Deux cent mots pour entrer dans la postérité
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Deux cent mots pour entrer dans la postérité
“Celui qui fait une bête de lui-même se débarrasse de la douleur d'être humain.”
― Samuel Johnson
Ô Toi, le ‘bien pensant’, chantre de la pensée unique médiatisée, amoureux des réseaux sociaux toujours plus puissants et pernicieux, passe ton chemin, cet article risque de perturber gravement ta vision bisounouresque de l’humanité.
De notre envoyé spécial Afrique Raoul Dugommard:
Depuis que l’établissement de jeunes filles le 'Conakry bar’ a fermé ses portes et a été transformé en école maternelle, je suis en mal d'amour et me console avec des 'like' dont le symbole est une petite main.
En effet, je suis fidèle au proverbe : «L’amour c’est comme la belote, si tu n'as pas une bonne partenaire, il faut avoir une bonne main.»
Donc, dans ma quête effrénée du 'Jaime' narcissique, je me suis aperçu, que faire un article au dessus de 200 mots tenait du suicide Likien. En effet, au dessus de 200 mots, l'internaute moyen partirait dans une grave surchauffe cérébrale suite à laquelle il n'arriverait plus à comprendre le sens profond de la vidéo du petit chat qui joue à la baballe ou de la photo de la voisine en string au bord de sa piscine.
A plusieurs milliers de kilomètres plus au sud, au milieu des crocodiles et des bananes, j’ai l'impression que nous venons de rentrer de plein fouet dans la phase industrielle de la gogolisation internationale, très pratique pour la future mondialisation. Il semblerait même que de nombreux élus soient gravement touchés et ceci malgré les efforts louables mais désespérés de TF1, d'Arthur et de Sibeth.
Même le documentaire 'Les Marseillais à Rio' remake fort réussi de 'Gorilles dans la brume' semble être au dessus du niveau moyen.
Cela m’a inspiré quelques réflexions :
L'édition se meurt. Pour la sauver, les éditeurs devraient refaire des petits livres d'enfants cartonnés comme nous avions dans les années 60 avec de belles images dignes d'Amstramgram et très peu de texte. Bien sûr, la clientèle visée serait celle des adultes. Vu le succès d’Amstramgram et de Fesse Bouc, la relance de ce secteur sinistré me semble assurée. Quand j’écris ‘Fesse Bouc’, n’y voyez aucune malignité de ma part, c’est juste une francisation du mot comme je le ferais pour ‘fouteboll’ ou ‘vouèbe’.
Je ne suis pas zoologue et encore moins anthropologue mais si nous continuons ainsi, dans 10 ans, la moitié de la population urinera contre des pots de fleurs et se sentira le derrière pour se reconnaître, faute de pouvoir communiquer autrement. Malheureusement certains concepts, comme l’honneur, le respect de l’autre, l’amitié, la déontologie,... risquent de ne pas être traduisibles dans ce nouveau langage. Mais existeront ils encore d’ici là?
Mais finalement, restons optimistes. Dans cette période de repentance exacerbée, de déboulonnage et de destruction frénétique des symboles anti-coloniaux, anti-esclavagistes, anti-...tout, les livres ne risquent pas l’autodafé car pour la plupart des grands réformateurs actuels de l'histoire Européenne, Africaine et Américaine, un livre n'est qu'un objet sans importance et dont ils en ignorent le fonctionnement. Voltaire peut dormir sur ses deux oreilles.
C’est surprenant comment nous avons besoin d’appareils sophistiqués et de réseaux sociaux hyper-puissants pour finalement faire la même chose dans la plupart des cas.