homme
à commettre un délit,
simple histoire de débrouille,
de survie.
Une balle éperdue cherchant cœur à prendre,
se logeant dans celui
d’une détrousseuse d’amants…
N’est-il pas légitime d’ainsi se défendre
d’un amour factice avide d’argent ?
L’enfant de SadnessHill,
derrière les barreaux
d’une cellule empestant la mistoufle et la pisse,
jura de laisser le saignant,
qu’il portait en fardeau,
croupir au pénitencier des Supplices,
lorsqu’il s’échappera de sa nouvelle prison,
le jour de sa deuxième grande évasion…
‘’Un shérif sans étoile n'est qu'un brigand comme un autre‘’
-
Le pénitencier des Supplices
Édifice sans grandeur,
planté comme un mirage
au milieu du désert.
Oasis de malheur,
où n’éclosent que roses des sables grossières,
inodores
et dures comme la pierre.
Au rythme des coups de pioches
et du tintement des maillons de chaînes,
ça fracasse caillasse
sous un soleil de plomb.
Certains en viendraient même
à regretter la haine
d’une foule vengeresse,
infligeant l’ultime humiliation ;
le châtiment du goudron et des plumes,
au point de troquer cette vie
à n’avoir pour seul horizon
qu’une blanche Lune,
derrière des barreaux ;
un astre en pyjama rayé pour unique évasion…
Au pénitencier des Supplices,
les bagnards portent l’uniforme du déshonneur,
une tenue propice
pour s’arracher le cœur
et le balancer au milieu des cailloux
avant d’y mettre un bon coup.
-
Le Con, la Pute et leur Enfant
« Mes chers petits et grands enfants,
il est temps à présent
de laisser mes marionnettes
pousser la chansonnette
et vous conter la ville
de DiscomfortHill
— Il n’y a pas si longtemps
dans une région lointaine, très lointaine,
errait un enfant
qui avait un problème.
Il vivait en famille, à DiscomfortHill
petite ville tranquille,
ne manquant pas de charme
et où jamais brigand n’osait pointer son arme.
Dans les rues poussières, la petite tête blonde
trainait ses bottines vers un tout autre monde
où ni père ni mère ne viendrait assombrir
son ciel lumière et ses secrets désirs.
Parlons de ses parents, si vous le voulez bien,
car c’est vraisemblablement l’origine du chagrin
qui poussa cet enfant, baluchon sur l’épaule
à fuir promptement sur ses frêles guiboles.
Madame est une pute, Monsieur est un con
ainsi sont faites les présentations…
— Pardonnez, mes chers petits et grands,
les vulgarités de mes garnements.
Les Pantins sont ainsi,
de véritables têtes de bois.
Reprenons le récit,
mais n’improvisons pas…
— L’enfant, libéré de l’emprise parentale,
ne mis guère longtemps à dompter un cheval.
Lancé au galop, sur ce fier destrier,
il traversa les eaux et les grandes vallées.
Allant de l’avant, délesté d’un fardeau,
il enfila masque, collants
et entra dans la peau
de « Desperado »,
justicier hors-la-loi,
un sombre héros signant son nom d’une croix.
Symbole qui ne veut pas dire grand-chose
mais il est difficile de manier la prose
lorsque l’on fut élevé par deux attardés
incapables d’aligner deux mots sans beugler…
— Calmez-vous les enfants,
ne lisez que le texte
ou je vous fous dehors
sans le moindre complexe !
— Desperado, justicier maladroit
parcourut les plaines sauvages,
enchaînant les contrats.
Échouant presque à chaque fois,
il devint la risée de tous les commérages.
Le destin,
un jour,
non pas sans humour,
emporta le jeune homme jusqu’à sa vieille ville.
L’enfant prodige, que tant d’autres fustigent,
était de retour à DiscomfortHill.
Il tomba pif à blair avec son con de père…
— Le texte ! Cessez de jouer avec mes nerfs
— …Qui promenait sa pute…
— LE TEXTE ! Ou je vous bute !
—…Dans les rues poussières
de la ville sans lumière.
Les échanges furent brefs et sans consistance.
Desperado leur conta sa misère
et les géniteurs demeuraient silence.
Alors le sombre héros déposa à leurs pieds
deux roses fanées, sans la moindre beauté,
puis il sortit le colt et tira deux bastos
perforant les aortes des deux Pendejos.
Assistant à la scène, un Marshal zélé
se chargea de plomber le jeune meurtrier
car s’il est une loi à DiscomfortHill
c’est qu’on n’troue pas la peau
des gens en pleine ville,
quelle que soit l’heure,
le contrat,
ou le mobile.
Moralité :
veillez à ne jamais négliger vos enfants,
qu’ils aiment ou non porter des collants,
car ils viendront un jour déposer à vos pieds
leur manque d’amour,
leurs échecs,
leurs pétales froissés.
Les Pantins sans gloire
vous embrassent tendrement.
Ainsi s’achève l’histoire
du ‘’Con, de la Pute et de leur Enfant’’.
En vous souhaitant une bonne soirée,
allez à présent tous vous faire enc…
— VOUS ÊTES VIRÉS !!!
‘’ Marionnettiste
Tyran ficelle
et liberté se fait la belle ‘’
-
Mon ami de vaste peine
Avec toi,
mon ami des vastes plaines,
je veux aller
retrouver nos si lointaines libertés.
Avec toi,
mon ami des vastes plaines,
je veux m’enfuir
loin de cette race inhumaine
qui veux détruire
tes collines, tes vastes plaines
et tes vallées,
rouler sur ton si beau domaine,
le goudronner,
planter là,
sur tes vastes plaines,
chemins ferrailles
pour que voyage
leur hautaine marmaille.
Avec toi,
mon ami des vastes plaines,
mon destrier,
je veux retrouver l’oxygène
et respirer
l’air vivifiant des vastes plaines
demeurées vierges,
avant que la folie humaine ne les submerge.
Que l’on se fasse les vastes plaines
au grand galop,
qu’ensemble nous quittions la scène
tombions le rideau,
que nous fassions des vastes plaines
un océan,
que nous vivions une vie sereine
loin du néant.
Avec toi,
mon ami des vastes plaines,
je veux quitter
ce théâtre de vastes peines
et m’envoler
au-dessus des vastes plaines
d’éternités,
que nous coule au fond des veines
la liberté.
Allons ! Buvons !
Aux vastes plaines et aux errances !
Allons ! Trinquons !
Nos boutanches pleines d’oubliance
et traversons les vastes plaines sauvages,
mon ami,
afin que jamais ne t’emportent
les marécages Mélancolie.
Avec toi,
mon ami des vastes plaines,
je veux aller
retrouver nos si lointaines libertés.
Avec toi, mon ami de vastes peines,
je partirai
et nous serons chevaux sauvages
à tout jamais.
-
L'éveil
Ouvrir les yeux,
un matin,
ouvrir les portes du jardin.
Ouvrir et regarder.
Redécouvrir,
s'émerveiller.
Voir autrement,
avec patience
comme un enfant,
comme une naissance.
Voir encore, oui,
mais voir mieux,
voir plus fort
et croire aux cieux.
Pas ceux des religieux,
ni des bibliques.
Pas plus que ceux des amoureux,
des romantiques.
Voir plus fort,
voir plus loin,
faire du décor, un jardin.
Ouvrir les yeux et s'éveiller
comme un enfant,
un nouveau-né.
Comme un printemps,
comme un départ,
comme le début d'une belle histoire.
Ouvrir les yeux pour que soleil
assiste enfin à notre éveil.
Qu'il puisse s'extasier,
lui aussi,
de la beauté d'un lever de vie...
‘’ Le temps défile, révolu…‘’
-
Chasse à l’homme
Ma tête est mise à prix
pour une poignée de dollars.
Pas de quoi rameuter
tous les chasseurs de primes,
mais suffisamment
pour le péquenaud du coin.
En ce monde,
il est nombre de charognards
qui, pour une piécette,
trouveraient légitime
de vendre leur mère
sans le moindre chagrin.
Ma tête est mise à prix
à travers tout le pays.
Des avis de recherche
placardent les murs des saloons, des banques…
Les étoiles de la loi sont sur les dents.
Apparemment,
vivre libre n’est pas permis,
à moins de rester cloîtré dans une planque.
Mais je ne suis pas de ce bois,
évidemment.
Ma tête est mise à prix ?
Eh bien qu’ils partent en chasse,
je les attends de pied ferme,
qu’ils soient shérifs ou raclures.
Je n’ai pas rongé mes liens
pour me laisser ligoter.
Le Marionnettiste peut bien coller ses affiches,
promettre bigaille en échange de ma capture,
j’ai liberté au cœur
et le colt chargé.
Ma tête est mise à prix,
mais quel est donc le prix de la liberté ?
‘’La vie ne tient qu’à un fil.
La mienne ? À plusieurs‘’
-
Poésianne
Je suis à toi, Poésianne.
Destiné plus que jamais à vanter tes charmes
auprès des printemps
qui ne connaissent ta flamme
qu’à travers la corvée
d’un « par cœur » de programme.
Je suis à toi, Poésianne.
Chaque jour un peu plus que la veille.
Tu m’obsèdes le cœur, le crâne
et hante mes nuits sans sommeil.
Je suis à toi, Poésianne.
Je t’offre mon être
sans aucune condition.
Mon corps blèche, ma peau diaphane…
dispose de moi
sans la moindre restriction.
Je suis à toi, Poésianne.
Aime-moi, crève-moi à ta convenance.
Use et abuse, sois mon bagne.
J’aurai plaisir
à souffrir tes exigences.
Je suis à toi, Poésianne.
Je meurs quand tu te fais silence.
Sans toi point de cocagne,
les plaisirs n’ont plus de sens.
Je suis à toi, Poésianne.
Je suis à toi corps et âme,
esclave de tes charmes,
assoiffé de tes larmes,
embrasé de tes flammes.
Allume-moi, consume-moi Poésianne !
Comme le font les gitanes
pour d’autres obsessions,
soit mon unique horizon.
Je te veux, Poésianne.
Je te veux en mon sein.
Remplace ces organes
qui ne servent à rien.
Toi et moi sur la paille,
mon aiguille dans ton foin,
que tes doigts s’encanaillent
quand je ne rime à rien.
Remplis-moi de ton souffle de vie.
Laisse donc les profanes
à leurs mièvres folies.
Achève-moi, Poésianne !
Si je ne suis à tes yeux
qu’un pantin malade
de vouloir être heureux.
‘’ Apprends donc à aimer
avant de vouloir tirer ‘’
-
Aponi
Aponi, papillon de nuit,
chrysalide d’amour
au jardin paradis.
Offre-moi tes jours
avant qu’ils ne s’enfuient.
Aponi, papillon de vie,
déploie tes ailes
au ciel bleu nuit.
Envole-moi, ma fille de l’air,
au vent de ton souffle lumière.
Aponi, papillon meurtri,
fleur aux couleurs ternies,
qui me dis que sous tes plumes,
fille de Lune,
il est un cœur à l’agonie.
Aponi, papillon de pluie,
fais-moi totem,
je t’en supplie,
que la cadence de tes danses
m’emporte d’une transe infinie.
Aponi, papillon, s’évade
loin des troupeaux, loin des Tipis,
le temps de quelques escapades,
au bras d’un nomade sans patrie.
Aponi, papillon joli,
petite indienne
qui s’est éprise
d’un cœur de bois, d’un inconnu,
contre l’avis de sa tribu.
Aponi, papillon d’envie,
déshabillons nos âmes, ici,
dans le secret de l’interdit,
où les amours en contre-jour
deviennent des jours tout contre amour…
-
Y a des miroirs qui reflètent mal
Elle s’est assise devant sa nouvelle coiffeuse
trouvée la veille,
dans une brocante.
Elle déclinait là,
poussiéreuse,
parmi les babioles agonisantes.
Elle s’y est mirée ce matin
s’est longuement dévisagée,
puis s’est jetée du fond de teint,
noircie les cils, peinturlurée
autour des yeux, les lèvres,
dissimulant derrière ses fioritures,
comme le ferait un orfèvre
qui voudrait vendre des impostures,
les agaçantes imperfections,
qu’elle savait tellement nombreuses,
devenant ainsi « contrefaçon »
dans le miroir de la coiffeuse.
C’est alors que le reflet se mit à onduler,
comme la surface d’une rivière
après qu’une ombre argentée
y soit venue prendre un peu l’air.
Son visage disparut
et fut lentement remplacé
par celui d’une inconnue
d’une extrême beauté.
Plus que surprise, à n’en pas douter,
la jeune femme ne sut que dire
et l’inconnue, de l’imiter,
mit tout son cœur à reproduire
les moindres gestes, les expressions,
calquant parfaitement l’originale
comme le ferait avec passion
n’importe quel miroir banal.
Usant de quelques stratagèmes
ne causant nulles difficultés
à l’inconnue qui, sans problème,
n’avait de cesse de la singer,
la jeune femme dû se résoudre
à accepter la vérité :
« Au risque de passer pour une gourde
mais ce miroir semble cassé ! »
Elle s’empressa de le détruire
à grands coups de pied et de marteaux
et balança sans réfléchir
les bouts de glaces et les copeaux,
pulvérisant ainsi par erreur
une magique relique
ne reflétant que l’intérieur :
« Le miroir de l’authentique »
Mais la jeune femme garda le moral
puisqu’elle demeurait dans l’ignorance.
Y a des miroirs qui reflètent mal
et comptent bien moins que l’apparence.
‘’La folie démange
quand la raison dérange‘’
-
Ne viens pas pleurer sur ma chemise
Ne viens pas pleurer sur ma chemise
si tu n’as pas le moral.
Si tu ne te sens pas comprise,
si ton cœur est bancal.
Tu as choisi la bougie,
faute de trouver le brasier,
la vacillante manque de folie
et l’incendie part en fumée.
Voici donc ce qui arrive
quand on se contente de peu.
Je ne vois pas pourquoi
ma chemise
devrait subir l’eau de tes yeux.
Ne viens pas pleurer sur ma chemise
si tu penses être malheureuse.
Son étoffe n’est pas promise
à tes prunelles de pleurnicheuse.
Tu as choisi ses silences,
faute de trouver symphonie,
votre chanson n’est que navrance
comme celles qui pullulent
aujourd’hui.
Voici donc ce qui arrive
quand on décide de « faire avec ».
Pas de quoi souiller ma chemise
et j’aime autant rester au sec.
Ne viens pas pleurer sur ma chemise
si tu as du vague aux larmes.
Ma liquette n’est pas église
pour y soulager ton âme.
Tu as choisi ton radeau,
faute de trouver un navire,
ne t’étonne pas
si tu prends l’eau,
sois pas surprise
si tu chavires.
Voici donc ce qui arrive
quand on abandonne tout espoir.
Fout donc la paix à ma chemise
et va te couler dans un mouchoir.
Ne viens pas pleurer sur ma chemise
si ton bas ventre veut s’oublier
comme tu m’as négligé
sous l’emprise
de tant d’autres virilités.
L’amour est une prison
pour celui qui reste en arrière,
je n’avais pour toi qu’horizon
et tu m’as préféré les fers.
Voici donc ce qui arrive
lorsque l’amour nous méprise.
On laisse au mal de vivre
le soin de froisser les chemises.
-
La Putain du Saloon
Quand mes nuits enfilent leurs solitudes
comme un cache-poussière froissé,
qu’elles ne m’offrent que la lassitude
de vagabondages d’égarés,
je m’en retourne au comptoir
me fondre parmi les clowns
qui n’ont d’amour dans le regard
que pour la Putain du Saloon.
Elle a la volupté au cœur,
la grâce d’un ange tombé du ciel,
déchu par la main du Seigneur,
déçu de ne pouvoir se faire la Belle.
Elle est diablesse auréolée,
elle est ivresse immaculée,
elle est l’Enfer,
elle est l’Eden,
elle est Amour, elle est la haine.
Les Putains, tu le sais bien,
ont dans les yeux lueur de vice
quand elles chevauchent avec entrain
les virilités factices des mâles, des bagarreurs,
des buveurs, des dégaineurs,
de ceux-là qui n’ont dans le cœur
qu’un colt chargé à toute heure.
Mais alors que Filles de joies
attisent le feu des gueules de bois,
il y a cette femme, belle comme une flamme,
dans l’âtre où les baises rougeoient.
Divine Lady qui éteint le pianiste
quand il accompagne les cancans,
pour qu’il ne reste sur la piste
que son foyer incandescent.
Alors elle danse et gesticule,
offre sa transe en préambule
de cette histoire qu’elle contera
dans un plumard, sous quelques draps,
quand, à l’étage, elle tombera
tous ses voilages, entre les bras
d’un ‘’de passage‘’ qui s’en ira
lorsque le livre se fermera.
Moi, son bouquin,
je veux le lire jusqu’au matin,
en découvrir
les moindres images dissimulées
sous son corsage délacé,
et m’enivrer de ses proses
sans que jamais l’Ivre ne s’oppose
à ce qu’elle danse
au creux du cœur d’un Pantin
épris d’une Putain.
Car le tragique parfois se cache
sous les tuniques que l’on détache.
Et sur la peau tant caressée,
par des poivrots désinhibés,
se lisent les maux d’une sale histoire
se déroulant derrière le bar,
dans le secret des sombres nuits,
lorsque tout l’Ouest est endormi.
La Putain du Saloon
n’est pas objet dont on dispose
le temps d’une danse,
quand les semences se font sentences
et mènent romance à la potence.
Et si mon cœur est fait de bois
j’en sculpterai les contours,
en diligence,
pour qu’elle et moi
puissions emporter nos amours
loin du Saloon,
loin de l’emprise
du triste Clown qui la méprise
au point de l’offrir aux ivresses
de viles crapules sans tendresses.
Viens avec moi, mon infini,
quittons ce monde qui te flétrit,
pour d’autres vies,
pour d’autres choses
viens avec moi,
ma Lily-Rose.
-
Le RiverBoat n’attendra plus
Elle filait bon train,
tirée par deux canassons
harnachés à l’attelage
par des brides que Whipster tenait fermement entre ses mains,
tandis que Shotgun veillait au grain.
« Les vastes plaines sont dangereuses ! »
avaient-ils prétendu
afin de justifier leur tarif surcoté.
« Hors-la-loi, Indiens, prédateurs et ravins… »
Tout autant de menaces
qu’il faudrait éviter
afin que la Dame puisse mener à bien
son ambitieux voyage.
Délaisser la poussière pour un autre rivage,
embarquer, un matin,
loin des terres sauvages.
Le RiverBoat démarra son moteur à vapeur.
Alors que la roue à aubes
commençait sa révolution,
je demeurais dans le vague,
scrutant l’horizon,
ne sachant si Lily-Rose m’apparaîtrait
au sommet de la colline dominant le quai.
Ne sachant si Lily-Rose m’aimerait
au point de quitter celui qui la touche
pour celui qui n’effleure sa bouche
qu’à chaque songe,
lorsqu’il se couche
dans la pénombre d’une vie morose
sans la moindre Lily-Rose.
La diligence apparut alors
comme une aurore pressée d’en finir.
Elle dévala la pente
et moi,
sur le port,
me projetant dans l’avenir,
je pensais mariage,
cabane au bord d’un lac,
deux enfants plus ou moins sages,
sautant à pieds joints dans les flaques…
Mais
lorsque les bêtes s’arrêtèrent d’eux-mêmes
à mes côtés,
je ne vis que Whipster et Shotgun,
le corps criblé
de plombs, gisant ensanglantés
sur le siège conducteur.
Sentiment d’horreur au cœur
cognant sa cage
en approchant l’habitacle,
en ouvrant les voilages…
Ma Lily-Rose a disparu…
Le RiverBoat n’attendra plus.
-
Auriez-vous vu ma Lily-Rose ?
Dans les bâtisses délabrées,
des précipices aux terres brulées,
dans les poussières, dans les déserts,
au fond des mines sans lumière,
dans les banques, sur les comptoirs,
dans les planques des pendards,
dans les champs de coquelicots,
dans le canyon des ‘’Manques de Pot’’,
sur les rivages et sur les plages,
dans le secret d’autres voilages,
dans les arides et les fertiles,
de Sadness à DiscomfortHill,
derrière les portes fermées
du ‘’Pénitencier des Supplices’’,
dans les cellules d’obscurité
du crépuscule aux prémices,
dans les Tipis, chez les peaux rouges,
sous l’eau des pluies, quand rien ne bouge,
dans la roulotte d’un tyrannique,
au bout d’une corde, dans le tragique
des églises, dans les cimetières,
au ciel, en terre ou sous la mer,
dans les forêts, dans les rocheuses,
vastes plaines ou marécageuses,
dans les ranchs, dans les étables,
autant dessus que sous les tables,
de l’endroit le plus ridicule
jusqu’au Canyon du Pendule.
De la Terre à la Lunaire,
je ne cesserai de te chercher.
Je farfouillerai l’univers
avec l’espoir de t’y trouver.
De nébuleuse en nébuleuse,
de galaxie en galaxie,
je retrouverai ma Merveilleuse
même si je dois y laisser la vie.
À vous qui parcourez mes proses
depuis quelques pages déjà,
auriez-vous vu ma Lily-Rose
errer dans cet ouvrage-là ?
-
Luna
Bonsoir Bella Luna !
Comment vas-tu en cette nuit sans nuage ?
Le monde est-il à ton goût
du haut de ton inaccessible balcon ?
Te délectes-tu de la tristesse des Hommes ?
Allons, ne fais pas la timide avec moi
Bella Luna !
Ce n’est pas la première fois
que tu vois mon visage.
Depuis bien longtemps, nous nous connaissons.
Et régulièrement j’erre ainsi
dans ton royaume,
le royaume nocturne de la Bella Luna,
la silencieuse,
la prétentieuse Reine des ombres
qui nous toise depuis son piédestal céleste
sans jamais
émettre la moindre mise en garde.
Mais pourquoi,
ma chère et tendre Bella Luna,
n’oses-tu prendre la parole
et me conter le monde ?
Parler, te condamne-t-il à quelque sort funeste ?
Ne vois-tu donc rien
lorsque tu nous regardes ?
Allez, pas à moi, Bella Luna !
Je suis sûr que tu bouillonnes
d’avoir mille choses à dire.
La critique est un art
dont nous sommes passés maitres
et qui de mieux qu’un astre
pour juger d’un désastre ?
Libère-toi de ce poids, sublime Bella Luna !
Déverse-toi sur moi si ça te fait plaisir !
Tel es
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