

Le café de la gare
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Le café de la gare
Il fait encore un temps maussade aujourd’hui.
Un jour de plus à patauger au travers d’un air saturé de flotte dans une grisaille collante. Emmitouflé dans mon blouson, je ne perçois pas la froideur moite qui m'enveloppe, du moins pas encore. Je traverse ce brouillard dense et pousse la porte de verre du « Café de la Gare ». Sur la vitrine, des gouttes condensées font la course, slalomant autour des chiures de mouches qui parsèment la vitre. L’établissement est toujours aussi sale que dans mes souvenirs.
Derrière le comptoir de zinc orné de bois, le patron me toise sans un mot. C’est son habitude et les gens ne changent que rarement, alors, pourquoi le ferait-il. Je fais comme d’habitude et lance un bonjour appuyé et récolte un «… jour » à peine audible. Je commande ensuite mon habituel café en me forçant à croire que la tasse est propre à l’intérieur et que le type ne va pas me sortir un jus de chaussette décollé du fond d’une verseuse sans âge. Le bruit du percolateur me tire de ma rêverie : ce sera un expresso.
Je laisse ma pièce sur le zinc en prenant la tasse, tranchant toute discussion en lançant un « gardez la monnaie » laconique et ô combien efficace puisqu’il parvient à décrocher une amorce de sourire au patron. Un sourire, sans un merci, il ne fallait pas non plus trop espérer. Après tout, ça n’était pas un billet, mais une simple pièce de deux euros, bien que pour cette mixture en provenance du percolateur, ça ne méritait pas un tel sacrifice monétaire.
Ma banquette hors d’âge dans le coin côté quai m’attend. Elle est libre, comme tous les jours. D’ailleurs toutes les places sont libres, il n’y a jamais personne à chaque fois que je viens. Mais ça n’est pas étonnant, ça n’est pas non plus une gare très fréquentée. Rares sont ceux qui prennent la peine de descendre ici. C’est même étonnant qu’il y ait un café ici, un distributeur aurait largement pu suffire. Je m’assois toujours là, c’est loin des toilettes, loin du courant d’air et ça me permet de regarder passer les trains comme le ferait un ruminant dans son pré. Comme j’aimerais être dans un pré à ce moment-là, plutôt que dans ce bouge. Parfois, je me demande pourquoi j’y viens et puis je me souviens qu’il me faut attendre le train de 9 h 16.
Assis au milieu, parce que c’est l’endroit le plus ferme, je prie mentalement que la tasse ne présente pas un taux de bactérie supérieur à ce que mon organisme ne pourrait supporter. Je porte alors le breuvage à mes lèvres, puis je me décide à une petite gorgée. J'ignore pourquoi je commande toujours un café lorsque je rentre ici. Il n’a de café que le nom, mais je ne me vois pas commander autre chose de toute façon. Et puis, il faut bien commander quelque chose. Je pourrai également ne pas arriver aussi tôt et attendre le dernier moment pour venir, mais je n’y arrive pas. C’est comme un automatisme, un rituel. Venir chercher quelqu’un, c’est arriver plus tôt et prendre un café. C’est idiot, mais c’est comme ça. Même si l’endroit n’est pas accueillant, que ce soit du fait du patron ou du lieu en lui-même. D’ordinaire, il suffit de regarder les toilettes d’un restaurant pour en connaitre l’hygiène, mais là, l’ensemble du Café de la Gare rend le déplacement vers les commodités totalement inutile.
Dehors, le vent s’est levé. Il tente de rentrer en forçant les portes, mais elles tiennent bon, ne laissant passer qu’un filet d’air et un sifflement rageur. Le patron n’a pas bougé. Figé derrière son comptoir, il doit vouloir défendre sa place et son percolateur. Contre qui, contre quoi, je ne le saurai jamais et n’ai pas réellement envie de le savoir d’ailleurs. Absorbé à son essuyage de vaisselle, il passe inlassablement un torchon d’un verre à l’autre tout e
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